Aujourd’hui, lundi 10 novembre à 17h (Paris), Donald Trump accueillera Ahmed al-Charaa à la Maison-Blanche. Il s’agit de la première visite d’un chef d’État syrien à Washington depuis l’indépendance du pays en 1946. En septembre, al-Charaa était devenu le premier président syrien à participer à l’Assemblée générale de l’ONU depuis 1967.
Les deux dirigeants se sont rencontrés une première fois en mai à Riyad, à l’occasion de la tournée de Trump au Moyen-Orient.
- Suite à cette rencontre, facilitée par le prince saoudien Mohammed ben Salmane (MBS), Donald Trump avait qualifié al-Charaa « d’homme séduisant » et de « dur à cuire au passé très solide ».
- La veille, le président américain avait annoncé son intention de lever les sanctions sur Damas, imposées pour la première fois en 1979 lorsque Hafez el-Assad était au pouvoir en raison de son implication dans la guerre civile libanaise.
Une partie de ces sanctions ont été levées via la signature le 30 juin d’un décret présidentiel. Toutefois, si Donald Trump est le faiseur de deals, une levée totale nécessitera l’approbation du Congrès, qui est pour l’heure divisé sur le sujet.
- Au cours des derniers mois, al-Charaa a rencontré plusieurs élus américains, démocrates comme républicains, notamment fin août en accueillant à Damas une délégation bipartisane menée par la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen 1.
- Tandis que la commission du Sénat sur les Affaires étrangères a inclus dans sa version du National Defense Authorization Act pour 2026 l’abrogation des sanctions imposées par le Caesar Act de 2019, ce n’est pas le cas pour le texte préparé par la Chambre.
- Le président républicain de la Commission sur les Affaires étrangères de la chambre basse, Brian Mast, ainsi que le ranking member démocrate Gregory Meeks figurent parmi les principaux opposants.
- Meeks invoque notamment la formule de Reagan « Trust, but verify » (« Faites confiance, mais vérifiez »), et plaide pour une levée des sanctions progressive 2.
Pour Trump, la rencontre avec al-Charaa est l’occasion d’intégrer la Syrie dans la coalition américaine contre l’État islamique et de prolonger les discussions sur la reconstruction du pays après la guerre civile ainsi que sur les investissements étrangers.
Trump cherche également à faire conclure d’ici la fin de l’année un accord de sécurité ou de non-agression entre Damas et Tel-Aviv.
- À cet effet, selon plusieurs sources consultées par Reuters, les États-Unis se préparent à établir une présence militaire dans une base aérienne à Damas 3 — ce que les autorités syriennes démentent 4.
- Suite à la chute du régime al-Assad, Tsahal a étendu son contrôle du plateau du Golan à la zone tampon démilitarisée et maintient une présence armée à moins d’une cinquantaine de kilomètres de Damas.
- Bien qu’il semble qu’Al-Charaa soit prêt à signer un accord avec Israël qui comprendrait très probablement un retrait de l’armée israélienne, celui-ci exclut toute adhésion future aux Accords d’Abraham — l’un de des principaux projets de Donald Trump en matière de politique étrangère.
Si l’établissement d’une présence militaire américaine durable à Damas signalerait un rapprochement inédit avec Washington, al-Charaa souhaite maintenir des liens étroits avec Moscou. Lors d’une rencontre avec Poutine à Moscou le mois dernier, le président syrien aurait demandé à son homologue russe la reprise des patrouilles militaires dans le pays en échange du maintien des bases de Tartous et Hmeimim.
Sources
- Ranking Member Shaheen’s Travel to Syria and Meeting with President Ahmed Al-Sharaa, Senate Foreign Relations Committee, 25 août 2025.
- « Lawmakers dish at UN General Assembly », Punchbowl News, 24 septembre 2025.
- Suleiman Al-Khalidi, Timour Azhari et Feras Dalatey, « US military to establish presence at Damascus airbase, sources say », Reuters, 6 novembre 2025.
- « دمشق تنفي إقامة قواعد أمريكية جنوبي سوريا », Enab Baladi, 6 novembre 2025.