Canberra. Dans le contexte des débats sur la réforme du droit d’asile européen, l’idée de bâtir des centres d’identification et de détention offshore a réémergé, s’inspirant du système australien. Par conséquent, une analyse en profondeur du système australien permettrait de comprendre s’il pourrait être transféré en Europe.

Les centres de détention offshore australiens furent créés en 2001 et placés à l’extérieur des frontières afin d’empêcher les demandeurs d’asile d’atteindre les côtes australiennes. Cette méthode, employée par le gouvernement australien afin de faire cesser l’arrivée des demandeurs d’asile par voie maritime, représente l’un des programmes les plus controversés de l’histoire de la lutte contre l’immigration illégale (1).

Depuis 17 ans, ces centres ont tour à tour été fermés puis rouverts selon l’impulsion de la politique migratoire du gouvernement. Depuis la réouverture des centres de Nauru et de Manus Island en 2012 et depuis la création de l’Opération Frontières Souveraines (Operation Sovereign Borders, OSB) en 2013, les conditions de vie difficiles des demandeurs d’asile, notamment des femmes et des enfants, dans les centres de détention furent beaucoup observées et commentées (4).

Le haut-commissaire aux réfugiés des Nations Unies n’a pas retenu ses critiques contre la gestion australienne des centres de détention offshore à la lumière des nombreux faits divers impliquant violence physique et psychologique à l’encontre les demandeurs d’asile (2).

En 2017, l’Australie a dû accepter la fermeture du centre de détention de Manus Island à cause de la décision de la cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui a déclaré le centre anticonstitutionnel (3). Cette décision a poussé l’Australie a trouver une solution pour relocaliser les demandeurs d’asile sur le territoire, mais le gouvernement a refusé de déplacer les demandeurs d’asile et a signé un accord d’« échange » de réfugiés avec les États-Unis (6).

Selon les données fournies par le gouvernement australien, 1 655 demandeurs d’asile vivaient encore dans les centres de détention offshore en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Nauru en avril 2018. Seules 245 personnes étaient parties pour les États-Unis, ce qui est loin de suffire à régler le problème (5).

Perspectives :

  • L’accord avec les États-Unis pourrait permettre à l’Australie de trier les réfugiés en fonction de leur pays d’origine. La plupart des demandeurs d’asile se trouvant actuellement dans les centres de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Nauru sont originaires d’Iran, du Pakistan, d’Afghanistan ou du Sri Lanka ou se déclarent apatrides.
  • Le ministre de l’Intérieur Peter Dutton a fait montre d’une position inflexible sur la politique migratoire en déclarant qu’exprimer de la compassion pour les réfugiés dans les centres de détention offshore pourrait faire augmenter le nombre de demandeurs d’asile arrivant par bateau.

Sources :

  1. Chasing Asylum : Australia’s Offshore Detention Centres, Al Jazeera, 17 août 2017.
  2. BUTLER Josh, All The Times The UN Has Slammed Australia’s Asylum Seeker Policy, HuffingtonPost, 25 juillet 2017.
  3. DAVIDSON Helen, Manus Island detention centre demolition must stop – detainees’ lawyers, The Guardian, 14 août 2017.
  4. DOHERTY Ben, Australia’s offshore detention centres ‘terrible’, says architect of system, 15 août 2017.
  5. Operation Sovereign Borders and offshore processing statistics, Refugee Council of Australia, 28 juin 2018.
  6. WINSOR Ben, A group of about 22 refugees flies from Nauru to Los Angeles under the controversial Australian-US refugee deal, which has so far resettled about 100 refugees from Manus Island and Nauru, SBS News, 11 février 2018.