Paris. En l’espace de deux jours, deux géants de la City londonienne ont annoncé leur volonté de transférer une importante partie de leurs activités à Paris : la banque internationale Hsbc et le fleuron des intermédiaires financiers Tc Icap. De quoi donner du grain à moudre aux mégapoles européennes en lutte pour s’imposer sur le marché financier européen et international.

Alors que les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union peinent à aboutir à un consensus, Hsbc et Tc Icap témoignent de leurs craintes d’un Brexit sans accord qui pénaliserait lourdement leurs activités. En particulier, la perte du passeport financier européen, qui permet aux entreprises britanniques d’intervenir sur le Vieux continent, est au cœur de toutes les préoccupations des groupes concernés, qui ont trouvé en Paris un nouvel épicentre solide et avantageux pour maintenir et étendre leur rayonnement européen (2).

Le lundi 6 août, c’est d’abord Hsbc qui, après de nombreux effets d’annonce et une attente qui épuisait de nombreux analystes, a enfin amorcé son changement de cap vers Paris. La filiale française du groupe sera en charge des activités de la banque dans de nombreux pays européens : aujourd’hui la filiale polonaise d’Hsbc et une filiale irlandaise chargée de la sécurité des titres, et en 2019 celles de Belgique, d’Espagne, d’Italie, d’Irlande, du Luxembourg, des Pays-Bays et de République tchèque (5). Le mardi 7 août, c’est à son tour le courtier Tc Icap, lors de la publication de ses résultats, en baisse, qui a annoncé la future implantation de son siège à Paris (4).

Ces transferts en disent long à la fois sur le climat anxiogène que génèrent les négociations sur le Brexit au Royaume-Uni et sur la concurrence que se livrent les places financières européennes désireuses d’en tirer profit. Alors même que le chancelier de l’Échiquier Philip Hammond a récemment soutenu que la France complexifiait les discussions sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union pour attirer davantage d’entreprises britanniques phares dans l’Hexagone (1), d’autres villes européennes n’entendent pas rester sur leur faim. Francfort est la deuxième sur la liste, selon une récente étude de Reuters publiée au mois de mars (3), bien qu’elle semble souvent avoir une portée trop régionale aux yeux de nombreux analystes, et que sa première banque, la Deutsche Bank, soit moins puissante que Bnp Paribas.

Perspectives :

  • Début 2019 : Hsbc France devrait prendre effectivement en charge l’ensemble des activités européennes de la banque britannique. À la clef, une hausse de son chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros.
  • Mars 2019 : c’est la date limite à laquelle l’Autorité Bancaire Européenne (A.B.E.) devra avoir finalisé son transfert vers Paris, nouvelle victoire gagnée par la France face à ses sept autres concurrents en novembre 2017.
  • 29 mars 2019 : la date officielle de la sortie du Royaume-Uni de l’Union est au cœur de tous les débats sur les rééquilibrages qui auront lieu dans le bloc.

Sources :

  1. LAURENT Lionel, France-Bashing Doesn’t Work for Britain Anymore, Bloomberg.com, 7 août 2018.
  2. LEFEBVRE Arnaud, Ce que va changer la perte du passeport européen, Institut de l’épargne immobilière & foncière, 30 janvier 2017.
  3. Brexit and the City, Reuters Graphics, 28 mars 2018.
  4. Brexit : le n°1 de l’intermédiation TP ICAP choisir Paris, Reuters, 7 août 2018.
  5. WAJSBROT Sharon, Brexit : Paris remplace Londres comme tête de pont d’HSBC en Europe, Les Échos, 6 août 2018.