Abuja. L’instabilité des prix du pétrole sur les marchés internationaux, alimentée par les tensions au Moyen-Orient, la crise du Venezuela et la décision américaine de sortir de l’accord sur le nucléaire iranien, en menaçant Téhéran de nouvelles sanctions, a mis en évidence une faiblesse structurelle du système de production nigérian : bien qu’il fasse partie des plus grands producteurs mondiaux de brut – l’Afrique subsaharienne conteste la primauté de l’Angola, avec une production moyenne de 1.8 millions de barils par jour (4) – le Nigeria est pénalisé en raison de sa faible capacité de traitement du pétrole brut, causée par la présence limitée des raffineries sur son territoire national. Il en résulte une forte dépendance vis-à-vis des importations de produits pétroliers raffinés d’origine européenne (Belgique, Pays-Bas, France), ce qui a un impact profond sur la balance commerciale et la stabilité économique du pays. De fait, le Nigeria est le plus grand importateur mondial d’essence (le seul membre de l’OPEP à importer des produits pétroliers), en moyenne un million de tonnes par mois, selon Maikanti Baru, directeur général du Groupe de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) (1). La hausse progressive des prix du brut a entraîné une hausse générale des prix des produits raffinés qui, sans instruments de réglementation et de contrôle, a entraîné une chute brutale de la demande intérieure et le mécontentement à l’égard des autorités (3).
La question de la sécurité énergétique est considérée comme une priorité par le gouvernement fédéral d’Abuja, comme en témoignent les accords signés avec des consortiums de traders du pétrole et d’industries énergétiques – dont Eni, Saipem, General Electric, Cepsa – pour la relance des raffineries du Delta et de l’État de Kaduna (5), pour un coût estimé à 1,2 milliard de dollars, ainsi que pour la construction d’une raffinerie à Port Harcourt, confiée à Eni. Le ministre des Ressources pétrolières Ibe Kachikwu a également annoncé des mesures réglementaires visant à obliger les compagnies pétrolières à construire des raffineries dans le pays et à réduire la dépendance du secteur énergétique à l’égard des importations (2).
Perspectives :
- Décembre 2018 : achèvement des travaux en cours dans deux raffineries modulaires, dans les États de Rivers et de Delta, dans le cadre d’un programme de modernisation générale des installations de raffinage existantes et de construction de nouvelles raffineries en Italie.
- Décembre 2019 : selon le ministre Kachikwu, Abuja pourra compter sur la capacité d’exploitation de ses raffineries, qui sera d’environ 90 %.
Sources :
- ADUGBO Daniel, NNPC : Nigeria now world’s largest petrol importer, Daily Trust, 02 mars 2018.
- EBOH Michael, FG to Compel Oil Firms to Build Refineries in Nigeria, Vanguard, 20 février 2018.
- OKAFOR Prince, Consumers Pay More for Diesel, Kerosene As Oil Price Continues to Rise in Global Market, Vanguard, 22 mai 2018.
- OKERE Roseline, Nigeria upstages Angola in crude oil production, The Guardian, 04 avril 2018.
- Nigeria, trattative finali con aziende, fra cui Eni e Saipem, per rilancio raffinerie, Reuters, 27 février 2018.