Paris. Emmanuel Macron se confirme toujours plus comme le politicien occidental le plus impliqué dans la tentative de résoudre la guerre civile libyenne après la chute de Kadhafi. Le sommet de la semaine dernière avec Fayez al Serraj (leader de Tripoli reconnu par la communauté internationale et l’Italie) et Khalifa Haftar (général contrôlant Benghazi et une partie de l’est du pays) a été un succès en termes d’image et de prestige, mais moins en termes de résultats (5) : un simple document non contraignant appelant à de nouvelles élections dans l’année et à une « base constitutionnelle » non précisée (qui rappelle les promesses faites lors de la dernière réunion qui a eu lieu l’année passée, toujours en France) (3).

Il n’est donc pas surprenant que, pour beaucoup, le sommet semble avoir été une simple occasion pour la France d’être considérée, après le précédent de 2017, comme le seul médiateur entre les factions les plus puissantes de l’État nord-africain (4). Cependant, la vision française pour le pays n’est pas partagée par l’Italie, qui est également impliquée dans le processus de stabilisation de la Libye, en raison de sa proximité géographique et de la présence d’une ambassade à Tripoli, la seule parmi les pays occidentaux. L’Italie, cependant, semble surtout intéressée à résoudre le problème du flux incessant de migrants qui traversent le détroit de Sicile, un sujet qui n’a pas été abordé lors du sommet de Paris. Pour sa part, la France y voit en effet un problème secondaire, qui ne l’implique pas, moins important que le rétablissement de l’ordre dans la région, miné par plus de 150 factions en conflit, garantie de nouveaux accords commerciaux qui donnent accès aux énormes ressources naturelles du pays (1). Même sur le soutien unilatéral au général Haftar, chef de l’armée nationale libyenne autoproclamée, les intentions des diplomates des deux pays divergent, juste au moment où la lutte acharnée se poursuit sur les nouvelles règles européennes en matière de droit d’asile (2) .

Perspectives :

  • Les développements des mois à venir devraient être suivis avec attention en ce qui concerne les promesses faites à Paris. Sarraj a déclaré qu’il y avait un désaccord sur la création de la prétendue « base constitutionnelle » pour le vote, qui, selon le document signé, devrait être annoncé avant le 16 septembre. Il n’y a pas eu d’accord entre les deux parties pour établir si cela impliquerait simplement des changements aux lois existantes du pays ou la rédaction d’une nouvelle constitution.
  • Claudia Gazzini, de l’International Crisis Group, a noté que sans une constitution et un engagement sérieux à la ratifier, la date des élections fixée dans le document signé, le 10 décembre, pourrait être inutile et source de nouvelles controverses entre les factions.

Sources :

  1. TOTAL : ACQUISTA 16,33 % CONCESSIONE WAHA IN LIBIA PER 450 MLN DLR, Affari Italiani, 2 mars 2018.
  2. CARLI, Andrea, Dalla Libia alle regole Ue sui migranti, la partita tra Italia e Francia continua, Il Sole 24 Ore, 25 mai 2018.
  3. HARCHAOUI, Jalel, How France Is Making Libya Worse, Foreign Affairs, 21 septembre 2017.
  4. IRISH, John, France to push Libya accord at new Paris meeting, diplomats say, Reuters, mai 2018.
  5. RANIERI, Daniele, La volonté di Macron in Libia è diversa da quella italiana, Il Foglio, 30 mai 2018.