Aujourd’hui, dimanche 9 novembre, s’ouvre à Santa Marta, dans le nord de la Colombie, un sommet réunissant les États membres de l’Union européenne et de la Communauté d’États latino-américains et caraïbes (CELAC). Il s’agit de la première réunion du format depuis juillet 2023.

Malgré les défis communs à l’Europe et à l’Amérique du Sud, seulement 12 chefs d’État et de gouvernement sur 60 ont confirmé leur participation 1.

  • La porte-parole de la Commission a fait savoir qu’Ursula von der Leyen ne prendrait pas part au sommet « compte tenu de l’agenda politique européen actuel et de la faible participation des autres chefs d’État et de gouvernement ».
  • Parmi les absents notables côté européen figurent également le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron et la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni. 
  • La Commission sera représentée par Kaja Kallas, et le Conseil par son président António Costa.
  • Côté sud-américain, le dirigeant argentin Javier Milei et la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum devraient eux aussi faire l’impasse sur la réunion. 

L’une des raisons invoquées par les chancelleries européennes, au-delà du « faible niveau de représentation » — également invoqué par Berlin — qui sera renforcé par leur absence, est le désir de ne pas « froisser Donald Trump », selon plusieurs sources au courant des discussions 2. Le président américain a ciblé plusieurs pays sud-américains ces derniers mois et imposé des sanctions contre le président colombien Gustavo Petro, tout en évoquant ouvertement une possible intervention militaire au Venezuela contre le régime de Nicolás Maduro.

  • La quasi-totalité des 60 dirigeants de l’Union et de la CELAC s’étaient déplacés à Bruxelles pour le précédent sommet de juillet 2023, le premier organisé après une absence de huit ans.
  • Comme le soulignent Josep Borrell et José Antonio Sanahuja, la relation entre l’Union et l’Amérique latine « a été revitalisée au cours de la période 2020-2024 », notamment en promouvant « l’autonomie des deux régions face à la menace de bipolarité entre la Chine et les États-Unis ».
  • Le retour au pouvoir de Trump et sa politique agressive à l’égard de l’Amérique latine — mais également de l’Union, via l’imposition de tarifs douaniers — pourraient freiner ce rapprochement.

Les pays de l’Amérique latine peinent à articuler une réponse commune face aux menaces de l’administration Trump. Cette difficulté est notamment dûe aux nombreux conflits qui se sont multipliés au sein de la région ces dernières années.

  • L’an dernier, le Mexique avait suspendu ses relations diplomatiques avec l’Équateur suite au raid mené par les forces armées équatoriennes dans l’enceinte de l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l’ancien vice-président Jorge Glas.
  • Au cours de l’été 2024, le Brésil et le Nicaragua avaient expulsé leurs ambassadeurs respectifs, tandis que les rapports entre Brasília et Buenos Aires se sont détériorés en raison de la relation personnelle de Lula et Milei.
  • Jeudi 6 novembre, le parlement péruvien a déclaré la présidente mexicaine Sheinbaum persona non grata, citant son « ingérence inacceptable dans les affaires internes ». Deux jours auparavant, Lima avait suspendu ses relations diplomatiques avec Mexico suite à l’octroi de l’asile à l’ancienne Première ministre Betssy Chavez.
Sources
  1. Colombia está lista para la IV Cumbre CELAC – UE, Ministère des Affaires étrangères de la Colombie, 5 novembre 2025.
  2. Daniel Basteiro, Jorge Valero, Alberto Nardelli et Arne Delfs, « EU Leaders Skip Latin American Summit to Avoid Irking Trump », Bloomberg, 4 novembre 2025.