Astana. Depuis la mort du président ouzbek Islam Karimov, on aurait pu s’attendre à ce que le culte de la personnalité qui l’entourait ait diminué. Cependant, malgré des orientations politiques largement différentes, l’actuel président Shavkat Mirziyoyev a maintenu et même élargi le culte rendu à Islam Karimov, allant jusqu’à déposer lui-même des fleurs sur son monument funéraire à Samarcande. Mirziyoyev ayant été le premier ministre de Karimov durant treize ans, il ne peut pas se permettre de ternir la réputation de Karimov (2). Cela présagerait-t-il ce qui se trame au Kazakhstan ?

Avant la mort de Karimov en 2016, on considérait souvent que les jeux de successions des dirigeants du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan se ressemblaient. Aujourd’hui, il semblerait qu’une expansion du culte de la personnalité post-mortem comparable se prépare également à Astana, ce qui serait probablement le prélude au choix d’un successeur proche du président Noursoultan Nazarbaïev, peut-être sa fille Dariga Nazarbaïeva, actuellement sénatrice.

La ville d’Astana, le signe le plus frappant du culte de Nazarbaïev, lui survivra avec certitude. Au début des années 1990, cette capitale était à peine plus qu’un village ; aujourd’hui, c’est un amas de d’acier et de verre sorti directement de la steppe et de l’argent du pétrole amené par le président (3). Couronnée par le Bayterek en haut duquel on trouve une empreinte de la main apparemment géante du président, Astana est un parfait symbole du pouvoir de Nazarbaïev. Il y eut même une proposition au parlement kazakh afin de renommer la ville du prénom du président, Noursoultan (1). Depuis l’indépendance de la tutelle soviétique en 1991, de nombreuses villes ont complètement renommé leurs rues, remplaçant les noms soviétiques par des noms kazakhs : Dostyk, le mot kazakh signifiant « amitié », s’est par exemple substitué à Lénine. Cependant, de nombreuses villes n’ont pas encore renommé leur rue Fourmanov. La rumeur dit qu’un jour, elles seront remplacées par des rues Nazarbaïev.

Perspectives :

  • Observer l’action au sénat de l’ancienne vice-première ministre Dariga Nazarbaïeva, fille du président Nazarbaïev, pourrait en dire long sur les plans de succession.
  • La proposition de renommer Astana n’a jamais vraiment pris mais l’aéroport a été renommé Aéroport International Noursoultan Nazarbaïev. On peut s’attendre à des changements similaires, peut-être à l’aéroport d’Almaty, la deuxième grande ville du pays.
  • Aucun successeur n’a été clairement désigné et Nazabaïev a déjà 78 ans : la situation au Kazakhstan pourrait radicalement changer en très peu de temps.

Sources :

  1. Astana may be renamed into Nursultan or Nazarbayev, KazInform, 23 novembre 2016.
  2. LILLIS Joanna, Uzbekistan : Even in death, cult grows around Karimov, EurasiaNet, 6 juillet 2018.
  3. LILLIS Joanna, Kazakhstan’s Astana turns 20 : A tale of two capitals, EurasiaNet, 9 juillet 2018.