Ce colloque prolonge le travail réalisé pour le numéro à paraître sous le titre « Europe » de la revue philosophique Noèsis (n°30-31, Printemps 2017-Automne 2018) du Centre de recherches en histoires des idées de l’Université Nice Sophia Antipolis.
Le choix du thème de l’Europe résulte du constat de l’accumulation des crises européennes. Dites « des réfugié-e-s », « constitutionnelle », « grecque », « des dettes souveraines », « de la zone Euro », « ukrainienne », « sécuritaire », ou encore « Brexit », leur violence et leur imbrication sont telles qu’elles paraissent relever d’une crise de l’Europe en tant que telle, et requérir, pour leur compréhension et leur surmontement, un examen global. La forme de ce constat n’est pas nouvelle : en 1935 déjà, dans La crise de l’humanité européenne et la philosophie, Husserl thématisait « la crise de l’humanité européenne », faisant aussi remarquer la récurrence « du thème […] de la crise européenne ». Précisément, la récurrence de cette récurrence ne prouve-t-elle pas l’ancienneté et la radicalité de la crise actuelle de l’Europe, l’ancienneté de son irrésolution aussi et donc la nécessité, pour la surmonter, de répéter, différemment, la tentative de la comprendre ? Les titres du numéro et du colloque – Europe et Europe. Que faire ? – signifient la proposition, pour cela, de procéder avec la simplicité adéquate à la radicalité supposée de la crise, en demandant ce qu’il faut comprendre sous le nom d’Europe.
Il s’agit d’élaborer collectivement un concept d’Europe, dont nous savons au moins : que, loin de sa formulation par Husserl comme « téléologie historique des buts infinis de la raison », il intègre l’incompréhension européenne de la situation européenne ; qu’il requiert donc, pour son élaboration, les perspectives des extériorités de l’Europe et une autre méthode, notamment l’association de la philosophie et des sciences sociales ; et qu’il est censé constituer, non seulement une connaissance nouvelle, mais aussi une norme de l’action et tendre à son effectuation. La question « Qu’est-ce que l’Europe ? » se développe en la question « Que faire ? », qui signifie à la fois : « Que faire en Europe ? » et « Que faire, en Europe et hors d’Europe, de l’Europe ? ». Elle engage réflexivement le problème de la responsabilité du champ scientifique et des conditions de sa mobilisation.
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