Bishkek. On pourrait penser qu’un président au mandat limité qui transmet le pouvoir à celui qu’il voulait voir lui succéder après une élection libre serait satisfait du gouvernement de son pays. Mais pas au Kirghizistan.

Après avoir remporté la présidentielle l’année dernière, Sooronbay Jeenbekov a entrepris d’écarter systématiquement les alliés de l’ancien président Atambayev de tous les postes clefs du pays. Ces derniers mois, il a démis de leurs fonctions le directeur du GKNB (les services de renseignement), le Procureur Général et le premier ministre. Parallèlement, Atambayev est revenu en grandes pompes dans le vie politique kirghize en tant que membre du parti majoritaire du Parlement, le SDPK. Atambayez semble ne pas avoir l’intention de se retirer de la vie politique ni de jouir d’un statut de « père de la nation ». Au contraire, l’affrontement avec son ancien protégé, Jeenbekov, devient de plus en plus inévitable. Tout dépendra de comment Moukhamedkali Abylgaziev, le nouveau premier ministre nommé cette semaine, saura maintenir l’équilibre entre les deux géants de la politique kirghize.

Le conflit entre les deux factions rivales certes est limitée par la durée du mandat (six ans non renouvelables) mais un contrôle du pays d’égal à égal reste possible. Ce serait une catastrophe pour le Kirghizistan – le plus éclatant succès parmi les démocraties d’Asie centrale – de faire les frais d’une querelle entre un maître et son ancien disciple.

Perspectives :

  • 20 avril 2018 : Moukhamedkali Abylgaziev a été nommé premier ministre par le Parlement.
  • Octobre 2020 : élections législatives.

Sources  :

  • DJANIBEKOVA Nurjamal, “Kyrgyzstan : Parliament topples PM, the ex-president’s final holdover ally”, Eurasianet, 19 April 2018.
  • “Another Atambaev Appointee On Way Out As Kyrgyz Lawmakers Back Prosecutor’s Sacking”, RFE/RL, 11 April 2018.