Crimée. L’édition internationale du média ukrainien Hromadske revient sur l’élection présidentielle russe du 18 mars dernier en Crimée.
En l’absence d’observateurs de l’OSCE ou de l’UE, la Russie y a dépêché ses propres observateurs internationaux. Le but ? Légitimer le scrutin, et par là l’annexion de la péninsule. La présidente de la Commission électorale centrale (CEC), Ella Pamfilova, a précisé que 43 observateurs étrangers étaient présents en Crimée le jour des élections.
Un rapport de l’European Platform for Democratic Elections (EPDE, organisation déclarée indésirable en Russie juste avant l’élection), sur lequel s’appuie Hromadske, identifie 35 de ces observateurs. Quatorze d’entre eux ont pu être identifiés politiquement (de l’extrême gauche à l’extrême droite), et douze avaient déjà participé à des activités pro-Kremlin visant à promouvoir les intérêts de la politique étrangère de Moscou.
Mais la mission n’a pas répondu aux attentes des autorités russes, conclut le rapport. Elle comptait sur la venue de davantage de parlementaires et d’hommes politiques qu’en mars 2014, où plus de 30 d’entre eux s’étaient déplacés pour observer le vote concernant le ralliement de la Crimée à la Russie. En 2018, les autorités russes ont largement échoué à les mobiliser.
La population criméenne s’est assez largement déplacée aux urnes le jour de l’élection, avec une participation de 71,55 %. Vladimir Poutine y a effectué un score sans équivoque, avec 92,15 % des votes en sa faveur. Ce plébiscite est en partie lié aux importants subsides fédéraux fournis par le Kremlin à la région, notamment dans le dernier plan pour le développement de la péninsule pour la période 2017-2020. Une mise sous perfusion qui pourrait susciter des jalousie de la part de régions plus déshéritées en Russie. L’évolution du soutien au président russe dépendra largement de l’amélioration du niveau de vie en Crimée, où la prospérité promise par le Kremlin en mars 2014 tarde encore à se faire ressentir.
Perspectives :
- En Ukraine, l’élection présidentielle aura lieu en mars 2019. La même année devrait avoir lieu le renouvellement du Conseil d’État de la République de Crimée. La prochaine élection présidentielle russe est, elle, prévue pour 2024. Les prochaines élections législatives sont prévues pour 2021.
Sources :
- KORNIEVYCH Liuda, VIKHROV Natalie, How Russia Tried to Legitimize Illegal Election in Crimea, 2018
- SHEKHOVTSOV Anton, Foreign Observation of the Illegitimate Presidential Election in Crimea in March 2018 , 2018
- Deutsche Welle, Russia lists German NGO European Platform for Democratic Elections as undesirable, 2018
- IFFLY Catherine, Quelles perspectives pour la Crimée ?, Politique étrangère, vol. Été, no. 2, 2017, (cf. §22)