Tokyo. Tout comme l’accord de libre-échange avec Singapour, analysé la semaine dernière (4), le Japan-EU Free Trade Agreement (JEFTA) est probablement en voie d’être signé par la Commission européenne, en attente de l’aval du Conseil de l’Union et du Parlement.

Le JEFTA fait partie des accords nouvelle génération signés par l’Union qui, au-delà de la levée des barrières tarifaires, s’emploie également à réglementer les investissements, les marchés publics ou encore la protection de la propriété intellectuelle. Il s’agit de faire émerger un nouveau modèle en matière d’échanges internationaux, incluant des normes contraignantes, notamment en matière d’environnement, dans un contexte caractérisé par des annonces protectionnistes américaines et une politique opportuniste chinoise qui s’embarrasse moins des mesures écologiques ou encore de la transparence.

Un partenariat élargi avec la troisième puissance économique mondiale constitue un important défi à moyen terme pour l’Europe, bien que l’on peine à en trouver des traces dans le débat contemporain.

Les relations commerciales entre les deux parties furent caractérisées jusqu’ici par un important excédent commercial en faveur du Japon – 8,4 milliards d’euros en 2017 pour les marchandises, et presque 123 milliards d’euros pour les IDE en 2016 (3). L’OMC a montré (6) que le Japon demeure plus fermé que la plupart des puissances économiques importantes, notamment en termes d’investissements étrangers, même si depuis 2005 une politique de libéralisation est menée par le gouvernement afin d’améliorer la compétitivité, notamment dans le secteur agricole, un autre point important de l’accord (1). Le JEFTA constitue une avancée cruciale pour l’Union, le Japon étant le 3e marché de consommation dans le monde mais seulement le 7e marché d’exportation de l’UE (2).

Les entreprises européennes devraient voir leurs  exportations augmenter de 16 à 24 % (5) suite à l’entrée en vigueur de l’accord – et ce notamment dans les domaines de  l’industrie automobile, de la machinerie électrique et des appareils médicaux, principaux produits importés d’Europe par le Japon (3).

Perspectives :

  • Juillet 2018 : signature de l’accord selon les objectifs de la Commission européenne.
  • 2019 : entrée en vigueur. L’Union affirme un rôle actif dans la promotion d’un modèle de commerce international corrélé au progrès social et à la protection environnementale, même si seule la mise en pratique du JEFTA révèlera l’efficacité ou non de ses textes.

Sources  :

  1. EMORINE Jean-Paul, HÉRISSON Pierre, BRAYE Dominique, GIRAUD Adrien, REINER Daniel, DESESSARD Jean, Japon, l’archipel des paradoxes, Rapport d’information n°316 au nom de la Commission des affaires économiques, 2009.
  2. European Commission, “The EU-Japan agreement explained”, 6 février 2018.
  3. European Commission, “Policies, information and services – Japan”, 16 avril 2018.
  4. PÉRIÉ Jessy, Singapour porte d’entrée du modèle européen en Asie du Sud-Est, La lettre du lundi, 30 avril 2018.
  5. POISSONNIER Hugues, “Pourquoi et comment le JEFTA pourrait remettre le commerce international au service de la paix”, The Conversation, 1er mai 2018.
  6. World Trade Organization, “Economic recovery but continued reform is needed”, février 2007.