Londres. En matière de politique étrangère, il y a fort à parier que les positions de Jeremy Hunt sur la plupart des dossiers moyen-orientaux seront relativement conventionnelles. En Syrie, il continuera sans doute à prôner une résolution pacifique du conflit, tout en contribuant aux frappes aériennes ad hoc contre le gouvernement syrien (2). Côté libanais, tandis que la position britannique traditionnelle veille à bien différencier les ailes politique et militaire du Hezbollah, Hunt a toujours défendu des positions très dures contre le groupe, appelant même à son bannissement pur et simple (1).
Concernant la situation israélo-palestinienne, ses positions sont nuancées et mesurées. D’un côté, il a déjà pris la défense des palestiniens à plusieurs reprises, en dénonçant certaines violations commises par le gouvernement israélien. Il a par exemple exprimé son inquiétude concernant le projet d’Israël de démolir certains villages palestiniens en Cisjordanie, notamment le campement bédouin de Khan al-Ahmar (1). Il a par ailleurs fait part, à demi-mot, de sa déception suite à la décision du président Trump de déménager l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Toutefois, Hunt garde à l’esprit la nécessité pour la Grande-Bretagne de conclure prochainement des accords commerciaux post-Brexit avec les États-Unis et Israël. Un livre blanc du gouvernement a d’ailleurs déjà identifié Israël comme une priorité commerciale post-Brexit (2). Dans ce contexte, Hunt a récemment réprimandé le mouvement Boycott Désinvestissement et Sanctions (Bds), une campagne internationale appelant à exercer diverses pressions sur Israël afin de soutenir la cause palestinienne (3). En d’autres termes, il y a fort à parier que la politique étrangère de Hunt cherchera à éviter les prises de risques démesurées et les prises de position polémiques.
Hunt est par ailleurs conscient qu’il lui faudra composer avec une situation politique interne particulièrement agitée. Actuellement très divisée sur la stratégie à adopter pour le Brexit, la Grande-Bretagne ne fera probablement pas du Moyen-Orient sa priorité à court terme, mais cherchera plutôt à soigner ses relations avec ses voisins européens. Une fois le chapitre du Brexit clos, le Royaume-Uni pourra chercher à conclure des accords commerciaux avec des pays hors Union européenne. La capacité de Hunt à signer des accords avec des pays du Moyen-Orient dépendra de sa faculté à assurer de bonnes relations avec les alliés britanniques dans la région (1).
Perspectives :
- L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont déjà exprimé leur intérêt en vue de conclure de nouveaux accords commerciaux avec le Royaume-Uni (1).
Sources :
- EL-SHAFEY Mahmud, How will new UK Foreign Secretary Jeremy Hunt deal with the Middle East ?, The Arab Weekly, 5 août 2018.
- KOFFMAN Margaret, Boris Johnson out, Jeremy Hunt in : what does it mean for the UK in the Middle East ?, Descrier, 20 juillet 2018.
- OBORNE Peter, Jeremy Hunt : Are we looking at the UK’s next prime minister ?, Middle East Eye, 10 juillet 2018.
Nils Bartoloméo