Ménaka. Ces dernières semaines, la région nord-est du Mali à la frontière avec le Niger a été frappé par de nombreuses attaques terroristes, qualifiées de « crimes de guerre » par le MINUSMA et perpétrée contre la population locale : le bilan, entre le 26 Avril et le 1er mai, était d’environ 60 civils tués (6).

Les autorités barkhane, la présence militaire française déployée dans le Sahel – et ses alliés, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad – ont attribué ces actes de violence à l’État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS), branche sahélienne de Daesh dirigée par Abou Walid al Sahraoui, qui agirait pour « essayer de déstabiliser les équilibres locaux, déclenchant un cycle de rétorsion susceptible de conduire à l’éclatement de conflits intercommunautaires » (2).

La dynamique du raid, avec son lot de pillages, viols et exécutions sommaires, semblt faire référence à une stratégie délibérée d’EIGS en réponse aux attaques du contingent français, pour de désolidariser les populations civiles des forces pro-gouvernementales. D’autre part, la composante ethnique et communautaire agit aussi comme un facteur d’interprétation : les conflits pour l’accès à l’eau et aux ressources agro-pastorales de la région sont à l’ordre du jour, et se reflètent dans l’affrontement entre les milices (7) . L’EIGS est composé, en grande partie, de combattants peuls et les exécutions ont impliqué, pour la plupart, des civils touareg. Auparavant, les groupes d’autodéfense et les milices ex-rebelles touaregs, soutenus par barkhane, avaient été accusés de graves violations des droits de l’homme après l’exécution sommaire de 95 personnes (5), principalement du groupe ethnique peul soupçonné de terrorisme (1).

L’intérêt de Macron pour la stabilité du Sahel a été réaffirmée au sommet de décembre avec les États du G5 (3) et le sommet avec les partenaires européens sur le financement à donner à l’organisation régionale (4) : l’activisme d’al Sahraoui et les causes de la recrudescence communautaire du conflit contribuent toutefois à aggraver l’insécurité régionale.

Perspectives :

  • Juin 2018 : visite officielle de Macron en Mauritanie, État membre du G5 Sahel. Une source très informée sur la question nous dit que la France compte sur la Mauritanie, même si le pays n’est pas bien reçu dans G5 : les autres pays du dispositif suspectent la Mauritanie de conclure des accords secrets avec les djihadistes pour garantir la calme dans le pays et ne participe donc pas à fond dans la lutte contre les activités terroristes.
  • Février 2019 : 5ème sommet du G5 Sahel à Ouagadougou (Burkina Faso) : suivi des progrès de la mise en place d’une force conjointe transfrontalière.

Sources :

  1. Nord du Mali : violations des droits de l’homme ou l’autre face sombre du conflit ?, bamada.net, 20 avril 2016.
  2. Délégation à l’information et à la communication de la Défense, Actu Défense. Synthèse du point de presse du Ministère des Armées, 03 mai 2018, p. 5.
  3. Conférence de presse du Président de la République réunion de soutien du G5 Sahel, élysée.fr, 13 décembre 2017.
  4. G5 Sahel/Conseil européen, Point presse d’Emmanuel Macron, Angela Merkel et Paolo Gentiloni, 23 février 2018.
  5. MINUSMA, Point de presse, 12 avril 2018.
  6. MINUSMA, LA MINUSMA condamne l’escalade de la violence et les attaques contre les civils dans la région de Ménaka, Communiqué de Presse, 30 avril 2018.
  7. WEISS Caleb, Analysis : Conflict within a conflict in Mali’s northern Menaka region, FDD’s Long War Journal, 05 mai 2018.