Prüm, Allemagne. L’entreprise de construction automobile de véhicules de pointe Tesla, dirigée par le très médiatique Elon Musk, poursuit l’extension de son réseau d’usines. Pour contrecarrer le sombre avenir que semble présager la hausse des droits à l’importation d’automobiles, Tesla outrepasse les décisions de Trump et veut s’étendre en Europe, où elle est déjà présente, à travers un premier site d’ingénierie installé à Prüm, en Allemagne, ville proche de la frontière avec la France et la Belgique.

Le 30 juillet dernier, c’est le Wall Street Journal (1) qui a révélé ces nouvelles perspectives pour Tesla, révélations aussitôt reprises par la presse économique, mais peu relayées par les analystes européens. Quoi qu’il en soit, les négociations vont bon train : Tesla discute actuellement de l’implantation de la future usine de production de voitures et de batteries avec les autorités de deux Länder allemands et les Pays-Bas, où se situe le siège de la firme en Europe. “La frontière franco-allemande semble peut-être la plus judicieuse, près des pays du Benelux”, affirmait Elon Musk dans un tweet récent. En tout cas, malgré les difficultés que connaît la firme à cause des retards de livraison de son Model 3 (3), ce projet permettra d’aboutir à la construction de la troisième Gigafactory de Tesla, celle de la deuxième ayant débuté à Shanghai le mois dernier, avec l’objectif de produire 500 000 voitures chaque année.

Mais ces révélations sont avant tout l’occasion de s’interroger sur les conséquences de la tension des relations commerciales entre les États-Unis de Trump et le monde. Harley-Davidson avait déjà décidé, au mois de juin, d’ouvrir une usine en Europe pour ne pas reporter la hausse des droits à l’importation des véhicules sur le prix payé par les consommateurs finaux, ce qui finirait de miner sa position dans la concurrence acerbe que lui mènent ses concurrents non américains. Tesla semble adopter le même comportement, en désirant produire en Chine et en Europe, et ainsi accéder directement à ces marchés essentiels à la marque. Reste à avoir quel État membre de l’Union sera finalement l’heureux élu.

Perspectives :

  • Fin 2018 : l’appel d’offres officiel de Tesla pour son usine européenne devrait être publié, selon la plupart des observateurs.
  • 2020 : date prévue pour l’ouverture de la Gigafactory de Shanghai. Ce rendez-vous permettra de déterminer si Musk aura eu les ressources suffisantes pour mener à terme son premier projet industriel extra-américain, avant de s’installer en Europe.

Sources :

  1. BOSTON William, HIGGINS Tim, Tesla Explores Building Major Factory in Europe, The Wall Street Journal, 30 juillet 2018.
  2. GARCÍA Félix, Tesla descarta España para abrir su futura ‘gigafactory’ de coches y batería en Europa, El Mundo, 30 juillet 2018.
  3. RANDALL Tom, HALFORD Dean, Tesla Model 3 Tracker, Bloomberg.com, 2 août 2018.
  4. WITVROUW François, La Flandre toujours sur la short list, L’Écho, 31 juillet 2018.