L’édition 2025 est lancée. Aujourd’hui, jeudi 20 novembre, le Prix Grand Continent dévoile sa première sélection de fictions en français, espagnol, italien, polonais et allemand parues dans l’année. Le Prix — dont la dotation couvre la traduction et la diffusion du livre primé dans les autres aires linguistiques — sera remis au cœur au cœur des Alpes le 5 décembre 2025.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du Prix Grand Continent

Christoph Hein, Das Narrenschiff, Berlin, Suhrkamp

Comme tous les États, un État est fondé pour l’éternité et disparaît presque sans laisser de traces après quarante ans. Les personnes qui y ont vécu sont-elles tombées dans l’oubli et leurs rêves ne sont-ils qu’un souffle éphémère dans le vent épocal du temps qui passe ?

Dans ce grand roman social, Christoph Hein fait se rencontrer des femmes et des hommes qui se voient attribuer des rôles très différents lors de la fondation de la RDA, les accompagne à travers les développements dramatiques d’une société en devenir qui prétend représenter une Allemagne meilleure, mais qui passe pourtant d’un échec à l’autre. 

Des communistes convaincus, d’anciens nazis enthousiastes, des fonctionnaires empêtrés dans des intrigues, des intellectuels qui ont sauvé leur bourgeoisie dans le socialisme réel, des vendeurs de chaussures, des serveurs, ouvriers d’usine, concierges et même un haut responsable de la Stasi reconnaissent d’une manière ou d’une autre leur appartenance à une équipe involontaire, une communauté qu’ils perçoivent de plus en plus comme un navire de fous — et dont la trajectoire se dirige vers des écueils historiques toujours plus menaçants.

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Jonas Lüscher, Verzauberte Vorbestimmung, Munich, Hanser

Pendant la Première Guerre mondiale, un soldat algérien devenu victime d’une attaque allemande au gaz toxique décide que quelqu’un doit mettre fin à cette folie, se lève et s’en va.

Dans un avenir proche au Caire, un comédien de stand-up observe une androïde en train de rire de ses blagues. Un tisserand bohémien, remplacé par un métier à tisser automatisé, vole un marteau pour attaquer la machine.

De quoi rêvons-nous, nous les humains du capitalisme, et de quoi rêvent nos machines qui se rebellent de plus en plus contre nous ? 

Ce roman prend pour point de départ une infection au Covid plongeant le protagoniste dans le coma et le contraignant à être placé sous respiration artificielle. Il en découle une réflexion sur la « dépendance humaine à l’égard de l’innovation technique ».

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Katerina Poladjan, Goldstrand, Francfort, Fischer Verlag

Une villa délabrée à Rome, une mystérieuse dottoressa, un homme allongé sur un canapé qui raconte sa vie : dans son nouveau roman Goldstrand, Katerina Poladjan assemble des fragments de la vieille Europe pour brosser un tableau à la fois joyeux et mélancolique du présent. 

Dans les années 1950, une station balnéaire voit le jour sur la côte bulgare de la mer Noire : Goldstrand, pensée comme un lieu de villégiature pour tous. Eli est conçu sur le chantier. Soixante ans plus tard, après avoir connu ses plus grands succès en tant que réalisateur, il est allongé sur le divan de sa docteure à Rome. Il imagine et fabule l’histoire de sa famille, qui traverse tout un siècle et tout le continent européen, d’Odessa à Rome en passant par Constantinople et Varna en Bulgarie.

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Sara Mesa, Oposición, Barcelone, Anagrama

La narratrice de ce roman fait des études pour consolider son avenir professionnel. Elle a obtenu un poste temporaire dans un bureau administratif, et passer un concours semble être la suite logique de sa carrière. Cependant, un autre type de concours, interne cette fois-ci, basé sur son observation quotidienne de la fonction publique, la rend très hésitante. 

Le bâtiment où elle a été affectée, aussi gigantesque qu’hermétique, est un lieu aux hiérarchies incompréhensibles, qui la rejette tout en l’absorbant. Comme personne ne lui explique ses fonctions, elle est obligée d’improviser, de dissimuler sa honte et d’exprimer son malaise à travers des dessins et des poèmes aussi éloignés de la réalité que le travail lui-même. Les fonctionnaires qui l’entourent, chacun avec ses particularités et ses conflits, ont développé les tics et les manies propres aux routines professionnelles et à l’obéissance aveugle. Ayant besoin d’une vie utile, d’un véritable élan et de jeu, la candidate prendra de petites décisions subversives sans prévoir leurs éventuelles conséquences disciplinaires.

