Tachkent. En Ouzbékistan, le coton est connu sous le nom de oq oltin (l’or blanc), car depuis les projets d’irrigation à grande échelle lancés par l’Union Soviétique, il est le principal produit d’exportation de l’Ouzbékistan. L’année dernière, le gouvernement a affirmé avoir exporté pour plus d’un million de dollars de coton. Mais la récolte de coton a aussi une face sombre que le gouvernement a jusqu’ici nier : le travail forcé. La pratique consiste à retirer les enfants de l’école et à transférer les adultes du secteur public vers le travail dans les champs de coton. En 2011, cette pratique a conduit l’Union européenne à exclure les textiles de l’accord de partenariat et de coopération signé avec l’Ouzbékistan. En 2016, l’Union européenne a considéré que le pays avait fait suffisamment de progrès en la matière et a réintroduit les textiles dans l’accord de partenariat et de coopération.

Bien que le travail forcé des enfants ait diminué sur la période,celui des adultes s’est maintenu et ses causes sous-jacentes n’ont pas été abordées. Les usages du passé ne sont pas loin. Le problème principal est que le gouvernement possède la plupart des sites de production de coton (85 % aujourd’hui, jusqu’à 100 % dans le passé) et fixe des quotas pour chaque région. Les autorités locales imposent le travail agricole aux populations pour atteindre ces quotas.

Cette année, le gouvernement de Tachkent s’est exprimé contre le travail forcé, mais n’a pas réformé les structures du système, si ce n’est en évoquant des privatisations.

Les actes restent plus forts que les paroles. Le quasi-monopole étatique sur la production de coton et l’imposition de quotas laissent la porte ouverte au travail forcé. Quand l’UE avait refusé d’inclure les textiles dans l’accord de partenariat et de coopération, elle avait demandé des “actions concrètes” pour combattre le travail des enfants et le travail forcé. Jusqu’ici les actions ont été plutôt symboliques, mais le président réformateur au pouvoir à Tachkent pourrait enfin saisir le problème à bras le corps.

Perspectives :

  • Rapport annuel du département d’Etat Américain sur le trafic d’être humains, incluant des mises à jour sur la situation du travail forcé en Ouzbékistan, classé au plus bas niveau pour la lutte contre le trafic.
  • Septembre 2018 : la récolte du coton commence en Ouzbékistan
  • La privatisation à grande échelle en Ouzbékistan pourrait provoquer l’ouverture de l’économie aux investisseurs étrangers, issus notamment de l’agro-alimentaire, alors que l’Ouzbékistan a longuement parlé de l’amélioration de la mécanisation.

Sources :

  1. We can’t refuse to Pick Cotton, Human Rights Watch and uzbek-German Forum for Human Rights, 06.2017.
  2. Uzbekistan Takes Step To Eradicate Forced Labor, RFE/RL, 11.05.2018.

Pour aller plus loin :

OSTROVSKY Simon, Uzbekistan’s Blood Cotton, BBC, 30 octobre 2007.