Turquie. La Turquie compte actuellement 7 millions d’étudiants dans l’enseignement supérieur et 18 millions d’élèves dans l’enseignement primaire et secondaire (7). La question éducative est donc une axe majeure des campagnes électorales. L’AKP et le Parti d’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi), qui ont désigné Recep Tayyip Erdoğan comme candidat, ont promis d’améliorer le système éducatif. Or, l’importance que les deux partis accordent à l’éducation paraît peu sincère dans la mesure où ils sont à l’initiative de la convocation d’élections anticipées, qui se tiendront le 24 juin, date qui était initialement prévue pour l’examen d’entrée à l’université (4).

Le gouvernement AKP et, à sa tête, le président Erdoğan, qui nomme directement les recteurs d’université depuis la tentative de putsch du 15 juillet 2016, sont fortement critiqués en matière d’éducation. L’AKP, qui a mal géré la crise liée l’affectation des enseignants, a non seulement ébranlé le caractère laïque de l’éducation en retirant la théorie de l’évolution des manuels scolaires (1) et en valorisant les écoles religieuses (imam hatip) à travers la mise en place du système 4 + 4 + 4 (6) mais il a aussi tenté de déstabiliser les universités en les divisant en plusieurs parcelles, ce qui a entraîné la protestation des étudiants, notamment à travers le hashtag #üniversitemedokunma (ne touche pas à mon université) et des pancartes frappantes affichant le slogan « Üniversiteler bakteri değildir, bölünerek çoğalmaz ! » (« Les universités ne sont pas des bactéries, elles ne peuvent pas se multiplier en se divisant ! ») (5).

Les candidats des deux principaux partis d’opposition insistent très souvent sur leur formation universitaire en opposition à celle d’Erdoğan, qui n’aurait pas un diplôme authentique attestant l’achèvement de son cursus de licence (9) alors qu’il s’agit d’une condition essentielle pour exercer la fonction de président selon l’article 101 de la Constitution (10). En effet, le candidat du Parti républicain du peuple (Cumhuriyet Halk Partisi), Muharrem İnce, est ancien professeur de physique-chimie et proviseur de lycées. Meral Akşener, qui est la candidate du Bon Parti (Iyi Parti), a enseigné l’histoire aux universités de Yıldız, Kocaeli et Marmara avant d’entamer une carrière politique. Les deux candidats proposent non seulement de réformer le système éducatif du pays mais insistent aussi sur son ouverture à l’étranger. Selon Akşener, la Turquie devra faire partie des vingt premiers pays dans le classement PISA (2) cinq ans après les élections. Quant à İnce, il promet d’envoyer dix mille étudiants turcs à l’étranger chaque année (8).

Perspectives :

  • Les enseignants qui n’ont pas de poste sont très en colère contre le gouvernement. Ce phénomène en touche des milliers et, selon le journal Cumhuriyet, le nombre d’enseignants sans contrat s’élèvera à 1 million en 2022 (10). Les enseignants constituent ainsi le deuxième plus grand groupe des diplômés au chômage.

Sources :

  1. BILEFSKY Dan, « In Turkey’s New Curriculum, Ataturk, Darwin and Jihad Get Face-Lifts », The New York Times, 18 septembre 2017.
  2. Site officiel du Bon Parti.
  3. Atanamayan öğretmen ordusu… Sayıları milyonu bulacak, Cumhuriyet, 7 janvier 2018.
  4. Seçim bir sınavı daha erteletti, Cumhuriyet, 4 mai 2018.
  5. Cerrahpaşa Tıp’ta bölünme tepkisi : Üniversiteler bakteri değildir, bölünerek çoğalmaz, Hürriyet, 24 avril 2018.
  6. 4+4+4 gerilimi, Milliyet, 24 février 2012.
  7. İktidara giden yol eğitimden geçiyor, Milliyet, 13 juin 2018.
  8. Site officiel de Muharrem İnce.
  9. Erdoğan’ın diploması ile ilgili şüphelerin kaynakları, Sözcü, 3 juin 2016.
  10. Tous les articles de la Constitution peuvent être consultés à partir du site officiel de la Türkiye Büyük Millet Meclisi (TBMM : Grande Assemblée Nationale de Turquie).