La guerre en Ukraine au jour le jour

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Trois ans jour pour jour après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, l’issue du conflit pourrait être soldée à des milliers de kilomètres des champs de bataille — en Arabie saoudite où se rencontrent les ambitions impériales de Trump et de Poutine.

Mais l’histoire de cette guerre s’écrit d’abord en Ukraine  : de la résistance des premiers jours à la guerre d’attrition jusqu’aux incursions en territoire russe. Nous la retraçons.

Alors que le Kremlin et la Maison-Blanche sont en train de mettre en scène la capture des négociations sur la fin de la guerre en Ukraine, on néglige une donnée fondamentale  : à l’échelle des guerres impériales, le but n’est pas seulement d’augmenter son territoire mais d’empêcher les États-Nations d’exister.

Pour faire exploser la bulle dans laquelle Trump et Poutine voudraient enfermer l’Europe et les exclure du processus de paix, Michel Foucher formule une proposition concrète — une force d’interposition européenne pour garantir la souveraineté de Kiev et protéger l’Europe.

À l’arrière d’une berline blindée, Poutine veut supprimer l’Ukraine.

Après les paroles de son conseiller Patrushev, Vladimir Poutine a mis en scène sa position dans les négociations. Prenant la parole sur la banquette arrière d’une voiture, il a signifié sa disponibilité à négocier d’égal à égal avec les États-Unis de Donald Trump — tout en niant l’existence et la capacité d’action de l’Ukraine qui tient pourtant son armée en échec depuis bientôt trois ans.

Pour la première fois en français, nous traduisons et commentons cet entretien clef.

«  Les Russes vivent dans un monde d’États-nations — comme les Ukrainiens, les Allemands, les Français. Ils ne vivent pas dans un espace impérial dont les frontières seraient mouvantes.  »

Dans une enquête ethnographique recueillant plus de 750 pages de témoignage, trois chercheuses du laboratoire d’Oleg Zhuravlev produisent un exercice inédit  : essayer de définir le rapport des Russes à la guerre à partir de leur perception de la réalité. Nous résumons les principaux résultats de cette étude qualitative.

Pendant plusieurs années à la tête du ministère des Affaires étrangères de Lituanie, Gabrielius Landsbergis a été le chef de file des «  néo-idéalistes  » soutenant ceux qui s’opposent aux autocraties — de Taipei à Kiev.

Alors que Trump est sur le point d’être investi, il appelle à ne pas tomber dans le piège de la rhétorique impérialiste sur le Groenland. Derrière l’irénisme de façade de la Chine, il met en garde contre la stratégie de Xi — «  pour nous, la géopolitique, ce n’est pas faire ses courses au rabais sur Alibaba  ».

Avant de s’asseoir à la table de négociation, il faut comprendre précisément ce que cherchent et ce que pourraient accepter les cinq parties directement impliquées — l’Ukraine, la Russie, les États-Unis, l’OTAN et l’Union.

Du megadeal de Trump au bluff poutinien, Rose Gottemoeller, ancienne secrétaire générale adjointe de l’OTAN, passe en revue les positions et esquisse un plan qui permettrait à chacun d’éviter une défaite cuisante.

Vue de Russie, la décision sur les ATACMS est-elle un tournant  ?

L’autorisation fournie par l’administration Biden à l’Ukraine de frapper le sol russe avec des missiles américains est la dernière d’une longue série de «  lignes rouges  » franchies depuis février 2022. Si cette nouvelle capacité ne provoquera pas un bombardement russe des États-Unis ou de la Pologne, elle est susceptible de conduire à des attaques russes contre l’Ukraine encore plus brutales selon l’analyste Anton Barbašin interrogé par Meduza dans cet entretien inédit.

Ne pas compter sur Scholz. Regarder Trump en face. Dissuader Poutine par des troupes au sol. Créer les conditions d’une alliance entre l’industrie et les militaires. Donner à la génération meurtrie par la guerre une chance d’espérer la prospérité.

Au millième jour, le front de la grande guerre d’Ukraine se transforme.

Avec l’ancien ministre de l’Économie ukrainien, nous disséquons les changements profonds à l’orée d’un nouveau cycle.

Dans un entretien de fond, le ministre de la défense de l’Estonie Hanno Pevkur s’oppose fermement aux appels à un cessez-le-feu et à des pourparlers de paix tant que l’Ukraine n’aura pas atteint ses objectifs stratégiques.

Il plaide pour une approche commune des dépenses de défense au niveau de l’Union.