Alexandroúpolis. Dans une note publiée mardi 28 août 2018 (5), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) suggère à la Grèce de « développer les interconnexions avec les pays voisins » pour favoriser le redressement de son économie. La coopération transfrontalière va de soi pour ce pays situé à l’entrée de ce carrefour géographique que sont les Balkans. Celle-ci prend forme dans le domaine énergétique et la BERD le souligne en ces termes : « Plusieurs projets énergétiques régionaux importants sont en chantier ou simplement envisagés : le Trans-Adriatic Pipeline (TAP), le gazoduc Interconnector qui reliera la Grèce et la Bulgarie, le projet de port méthanier flottant d’Alexandroúpolis. Ces projets énergétiques ne sont pas seulement importants pour les pays dans lesquels ils se font, mais aussi pour l’Europe centrale et du sud-est au sens large afin d’y diversifier les sources d’énergie et leurs itinéraires. »

L’Interconnector Greece-Bulgaria (IGB) était déjà à l’ordre du jour du sommet Union Européenne-Balkans occidentaux du 17 mai, à Sofia. L’IGB devrait entrer en opération en 2020. Pour le TAP, plus de 74 pour cent des travaux ont été effectués. La construction de deux stations de compression, la première à Kipoi, en Grèce, et la deuxième à Fier, en Albanie, se poursuit. De plus, une station de mesure est en cours de construction non loin de la région de Bilisht, dans l’est de l’Albanie (4). Attendu pour 2020, le projet pourrait toutefois être retardé. Le terminal d’Alexandroúpolis, d’une capacité de 6,1 bcm, est également espéré pour 2020. Il sera géographiquement en première ligne pour accueillir la production du nouvel eldorado gazier qu’est la méditerranée orientale.

Le 24 août, à l’issue d’une rencontre avec le président ukrainien Porochenko, le conseiller américain à la sécurité nationale américain, John Bolton, critiquait d’ailleurs le projet russe Nord Stream 2 en rappelant qu’« il existe d’autres sources possibles de gaz naturel provenant des principaux gisements de gaz situés en Méditerranée orientale, en Israël » (1). Mais les entreprises russes se positionnent également dans cette région. C’est le cas du producteur indépendant Novatek, qui a remporté fin 2017 le premier appel d’offres lancé par Beyrouth pour l’exploration de son gaz offshore, dans le cadre d’un consortium alliant Total et Eni. Dans cette dynamique, le chef de la diplomatie libanaise Gebran Bassil, lors d’un récent déplacement à Moscou, a appelé les entreprises russes à participer à un deuxième appel d’offres à venir (2). Aussi Gazprom avance ses pions dans le Corridor Sud. Jeudi dernier, son PDG Alexeï Miller avançait que le Turkish Stream est déjà construit à 80 pour cent (3).

Perspectives :

  • La BERD prévoit d’allouer cette année des prêts d’un montant de 1,2 milliard d’euros au TAP. Le montant attendu sera de l’ordre de 500 millions d’euros en prêt direct et jusqu’à 700 millions d’euros en prêt syndiqué (5).

Sources :

  1. Nord Stream 2 : Washington critique la « forte dépendance » de l’UE au gaz russe, AFP, 24/08/2018.
  2. Au Liban, voisin de la Syrie, Moscou cherche à avancer ses pions, AFP, 29/08/2018.
  3. Le futur gazoduc Turkish Stream construit à 80 % selon Gazprom, AFP, 30/08/2018.
  4. TAP : 72 % des terrains utilisés dans la construction du tronçon de Grèce et d’Albanie déjà remis en état, Azertag, 28/08/2018.
  5. SANFEY Peter, Greece and the Balkans : opportunities across borders, EBRD, 28/08/2018.