Ankara. Les dernières élections en Turquie le 24 juin, qui devaient avoir lieu avant l’élection du chef de l’Etat et du Parlement, ont vu plus de 55 millions d’électeurs se rendre aux urnes. Un succès et une confirmation pour le président Recep Tayyip Erdoğan, malgré la crainte d’un ballottage. Muharrem İnce, grand favori du Parti Populaire Républicain, a atteint 30,6 % et n’a donc pas pu prendre la présidence à Erdoğan, qui a obtenu 52,5 % (2), évitant ainsi un second tour.

Avec la réélection du président charismatique, la politique étrangère de la Turquie poursuivra le cours qu’elle a suivi ces dernières années sous l’influence de la théorie de la politique de “zéro problème avec les voisin  » de l’ancien ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoğlu (1).

D’une part, le maintien et le renforcement par Ankara de l’islam politique comme véhicule de l’hégémonie turque au Moyen-Orient a fait du pays de Recep Tayyip Erdoğan un contrepoids à l’islam conservateur de l’Arabie Saoudite et des Émirats. D’autre part, le nœud gordien reste la politique d’interventions militaires et diplomatiques visant d’une part la sécurité nationale (voir le cas du PKK et les derniers développements en Syrie) et d’autre part la recherche de sa propre affirmation en tant qu’État leader de l’islam sunnite. Une telle politique produit également de nouveaux équilibres avec des alliés importants tels que l’OTAN et l’Union.

Perspectives :

  • À la suite de ces élections, et avec la réélection d’Erdoğan, on peut s’attendre à une décision de terrain de la part des États-Unis en particulier, surtout sur le front nord syrien. Il est peu probable que Washington décide de ne pas se concentrer sur le soutien aux Kurdes en tant qu’acteurs essentiels dans la lutte contre le terrorisme, même si Trump est d’avis de ne pas s’impliquer dans la question syrienne.
  • D’autre part, la Russie de Poutine tente de négocier et d’obtenir un accord entre le régime syrien et les Kurdes, y compris lors des négociations de l’ONU à Genève. Une plus grande autonomie pour les Kurdes pourrait cependant être interprétée par les Turcs comme une attaque contre leur propre sécurité.
  • La Turquie devra également prêter attention au rôle de l’Iran, dont la politique expansionniste à ce jour a pour cibles géopolitiques des espaces qui vont de l’Irak à la Syrie et au Liban.

Sources :

  1. DAVUTOGLU Ahmet, Turkey’s Zero-Problems Foreign Policy, Foreign Policy, 20 mai 2010.
  2. OTTAVIANI Marta, La Turchia allo specchio nelle urne, Aspenia Online, 25 juin 2018.