Londres. Arron Banks, magnat des assurances, co-fondateur et principal donateur de la campagne Leave.EU, a déclaré mardi dernier, en sortant en avance d’un examen du Comité spécial d’investigation sur les fake news, que le Brexit devient « épuisant » et qu’il serait prêt à se retirer de la scène politique (7). Leave.EU est en effet accusée d’avoir collaboré avec la société de conseil Cambridge Analytica à une opération de ciblage électoral, d’avoir dépassé le plafond légal des dépenses prévues pour la campagne et d’avoir entretenu des liens avec la Russie (1).
Le Comité spécial a décidé d’interroger Arron Banks et Andy Wigmore – directeur de la communication de Leave.EU – suite à une fuite de mails au journal The Observer, le week-end dernier, faisant référence à des rencontres avec l’ambassadeur russe au Royaume-Uni (6). En sortant du Comité, Banks a également démenti vouloir créer un parti pour remplacer UKIP, menace qu’il a brandie à plusieurs reprises, et estimé possible que Nigel Farage entre au Parlement par le biais du Parti démocratique unioniste nord-irlandais (DUP), dont les dix députés permettent à Theresa May d’atteindre la majorité (7).
Farage a interviewé Banks au début de la semaine dernière, avant qu’il n’apparaisse devant le Comité spécial, dans sa propre émission radiophonique, sur la chaîne LBC (5). À la fin du mois de mai, il avait chaleureusement salué le résultat électoral italien, dans un message adressé au Mouvement 5 étoiles et à la Ligue du Nord (8). Deux des auteurs clés du Brexit semblent avoir entamé une phase de réflexion sur leur future place à l’intérieur de la politique britannique ou en dehors. Cela se produit à l’heure où le noeud se resserre sur le leadership de Theresa May et le chaos règne en souverain, avec une rébellion parmi les députés travaillistes qui s’ajoute à la rébellion conservatrice, sur la question de l’union douanière.
L’Irlande pourrait, elle, renoncer à bloquer la négociation, face à la toute nouvelle proposition britannique de garantir l’ouverture de la frontière après le Brexit. Un amendement de compromis sur la loi de sortie de l’UE a été annoncé jeudi dernier par la porte-parole de Theresa May, avant le verdict de la Chambre des Lords (4). Tom Tugendhat, président du Comité des affaires étrangères de la Chambre des communes, a admis que le gouvernement May pourrait tomber si sa proposition de loi de retrait devait être repoussée (3).
Perspectives :
- Un amendement de compromis sur la loi de retrait est attendu avant qu’elle ne retourne à la Chambre des Lords, ce lundi 18 juin (2).
- 28 et 29 juin, Bruxelles : Sommet européen crucial où les dirigeants débattront du Brexit et de la zone euro.
Sources :
- DE HALDEVANG Max, Everything you need to know about the investigations into the Brexit campaign, Quartz, 22 novembre 2017.
- HEFFER, Greg, Theresa May fails to appease Tory rebels on EU withdrawal Bill, sky news, 14 juin 2018.
- KENTISH, Benjamin, Theresa May would be toppled if Parliament votes down final Brexit deal, says senior Tory, The Independent, 14 juin 2018.
- Amendment on Brexit bill to be issued just before 1600 GMT – May’s spokeswoman, Reuters, 14 juin 2018.
- SPARROW, Andrew, RAWLINSON, Kevin, Nigel Farage interviewing Arron Banks on LBC – as it happened, The Guardian, 11 juin 2018.
- Brexit donor Arron Banks met with Russian officials in months leading up to EU referendum, The Independent, 10 juin 2018
- WATERSON, Jim, Arron Banks says Brexit is exhausting and may leave politics, The Guardian, 13 juin 2018.
- ZAFFARANO, Francesco, Farage’s allies in Italy are normalising far-right politics, politics.co.uk, 14 juin 2018.