Taiwan. Après la Gambie, Sao Tomé-et-Principe et le Panama, c’est désormais la République Dominicaine qui vient de mettre un terme à ses relations diplomatiques avec la République de Chine (Taiwan) pour en établir avec la République populaire de Chine, une évolution que nous avions anticipée dans La lettre (2).

L’île est désormais reconnue uniquement par 19 États dont le Vatican, seul État européen. La pression de Pékin sur Taipei visant à l’isoler sur la scène internationale ne cesse de s’accroître (2).

Les relations entre les deux rives du détroit se sont fortement détériorées depuis l’élection à la présidentielle de Tsai Ing-wen en janvier 2016, après près d’une décennie marquée par un rapprochement continu au cours de la présidence de Ma Ying-jeou. Alors que le régime de Pékin devient de plus en plus autoritaire, celui de Taipei suit le chemin inverse. Ancienne dictature militaire, l’île de 23 millions d’habitants est devenue un modèle de démocratie en Asie, premier au classement de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières (4), et exemplaire sur la question de la défense des minorités, dont les LGBTI.

Si la question n’est pas de remettre en cause la politique de la Chine unique, aucun des Etats membres de l’Union n’ayant de relations avec la République de Chine, la question se pose de l’avenir de nos relations avec la société taiwanaise. Ces relations informelles ont un fort potentiel dans leurs dimensions économiques et sociétales. Appuyées par les bureaux sur place des seize des États membres et depuis 2003 par un bureau économique et commercial de l’Union, Taiwan est déjà notre sixième partenaire commercial en Asie devant Hong Kong et l’Australie, et l’Union est le premier investisseur dans l’île.

Le potentiel de coopération est considérable avec cette économie tournée vers l’innovation, cette société dynamique et ouverte partageant nos valeurs, et cette diplomatie fortement impliquée notamment dans des projets d’aide au développement, par exemple en Asie du Sud-est à travers sa New Southbound Policy.

Perspectives :

  • Mai 2018 : membre observateur de l’Organisation mondiale de la Santé de 2009 à 2016, Taipei cherche depuis et malgré la pression de Pékin à retrouver ce statut afin de participer à la prochaine l’Assemblée mondiale de la Santé, organe décisionnaire de l’OMS, qui aura lieu en Suisse. L’objectif est notamment de faciliter la coopération internationale sur le plan de la prévention des pandémies.
  • Novembre 2018 : les prochaines élections locales seront l’occasion d’analyser le rapport de force entre les deux principaux partis taïwanais, le DPP au pouvoir et le KMT, et ce avant les élections législatives et présidentielles de 2020.

Sources :

  1. BONDAZ Antoine, Tsai Ing-wen’s New Southbound Policy : the view from the mainland , in Taiwan between Xi and Trump, China Analysis, ECFR, April 2017.
  2. DE LÉON-E. Rosa Mariana, L’Amérique Centrale et les Caraïbes, dernier bastion de Taïwan, La lettre du lundi, 16 avril 2018.
  3. HASS Ryan, MEDEIROS Evan, “Don’t squeeze Taiwan”, Brookings, February 7, 2018.
  4. Classement 2018, Reporters sans frontières.