À travers un regard curieux, avide et de plus en plus désabusé, Oposición décrit les pièges des mécanismes bureaucratiques non seulement pour ceux qui en souffrent, mais aussi pour ceux qui les mettent en œuvre. Sara Mesa, qui connaît bien le monde de l’administration, aborde le récit de la bureaucratie contemporaine du point de vue de ceux qui sont pris au piège dans le temps mort des tâches inutiles, traitant le problème de l’ennui et de l’apathie dans un récit mordant et au rythme implacable. Son personnage principal, telle une héroïne involontaire et pleine de rebondissements, est confrontée au pire et au plus inquiétant des absurdes : celui de la manière dont nous nous organisons en société.

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Enrique Vila-Matas, Canon de cámara oscura, Barcelone, Seix Barral

Vidal Escabia, le protagoniste de cette histoire, a sélectionné soixante et onze livres dans une pièce sombre de sa maison, afin d’écrire un canon décalé, intempestif et inactuel, dissident par rapport aux canons officiels. Chaque matin, il en choisit un au hasard et en retient un extrait destiné au Canon — mais ce que sa lecture lui révèle influence sa vie et son écriture. 

Les soupçons grandissent quant à savoir si le narrateur de Canon de cámara oscura est un androïde, un Denver-7 infiltré parmi les gens ordinaires de Barcelone ou si, au contraire, il utilise le Canon pour donner un sens à sa vie face à l’amour démesuré qu’il porte à sa fille absente. 

Un Vila-Matas extrême qui va plus loin dans son exploration du non-sens, du simulacre et de la fiction comme formes de vie étranges, mais aussi dans sa vision de l’art littéraire comme transmission, collaboration et modification des idées d’autrui. Une quête, en définitive, d’un sens ultime à l’écriture, tout en explorant des thèmes tels que le double ou l’absence infinie que laissent ceux que nous aimons, « la même absence qu’Eurydice a laissée à Orphée et dont beaucoup pensent qu’elle est à l’origine de l’écriture ».

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Juan Gabriel Vásquez, Los nombres de Feliza, Madrid, Alfaguara

Le 8 janvier 1982, la sculptrice colombienne Feliza Bursztyn est décédée dans un restaurant parisien. Elle avait quarante-huit ans. Au moment de sa mort soudaine, elle était accompagnée de son mari et de quatre amis. L’un d’entre eux, l’écrivain Gabriel García Márquez, a publié quelques jours plus tard un article qui comprenait trois mots apparemment simples, mais en vérité mystérieux : « Elle est morte de tristesse ».

Juan Gabriel Vásquez s’appuie sur ces mots pour enquêter sur la vie secrète ou méconnue d’une femme extraordinaire. Feliza Bursztyn s’est toujours opposée à la société dans laquelle elle vivait. Fille d’un couple de Juifs expatriés en Colombie, artiste révolutionnaire à une époque de révolutions politiques, femme libre d’esprit dans un monde qui se méfiait de la liberté des femmes, elle a mené une existence qui a mis en scène les grandes tensions du XXe siècle et, surtout, le désir d’être maître de soi-même.

Dans Los nombres de Feliza, l’auteur mêle autobiographie, réalité et imagination pour offrir au lecteur une fiction étonnante et déchirante sur la façon dont la vie intime d’un être humain est inévitablement balayée par les forces de l’histoire et de la politique.

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Jakuta Alikavazovic, Au grand jamais, Paris, Gallimard 

« On grandit autant dans un pays, dans un foyer, que dans certaines histoires. Mais ces histoires ne sont pas toutes égales. Il y en a une qui prend le dessus. Ce peut être la plus douloureuse. Ce peut être la plus séduisante. Une chose est sûre : ce n’est pas toujours la plus vraie. » 

La mère de la narratrice a disparu. Cette femme, une poétesse acclamée dans son pays, avait déjà connu l’effacement après son installation en France : peu à peu, l’écriture l’avait quittée. La disparition s’impose dès lors à sa fille, devenue mère à son tour, comme une clé pour résoudre l’« énigme qu’est une personne ». Suivant son instinct — serait-ce plutôt un don ? —, elle collecte les symptômes d’une histoire refoulée, jusqu’à en exhumer le cœur battant. 

Tout en échos et replis secrets, Au grand jamais est un grand livre sur les non-dits familiaux, sur ce qui se transmet derrière les silences et sur les histoires qui nous aident à vivre.

