Le Caire. Le 14 juin, le nouveau gouvernement égyptien, né de l’affirmation claire d’Abdel Fattah Al-Sissi (97 % des voix) lors des élections présidentielles de mars dernier, a officiellement pris ses fonction au Caire. Mostafa Madbouly, ancien ministre de la Construction des gouvernements Mahlab et Ismail, ainsi que le soi-disant grand « architecte » du projet 2015 du gouvernement pour la construction de la nouvelle capitale à l’est du Caire, a été nommé directeur général. Madbouly n’est pas un élément nouveau dans l’organigramme institutionnel égyptien, ayant été, en novembre dernier, Premier ministre pro tempore, en raison de l’aggravation de l’état de santé du Premier ministre de l’époque, le Sherif Ismail (1).

L’équipe gouvernementale ne constitue pas une surprise, à l’exception du changement à la tête des ministères de l’Intérieur et de la Défense, deux ministères très importants dans le pays. Le général Mohamed Zaki, chef de la Garde républicaine – le corps d’élite engagé dans la sécurité du Président – a été nommé nouveau ministre de la Défense, succédant à Sedki Sobhi, tandis que le général Mahmoud Tawfik, chef de l’Agence nationale de sécurité, a été nommé ministre de l’Intérieur, succédant à Magdi Abdel Ghaffar. Sameh Shoukry (2), en revanche, a été confirmé aux affaires étrangers.

Les objectifs du nouvel exécutif restent substantiellement en continuité avec ceux poursuivis par les gouvernements précédents dans un passé récent : d’une part la consolidation de la croissance économique, d’autre part une sécurisation massive du pays, à travers une pénétration constante du pouvoir militaire dans la vie civile nationale.

Perspectives :

  • À l’occasion de la première sortie officielle du gouvernement, le Président Al-Sissi a souligné l’importance de certaines initiatives politiques, telles que la réduction des dépenses publiques, la lutte contre la corruption, l’attraction des investissements étrangers et une plus grande professionnalisation des ressources au sein de l’administration publique, destinées à être des objectifs parallèles et nécessaires pour renforcer le système égyptien, qui s’est modérément raffermi après l’introduction de certaines réformes par l’exécutif d’Ismail en 2017 et l’acceptation des clauses prévues par le prêt de 12 milliards de dollars sur trois ans accordé par le Fonds monétaire international et accepté par Le Caire en novembre 2016.
  • Bien que le remplacement d’Abdel Ghaffar et de Sobhi soit passé presque inaperçu dans la presse nationale, ils représentent indirectement un signe de changement, qui ne devrait cependant pas nécessairement être synonyme de discontinuité. Les mois à venir nous diront en détail la valeur politique des nouvelles nominations dans les ministères de l’Intérieur et de la Défense et si ces actions seront effectivement pertinentes pour débloquer certains dossiers encore bloqués (voir le cas Regeni avec l’Italie).

Sources :

  1. EL-SAID Mohammed, Madbouly’s government sworn before Al-Sisi, changes include defence, interior ministers, The Daily News Egypt, 14 juin 2018.
  2. TOLBA Ahmed, KNECHT Eric, Egypt changes key government posts for Sisi’s second term, Reuters, 14 juin 2018.