Riga. L’organisme letton de surveillance des marchés financiers FKTK a déclaré le 2 août que les banques lettones se sont débarrassées des sociétés écrans grâce à l’adoption d’amendements, à l’initiative du législateur letton, à la loi “Sur la prévention de blanchiment d’argent et le financement du terrorisme” (2). La nouvelle version de la loi, entrée en vigueur le 9 mai, prohibe la coopération des banques avec les potentiels clients qui présentent deux caractéristiques typiques des sociétés écran : ils n’ont pas d’activité économique et ils ne préparent pas de déclarations financières dans leur pays d’enregistrement.

La Lettonie a fait les gros titres des journaux au printemps, quand le département américain du Trésor a publié un communiqué déclarant que la banque lettone ABLV était systématiquement impliquée dans les schémas du blanchiment d’argent (3). Il a été démontré que plusieurs banques du pays étaient ouvertes aux clients non-résidents et surtout utilisées par ceux de l’espace de l’ex-Urss. Les flux financiers aux origines douteuses venant de pays comme la Russie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan ou la Moldavie, transitaient apparemment en masse par les banques lettones.

Selon le directeur du Fktk Pēters Putniņšle, le problème a été résolu : désormais les non-résidents ne représentent que 21 pour cent des clients des banques lettones ; en 2015, leur nombre était supérieur à celui des résidents.

Les mesures prises cet été s’inscrivent dans un processus plus long d’assainissement du secteur bancaire en Lettonie. Selon l’économiste Anders Aslund, l’intégration de la Lettonie dans la zone euro en 2014 puis dans l’Union bancaire européenne, ainsi que son adhésion à l’OECD en juillet 2016, ont été bénéfiques. La Lettonie a fait des efforts importants pour la régulation et le contrôle de son secteur bancaire et continue à travailler pour assurer sa transparence (1). L’étude de l’économiste, certes, est sortie quelques mois avant le communiqué du département du Trésor américain lié à Ablv (désormais en liquidation), et Aslund a été critiqué comme étant payé par des personnes liées aux banques lettones. Néanmoins, son analyse reste solide. De plus, la réactivité des autorités lettones aux critiques internationales est le signe d’une évolution positive.

Sources :

  1. ASLUND Anders, Latvia’s Banks : The Story from the Beginning, Septembre 2017.
  2. LSM.LV, Banks have ditched shell companies, says regulator, 2 août, 2018.
  3. TALLEY Ian & COLCHESTER Max, Treasury Department to Block Latvia’s ABLV Bank from US Markets, The Wall Street Journal, 13 février 2018.