Tunis. La mort de six gardes-frontières près d’Aïn Soltane, le 8 juillet, a soudainement rappelé que la menace jihadiste en Tunisie n’avait pas disparu, malgré l’absence d’attentats spectaculaires depuis 2016. Revendiquée par la Katiba Oqba ibn Nafi, une émanation locale du groupe algérien Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), cette dernière attaque n’est que le dernier incident d’une série de combats qui voient s’affronter depuis des mois, le long de la frontière entre la Tunisie et l’Algérie, les jihadistes et les forces de sécurité des deux pays.

Tunis affronte une mouvance complexe composée à la fois de membres d’Al Qaïda et de sympathisants de l’État islamique. À l’ouest, dans le Dejbel Chaambi, le petit maquis de la Katiba Iqba ibn Nafi harcèle les forces armées tunisiennes (1). A l’est, le long de la frontière avec la Libye, les infiltrations ont été réduites grâce à la pression sécuritaire exercée par les autorités avec l’aide de leurs alliés occidentaux, mais le danger demeure.

Dans un pays qui vit essentiellement de son tourisme et tente de préserver le seul système démocratique né des révolutions de 2010/2011, l’enjeu n’est pas seulement économique mais politique, et même social. La Tunisie a longtemps nié, parfois jusqu’à l’absurde, la dimension locale du jihadisme pour l’imputer à d’obscures influences extérieures (2). Cet aveuglement, associé aux faiblesses des services de sécurité locaux, a coûté cher et l’exposition à la menace jihadiste est, en réalité, loin d’être finie.

Sources :

  1. HERBERT, Matt, « The Insurgency in Tunisia’s Western Borderlands », Carnegie Endowment for International Peace, 28 juin 2018.
  2. ZELIN, Aaron Y., «  The Islamic State Targets Tunisia Ahead of Elections », Washington Institute, 30 avril 2018.