Meseberg. Un parc ensoleillé par la lumière d’un soleil couchant, une table de jardin, deux verres d’eau et les deux chefs d’État, seuls. L’atmosphère qui se dégage de ces quelques clichés officiels (3) contrastent avec ceux pris quelques heures auparavant et qui font déjà polémique : le président russe invité au mariage de la ministre autrichienne des Affaires étrangères et qui danse bien volontiers avec la mariée.
Dans le parc du château de Meseberg, près de Berlin, l’ambiance est tout autre. Pourtant, Angela Merkel et Vladimir Poutine se connaissent bien et ont l’habitude de se côtoyer (12 ans au pouvoir pour la chancelière allemande, 18 ans pour le président russe). Mais depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, la danse n’est pas de mise. Depuis maintenant plus de quatre années, les sujets de discorde se sont accumulés : l’Ukraine, la Syrie, l’affaire Skripal, etc.
Le dialogue n’a, pour autant, jamais cessé. Et même si Vladimir Poutine ne s’était pas déplacé en Allemagne depuis plusieurs années, Angela Merkel a fait le déplacement plusieurs fois en Russie, le dernier remontant au mois de mai. La chancelière l’a d’ailleurs précisé dans le point presse qui a précédé leur entretien : “les sujets controversés ne peuvent être résolus que dans le dialogue” (2).
Les sujets de rapprochement existent quant à eux également, et c’est ce sur quoi de nombreux observateurs internationaux s’attardent. Lors du même point presse, l’homme du Kremlin a tenu à souligner les forts liens économiques qui unissent la Russie et l’Allemagne, en dépit des sanctions : “l’Allemagne est l’un des principaux partenaires de la Russie dans ce domaine. L’année dernière, le commerce mutuel a augmenté de 22 % pour atteindre 50 milliards de dollars (…) Le volume des investissements allemands accumulés dans l’économie russe dépasse 18 milliards de dollars. Il y a environ 5 000 entreprises allemandes en Russie” (4).
Sur le nucléaire iranien, les positions sont communes : respect de l’accord. S’agissant du gazoduc Nord Stream 2, les récentes attaques de Donald Trump, qui considère l’Allemagne prisonnière de la Russie, semblent rapprocher les deux pays porteurs du projet. Et même si la chancelière a insisté sur sa volonté d’impliquer l’Ukraine (qui perdrait de facto en droit de transit), l’Allemagne comme la Russie ont intérêt à ce que le gazoduc soit construit.
À la fin de ces trois heures de discussions, pas d’annonce concrète et encore moins d’accord : “ce n’était pas le but de cette rencontre” a assuré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Alors, à l’Est, rien de nouveau ? Pourtant, si. Il semblerait que l’on assiste à un début de normalisation des relations germano-russes : “Le conflit en Ukraine a longtemps pris toute la place. Aujourd’hui Angela Merkel et Vladimir Poutine sont d’accord sur le fait qu’ils doivent parler des autres sujets” (1).
Perspectives :
- 7-8 octobre 2018 : 17ème édition du Petersburger Dialog à Moscou. Thème : “Construire la confiance et renforcer le partenariat : la coopération de la société civile entre la Russie et l’Allemagne en tant que moteur du dialogue interétatique”
Sources :
- BOUTELET Cécile, Merkel-Poutine, un rapprochement pragmatique, Le Monde, 19 août 2018.
- Chancellerie allemande, Pressestatements von Bundeskanzlerin Merkel und dem russischen Präsidenten Putin, 18 août 2018.
- Kremlin, Russian-German talks, 18 août 2018.
- Kremlin, Russian-German talks, 18 août 2018.