Économie russe : les salaires impayés ont été multipliés par quatre en un an

Des milliers de salariés des secteurs pétrolier, de la construction, de l’industrie ainsi que du public comme des enseignants et des soignants ne perçoivent plus leurs salaires et primes depuis plusieurs mois en Russie. L’agence publique de statistique, Rosstat, estime que le montant des arriérés a été multiplié par quatre en un an pour atteindre près de 2 milliards de roubles (22 millions d’euros) à la fin du mois de septembre ¹.

• Dans les médias russes, des témoignages de salariés vivant sur leurs économies depuis plusieurs mois se multiplient depuis le début de l’année.
• Si l’augmentation est partiellement dûe à une révision de la méthodologie utilisée pour la collecte des chiffres, elle reflète également une détérioration globale de la situation économique.
• Ces données excluent par ailleurs les petites et moyennes entreprises, qui emploient 35 millions de personnes en Russie.

Ces arriérés de salaires sont quasi-exclusivement dûs à des fonds insuffisants, notamment provoqués par une baisse de la demande ². Afin d’y faire face, de nombreuses entreprises parmi lesquelles figurent des leaders du secteur militaro-industriel, comme Ouralvagonzavod (UVZ), ont procédé à d’importants licenciements et ont réduit le temps de travail de leurs employés en passant à une semaine de quatre jours.

Cette réduction contraste avec les chiffres du recrutement de l’armée, qui continuent d’afficher des niveaux élevés.

• Les chiffres des dépenses fédérales russes indiquent que plus de 260 000 personnes ont signé des contrats avec le ministère de la Défense sur les neuf premiers mois de l’année.
• Il s’agit d’une augmentation de 6 % par rapport à la même période en 2024, lorsque 249 000 Russes s’étaient engagés dans l’armée sous contrat — soit environ 28 000 par mois ³.
• Ce niveau de recrutement est toutefois insuffisant pour compenser les pertes de l’armée en Ukraine.

Les taux d’intérêts élevés de la Banque centrale russe exercent une pression considérable sur les entreprises. En septembre, ces dernières ont versé plus d’un tiers (39 %) de leurs bénéfices avant impôts à leurs créanciers, soit trois fois plus qu’il y a deux ans ⁴. Là encore, le secteur de la construction figure parmi les plus touchés.