Kinshasa. Ces dernières semaines, les rencontres bilatérales entre la France, le Rwanda et l’Angola – acteurs étatiques au poids géopolitique important dans le contexte de la crise en RDC – ont alimenté les soupçons parmi les membres du gouvernement et les élites fidèles au Président Joseph Kabila, sous la pression interne (de l’Eglise catholique, des partis d’opposition et des nombreuses organisations de la société civile) et internationale pour la tenue d’élections susceptibles de conférer une nouvelle légitimité démocratique aux institutions publiques.
Les craintes d’un soutien présumé de Paris, de Bruxelles et des organisations intergouvernementales continentales (l’Union africaine et la Communauté de développement de l’Afrique australe, dont l’Angola et la RDC elle-même font partie) aux opposants de Kabila – Moïse Katumbi et Felix Tshisekedi- se sont révélées, en particulier, après le discours de M. Macron. Lors de la visite à Paris du chef de l’Etat rwandais Paul Kagame, Emmanuel Macron a déclaré son soutien à » l’initiative prise par le Président en exercice de l’UA, en contact étroit avec le Président angolais » sur le dossier de la RDC (1).
Le 26 mai, les représentants du Rwanda, de l’Angola et de la France ont donc été convoqués par le ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundi, pour clarifier la question (2). Par la suite, lors d’un sommet à l’Élysée, M. Macron et le président angolais, M. Joao Lourenço, ont défini les termes de la stratégie régionale en République démocratique du Congo, fondée sur le soutien aux accords de St. Silvester pour la tenue d’élections législatives et locales le 23 décembre 2018, en veillant à ne pas limiter la souveraineté congolaise ni adresser des diktats au président Kabila (3).
L’implication de la France dans la dynamique de crise en RDC est liée à la nécessité d’assurer la stabilité régionale, en limitant le risque de conflit civil sur un territoire généralement inclus dans sa zone d’influence politique en Afrique – la RDC est le plus grand État francophone au monde – et au centre d’intérêts économiques profondément enracinés, notamment dans le secteur des industries extractives (4).
Perspectives :
- Décembre 2018 : les élections présidentielles, initialement prévues pour décembre 2017 sur la base de l’accord de St. Silvester du 31 décembre 2016, ont été reportées en raison de difficultés logistiques et organisationnelles et de l’impossibilité de garantir des conditions de sécurité dans les régions du Kivu et du Kasaï central : elles sont donc prévues pour le 23 décembre 2018. L’affrontement entre Kabila et l’opposition concerne la participation du Président sortant, qui a atteint la fin de son deuxième mandat et est formellement dans l’incapacité de se présenter aux élections, à moins qu’il n’y soit contraint par la Constitution.
Sources :
- DIASSO Alain, Rapprochement Paris-Luanda-Kigali-Bruxelles : la RDC alerte les institutions internationales, Agence d’Information d’Afrique Centrale, 4 juin 2018.
- RDC : les répresentants de France, Angola et Rwanda convoqués après des propos de Macron, Jeune Afrique, 26 mai 2018.
- NDONG Noël, Angola-France, les deux pays sur la même longueur d’onde à propos des questions internationales, Agence d’Information d’Afrique Centrale, 29 mai 2018.
- SOUZA Olivier de, En RDC, Total obtient une nouvelle extension de licence d’exploration pétrolière, Agence Ecofin, 19 mars 2018.