Corinto. Lundi 9 avril, les navires de l’armée taïwanaise ont accosté au port de Corinto au Nicaragua.
Ce pays est la première étape de la tournée diplomatique taïwanaise en Amérique Centrale et aux Caraïbes, où se trouvent onze des vingt-et-un pays qui reconnaissent l’indépendance de Taïwan (officiellement République de Chine).
Ces relations, héritage de la diplomatie de la Guerre Froide et de sa politique d’alliance anticommuniste, ont néanmoins changé depuis la chute du mur de Berlin et la montée en puissance économique de la Chine.
Les pays alliés de Taïwan reçoivent d’importantes aides de l’île sous forme de coopération internationale, d’investissements économiques et de grands projets de constructions. Certains hommes politiques ont reçu des pots de vins de la part de Taïwan. Parmi eux, on compte l’ex-président du Salvador, Francisco Flores, qui a touché dix millions de dollars, et l’ex-président du Guatemala, Alfonso Portillo, jugé en 2014 aux États-Unis pour avoir tenté d’y blanchir les deux millions et demi de dollars distribués par Taïwan.
Toutefois la situation change : l’inauguration de la Banque Asiatique d’Investissement dans les infrastructures, basée à Pékin, vient concurrencer les aides financières taiwanaises. Taiwan voit ainsi s’effriter sa zone d’influence du fait de l’attractivité des fonds et du marché chinois toujours fermé aux alliés de Taiwan. Ainsi, en 2017, le Panamá a rompu ses relations diplomatiques avec l’île. L’organisation de la tournée militaire doit se voir comme une tentative de conserver l’influence que Taïwan a gardée en Amérique Centrale et aux Caraïbes.
Perspectives :
- Avril 2018 : suite à l’entrée en vigueur aux Etats-Unis d’une loi autorisant les échanges diplomatiques de haut niveau avec l’île, Pékin a ordonné en avril l’organisation d’exercices navals en mer de Chine méridionale dans les semaines à venir.
- Dans le mois à venir : Après avoir été élu à vie par le parti unique, Xi Jinpin lance dans son discours de clôture un avertissement fort contre toute tentative séparatiste. Sommes-nous face à la fin de la trêve tacite qui s’est instaurée entre l’île et Pékin depuis les élections présidentielles à Taiwan en 2016 gagnées par le Parti Démocrate Progressiste (PDP) ?
Sources :
- BURDMAN Julio, “América Latina en la última batalla diplomática China-Taiwán”, Quórum nº12, 2005
- PERALTA Gabriel, “De espaldas al dragón”, Nueva Sociedad nº203, 2006
- Editorial, EEUU : Taiwán sobornó a políticos y militares, Plaza pública, 06/10/2011
- Editorial, Chine, Avec Xi Jinping, Taïwan et Hong Kong ont du souci à se faire, Courrier International, 22/03/2018