Kigali. La prolifération rampante des lieux de cultes est un phénomène qui touche une vaste majorité de pays au Sud du Sahara sur ces vingt à trente dernières années. Elle a pour corollaire, dit-on, l’exploitation physique, morale et financière des « brebis » par ces nouveaux « prophètes » qui se posent en zélateurs capables de prédire l’avenir, de conjurer tous genres de sortilèges, d’apporter « délivrance » et d’améliorer les conditions de vie des croyants.

Les dérives de ces « personnes de Dieu », possédant une véritable emprise sur leurs « disciples » et capables d’extraire l’impôt mieux que l’Etat, ont été misent au grand jour par le truchement des nouvelles technologies et des réseaux sociaux et ont souvent suscité l’émoi dans l’opinion publique. Toute chose qui a mis la pression sur des gouvernements jusque-là rétifs à s’immiscer dans la gestion de la chose religieuse. Kigali vient, pourtant, de sonner le glas, en décidant de fermer plus d’un millier de lieux de cultes (églises et mosquées). 1 Même si initialement, les autorités ont justifié ces fermetures par le fait que les bâtiments abritant ces congrégations ne sont pas aux normes, il est aujourd’hui question de voter une loi qui permettrait de réguler les cultes.

Cette loi vise notamment les églises pentecôtistes dont les pasteurs devront désormais obtenir un diplôme de théologie. Si l’on comprend les motivations du gouvernement, beaucoup s’inquiètent de l’avenir de la liberté de culte. Reste également à savoir si d’autres pays, où sévit le même phénomène, suivront la voie du Rwanda, étant donné que le pouvoir des religieux tant à surclasser celui de l’Etat.

Perspectives :

  • Les religieux tiennent un rôle central dans beaucoup de sociétés en Afrique. Leurs liens avec les autorités politiques participent ou pas de la vie démocratique, selon que ces religieux soient des affidés des pouvoirs en place, des observateurs silencieux, ou des dénonciateurs des dérives autoritaires. 2