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Emmanuel Carrère, Kolkhoze, Paris, P.O.L 

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, un jeune bourgeois bordelais rencontre une jeune fille pauvre, apatride, fille d’une aristocrate germano-russe ruinée et d’un Géorgien bipolaire, disparu et certainement fusillé à la Libération. Il devine, en l’épousant, qu’il s’engage dans tout autre chose que l’union paisible avec la jeune bourgeoise bordelaise à laquelle il était promis. Mais il n’imagine pas à quel point, ni quel destin romanesque et quelle somme d’épreuves l’attendent au cours des soixante-et-onze ans de son mariage avec Hélène Zourabichvili, qui deviendra sous son nom à lui, Carrère d’Encausse, spécialiste internationalement reconnue de la Russie (mais aussi de l’épizootie du mouton en Ouzbékistan), familière du Kremlin et de ses maîtres successifs, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, ni qu’avant de mourir lui-même — « 147 jours après elle et, à mon avis, de chagrin », écrit Emmanuel Carrère — il assistera, dans la cour des Invalides, à ses funérailles nationales.

Kolkhoze est le roman vrai d’une famille sur quatre générations, qui couvre plus d’un siècle d’histoire, russe et française, jusqu’à la guerre en Ukraine. Emmanuel Carrère s’en empare personnellement, avec un art consommé de la narration qui parvient à faire de leur histoire notre histoire. Tout en plongeant dans les archives de son père, passionné par la généalogie familiale. On traverse la révolution bolchévique, l’exil en Europe des Russes blancs, deux guerres mondiales, l’effondrement du bloc soviétique, la Russie impériale de Poutine et ses guerres, tout en pénétrant dans une saga familiale à la fois follement romanesque, tragique, aux destins prestigieux ou plus modestes, parfois sombres et tourmentés. Ce grand récit familial et historique, qui mêle souvenirs poignants, rebondissements, secrets de famille, anecdotes inattendues et géopolitique, est aussi un texte intime sur la vie et la mort des siens, et sur l’amour filial. Jusqu’à cet aveu : « Vient un moment, toujours, où on ne sait plus qui on a devant soi — et je ne le sais pas moi-même. Ou plutôt si, je le sais, je le sais très bien : je suis le visage de ma mère qui se détourne sans appel, je suis la détresse sans fond de mon père. »

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Laura Vasquez, Les Forces, Paris, Éditions du sous-sol 

C’est l’histoire d’une fille qui n’est pas d’accord avec l’ordre social. 

Nos visages sont-ils des images, des devantures ? 

Notre attention est-elle devenue une propriété, comme les terrains ? 

Est-ce que quelque chose s’est cassé en nous ?

De l’enfance à l’écriture, en passant par un bar mystérieux, une maison abandonnée, un immeuble rempli de sectes, ou le sommet d’une montagne, la narratrice nous entraîne dans une odyssée parsemée de miroirs homériques, de chants d’aèdes qui nous montrent le livre en train de se faire.

Les Forces reprend et détourne les motifs du roman d’apprentissage. Alternant le prosaïque et le théorique en un éclair, le livre se déploie dans une narration allant du tragique au comique. Nous vivons le parcours initiatique et politique de la narratrice. L’ensemble est porté par une nature perçue comme un flux incessant, une énergie vitale, dont chaque élément peut contenir la totalité. On pense à Fiodor Dostoïevski, à Samuel Beckett, à Simone Weil également dans son approche de la force.

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Valerio Aiolli, Portofino blues, Rome, Voland

Le lundi 8 janvier 2001, vers sept heures du soir, dans le jardin de la villa Altachiara à Portofino, disparut la comtesse Francesca Vacca Agusta, qui fut pendant des années personnalité de la jet-set italienne et internationale. Une enquête débuta ce soir-là, qui allait remplir les journaux et les actualités télévisées pendant des semaines, des mois et des années, sans solution ni répit, même lorsque, une vingtaine de jours plus tard, le corps fut retrouvé en mer, à quelques mètres d’une baie de la Côte d’Azur. 

Comment et pourquoi la comtesse est-elle tombée de la falaise ? Qui était avec elle ce soir-là ? Quelqu’un l’a-t-il poussée ou s’agit-il d’un accident ? 

En reconstituant comme un puzzle cette histoire complexe et jamais complètement élucidée d’amours et de désamours, de drogues et d’héritages millionnaires, de yachts de rêve et de flux d’argent cauchemardesques, qui s’étend de la Ligurie à la Lombardie, de la Suisse à la Tunisie, de Miami à Acapulco, Valerio Aiolli écrit un roman aussi inquiétant qu’un polar et tente de saisir une réponse qui lui échappe, en alternant le point de vue des principaux personnages impliqués, les déclarations faites et les articles qui ont couvert l’affaire. Dans un va-et-vient serré entre l’intérieur et l’extérieur de la villa Altachiara, il fait revivre non seulement Francesca Vacca Agusta, mais aussi l’histoire industrielle, politique et sociale de notre pays.

