Bangui. La République Centrafricaine (RCA) oscille, depuis décembre 2012, entre moments de guerre ouverte et périodes d’éphémère accalmie, même si ce pays n’a été relativement stable que sous le règne des régimes militaires de Jean Bedel Bokassa puis d’André Kolingba.

Le putsch qui, en mars 2013, évinça François Bozizé du pouvoir pour y installer le leader de la Seleka, Michel Djotodia, a entrainé l’enlisement du pays dans une crise que la « communauté internationale » peine à résoudre. L’implosion de la Seleka, l’émergence des Antibalaka puis leur division, ont renforcé le phénomène de scissiparité des groupes armés disséminés sur un territoire grand comme la France, la Belgique et le Luxembourg combinés.

Le déploiement de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en RCA (MINUSCA) en 2014, appuyé par la force française Sangaris déployée en 2013, n’a pas suffi à ramener une paix durable dans ce pays. Le triptyque désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et la réforme du secteur de la sécurité (RSS), présentés comme condition sine qua non à toute stabilisation du pays, restent jusqu’ici infructueux. La tentative de désarmement de milices Seleka retranchées dans le quartier PK5 de Bangui, le 8 avril dernier, souligne la complexité de la tâche, tant le conflit revêt également une dimension confessionnelle, opposant musulmans et chrétiens sur fond de griefs socio-économiques.

Les groupes armés se battent, en l’absence de l’État, pour la suprématie sur des régions entières, notamment celles riches en matières premières, mais aussi pour réguler et prélever l’impôt sur des populations déjà asphyxiées par la pauvreté. Terreau fertile pour entrepreneurs de violence, la RCA est en proie à des forces centrifuges dont le rôle de pacificateur est souvent en contradiction avec leurs intérêts matériels. Tel Sisyphe, ce pays continue de hisser son rocher vers le sommet d’une paix civile qui lui échappe toujours.

Perspectives :

  • Depuis les évènements du 10 Avril au PK5, plusieurs groupes armés issus de l’Ex-Seleka se sont réunis dans le Nord du Pays à Kaga Badoro. Les spéculations vont bon train au sujet d’une éventuelle attaque sur Bangui, voire d’un coup d’Etat. Auquel cas, la MINUSCA devra probablement s’interposer.
  • La « nouvelle » Initiative Africaine pour la Paix et la Réconciliation entre le gouvernement et les groupes armés en RCA continue son travail dont les prémices datent de novembre 2016.
  • Les processus de DDR et RSS avancent très difficilement (une phase de pré-DDR a été achevée par la MINUSCA).
  • La Cour Spéciale chargée de juger les crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en RCA depuis 2003, continue ses investigations.

Sources  :