Managua. Les régimes se succèdent, au Nicaragua, mais les tensions perdurent. Quelques jours avant le 39ème anniversaire de la révolution sandiniste de 1979 (2), le président Daniel Ortega a ordonné aux forces paramilitaires de réprimer les manifestations contre son gouvernement qui duraient depuis plusieurs mois. Des groupes armés informels, en coordination avec les forces de sécurité, ont attaqué l’Université nationale de Managua et la ville de Masaya, deux forts d’opposition.

Les protestations ont commencé en avril dernier, après des changements impopulaires à la sécurité sociale, mais se sont rapidement mues en une manifestation de colère contre Ortega, de plus en plus autoritaire, et son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo. Plus de 300 personnes, pour la plupart des étudiants universitaires (1), ont été tuées depuis le début des manifestations.

Ortega a dirigé le Nicaragua en tant que leader de la révolution sandiniste de 1979 à 1990, mais a ensuite repris la présidence en 2007 au sein d’une alliance comprenant les forces conservatrices et les élites économiques du pays. Depuis lors, il a concentré tout le pouvoir en supprimant les obstacles politiques et institutionnels à son gouvernement. Pendant des années, les citoyens du pays ont accepté cette situation antidémocratique en échange d’une croissance économique et d’un faible taux de criminalité par rapport à leurs voisins d’Amérique centrale. Maintenant, ils semblent en avoir assez (3).

Pendant ce temps, Ortega a attaqué l’Église catholique, l’institution la plus puissante du pays en dehors du gouvernement, parce qu’elle avait essayé de promouvoir un dialogue entre lui et l’opposition ainsi que de nouvelles élections présidentielles en mars 2019. Le président a accusé l’Église de promouvoir un coup d’état contre lui.

Perspectives :

  • Scénario 1 : La répression fonctionne et Ortega parvient à reprendre le contrôle total du pays et à rester au pouvoir au moins jusqu’à la fin de son mandat en 2021.
  • Scénario 2 : Les pressions internationales et ecclésiastiques poussent Ortega à négocier, à accroître les libertés civiles et à amorcer une transition électorale.
  • Scénario 3 : Les manifestations se poursuivent et le gouvernement est incapable de les arrêter. Le conflit se poursuit, paralysant le Nicaragua pour une période indéfinie.

Sources :

  1. « Je suis mort pour la cause » : des étudiants filment la répression au Nicaragua, Le Monde, 18 juillet 2018.
  2. LUTTE Gerard, Fermiamo la repressione di Ortega, MicroMega, 20 juillet 2018.
  3. Nicaragua : tres meses de protestas y más de 300 muertos, El País, 19 juillet 2018.