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Andrea Bajani, L’anniversario, Milan, Feltrinelli

Peut-on abandonner son père et sa mère ? Peut-on claquer la porte, descendre les escaliers et décider de ne plus jamais les revoir ? Remettre en question ses origines, échapper à leur emprise ? 

Après dix ans passés à subir une violence subtile et omniprésente entre les murs de la maison, un fils peut enfin se retourner et raconter l’histoire de sa famille malheureuse et le tabou de cette censure « avec la force brutale du roman ». Et célébrer ainsi un anniversaire déchirant : sans accuser ni sauver, d’une voix « scandaleusement calme », comme l’écrit Emmanuel Carrère pour souligner sa puissance implacable. Le récit qui en résulte est le portrait poignant et lucide d’une femme perdue, qui a tout abandonné pour être quelqu’un aux yeux de son mari, tandis que celui-ci la maintient, elle et ses enfants, dans un régime où la possession et la demande d’amour sont les liens d’un même nœud. L’isolement étanche dans lequel il les contraint est parfois rompu par les sonneries d’un téléphone mal toléré, par quelques camarades de classe sporadiques, par une amie de la mère qui est rapidement bannie. 

Dans ce microcosme concentrationnaire, peu à peu s’installe chez le fils, et chez les lecteurs, un désir irrépressible de renaissance : être soi-même, vivre sa propre vie, s’ouvrir aux autres sans craindre les représailles. Avec la certitude que, pour se mettre en sécurité, rien ne peut être sauvé de ce lieu.

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Fabio Genovesi, Mie magnifiche maestre, Milan, Mondadori 

Isolina a sauvé son mariage la nuit où elle a planté une faux dans le flanc de son mari. Benedetta était la plus belle de la plage, mais plutôt que de devenir Miss Cuore di Panna, elle a préféré se tourner vers les drogues. Avec Gilda, les funérailles devenaient des fêtes d’anniversaire. Azzurra avait besoin d’aide à l’école, mais c’était elle qui ne supportait pas la banalité des autres. Puis Irene, la meilleure amie des petits enfants et des monstres géants. Et Violetta, trop impétueuse pour son physique massif, qui transformait chaque étreinte en fracture. Des âmes intenses et flamboyantes, réunies en une seule et même famille sensationnelle. Pas une famille rigide, basée sur les liens du sang, mais une famille plus libre et plus aérée, maintenue ensemble par la colle chaude de l’amour. 

Ce sont les tantes et les grands-mères de Fabio, qui fête cette semaine ses cinquante ans, même si personne ne le croit, et lui moins que tout le monde. Alors ces femmes magnifiques viennent lui rendre visite. Elles viennent dans ses rêves, car elles sont mortes. Mais s’il y a une chose qu’elles lui ont apprise, c’est que les rêves ne sont pas la fin de la réalité, tout comme la mort n’est pas la fin de la vie. En réalité, elles lui ont appris bien d’autres choses, mais Fabio était trop jeune pour les apprécier. Il était trop occupé à suivre ses oncles marins et aventuriers, grands maîtres de la vie « virile », alors qu’il essayait de devenir un homme. 

Mais aujourd’hui, les temps ont changé, et les différentes leçons de ses tantes lui reviennent. Silencieuses et pourtant si fortes, sages et folles, elles illuminent ses nuits. Chacune est un rêve, un souvenir et une découverte, une étoile négligée qui recommence à briller. Mais pourquoi reviennent-elles toutes maintenant, à une semaine d’un anniversaire qui le rend étrange ? Veulent-elles simplement lui dire au revoir, ou y a-t-il quelque chose de plus important qu’il doit savoir, quelque chose qu’il doit faire pour le compte de l’au-delà ?

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Renata Bożek, Wyjazmiona, Varsovie, Marginesy

Une jeune fille de la campagne qui prend son destin en main. 

L’histoire commence en 1831, à la fin du mois d’octobre, lorsque Rozalka Balawender, une enfant paysanne en haillons, une prière aux lèvres et un corbeau bien desséché dans la main, jure vengeance à son maître. 

Quinze ans plus tard, vêtue de pantoufles en cachemire et d’une robe en soie, elle se prépare à épouser un riche fiancé. 

Comment a-t-elle réussi cette ascension sociale ? 

Quels crimes et quelle débauche l’y ont conduite ? 

Les péripéties de cette jeune fille hors du commun racontent l’ascension sociale. 

Une histoire où le polonais standard se mêle au dialecte de la campagne lubélienne et où des personnages fictifs côtoient des personnages historiques. Vêtue d’un costume d’époque, elle participe à un débat sur les inégalités sociales et les chances de s’échapper de son milieu d’origine. C’est enfin une histoire sur le pouvoir de la différence et sur la force qui pousse l’être humain à évoluer et à changer.

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Anna Ciarkowska, Sploty, Varsovie, WAB

À 98 ans, Anna aimerait accomplir une dernière chose avant de mourir : raconter l’histoire de toute sa vie. Mais qu’est-ce qui nous appartient dans cette vie ? Quelle histoire est vraiment la nôtre ? Laquelle nous appartient, puisque la fin de chaque intrigue est toujours entre les mains de quelqu’un d’autre ? Laquelle est vraie, puisque nous la tissons tous, chacun de notre côté ? Et maintenant, près d’un siècle plus tard, la question la plus importante reste : à qui revient le dernier mot ?

L’autrice des livres Dewocje, Pestki et Chłopcy, których kocham présente une histoire extrêmement émouvante sur la vie et la mémoire qui lui succède. La prose de Ciarkowska, écrite dans un langage poétique subtil, touche profondément, éveille les émotions liées au départ de nous-mêmes et de nos proches. Cependant, Sploty n’est pas une histoire sur la mort —mais sur ce qui reste après nous.

Comment naît la vie ? Eh bien, de l’intersection de deux vies naît un point. Puis, d’autres lignes passent par ce point, des lignes discontinues, épaisses, qui courent rapidement, s’arrêtant à un endroit. Quand un homme disparaît, le point disparaît, ainsi que tout cet entrelacement unique, toute cette coïncidence qu’il était. 

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Marta Michalak, Oida, Białystok, Nisza

La narratrice de ce roman, Magda, a une trentaine d’années et un appartement à rembourser pendant les trente prochaines années. Dans son village natal, sa mère lui répète sans cesse que si l’on rêve de dents, quelque chose de mauvais va arriver, et que ce qui doit arriver arrivera. Jusqu’à récemment, elle avait aussi une grand-mère qui, sans avoir terminé l’école primaire, savait qu’un paysan est toujours un paysan et qu’il faut savoir le manipuler. Que faire de cette sagesse paysanne héritée dans la capitale ?

Magda, Teresa et Jadzia écrasent des pâtes et remuent le couteau dans la plaie, révèlent des secrets de famille et claquent les portes, mais elles ont toujours quelque chose à se dire – car c’est un roman sur la parole.

C’est aussi un roman sur la honte qui brûle lorsqu’un régionalisme s’immisce dans une discussion universitaire. Sur le sentiment d’inadéquation avec un immeuble de bureaux moderne et le public d’un théâtre de la capitale. Sur l’étrangeté dans la ville, qu’il est impossible de masquer avec des plaques d’immatriculation varsoviennes.

C’est une histoire sur les femmes, mais tous ceux qui ont déjà voyagé avec un sac rempli de bocaux de pigeons farcis s’y retrouveront.

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Łukasz Staniszewski, Pieśni łaciatych krów, Cracovie, Znak

Bernard Witten n’aime pas les gens, et surtout pas les rêveurs. Le problème, c’est qu’il y en a beaucoup dans son village de Warmie. Ils croient aux didukhs, consultent Baba et se laissent souffler des vérités par les esprits. C’est ici que la Mort lit les noms sur une feuille — et se trompe parfois, que les diables rendent visite au prêtre et que l’on peut inviter un renard à un mariage. Bernard serait prêt à casser les dents de tout le monde pour de telles absurdités.

Mais lorsqu’une sécheresse dévastatrice s’abat sur la Warmie, que le soleil brûle la terre et les hommes, et que la magie cesse d’opérer, les habitants cherchent désespérément le salut. Seul Bernard Witten sait comment sauver le village de la catastrophe. Cependant, il croit que changer quelque chose en Warmie revient à commettre un péché. Et qu’un bon fermier ne change jamais.

Car il n’y a qu’une seule Warmie et un seul Bernard Witten.

Dans son roman captivant, empreint de la magie de la Warmie, Łukasz Staniszewski raconte une histoire à la fois mythique et très contemporaine, où l’humour noir, l’ironie et l’érotisme accompagnent les chants sur la fin et le commencement du monde.

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