Viktor Orbán sera reçu aujourd’hui, vendredi 7 novembre, par Donald Trump à Washington, à un moment délicat pour sa survie politique, son parti étant devancé dans les sondages par le Tisza de Péter Magyar. Des élections générales sont prévues en Hongrie en avril 2026.
- Magyar, dont la campagne est presque exclusivement axée sur la lutte contre la corruption, bénéficie d’environ quatre points d’avance dans les intentions de vote.
- Lors d’un meeting avec les membres de son « Club des guerriers » (Harcosok Klubja, un camp d’entraînement pour ses partisans situé à Zánka) le 20 octobre, qui réunissait plusieurs centaines d’activistes du Fidesz, le Premier ministre hongrois avait déclaré : « Nous ne nous en sortons pas bien » 1.
- Orbán a notamment exhorté ses soutiens à inonder les réseaux sociaux de messages pro-Fidesz afin de remporter la « guerre numérique » : « Pour cela, vous devez consacrer au moins une demi-heure par jour à cette lutte […] Vous n’êtes pas obligés d’y prendre plaisir, mais vous devez accomplir cette tâche ».
Alors que l’économie hongroise vacille, la visite d’Orbán à Washington s’inscrit dans une tentative de structuration du débat politique autour d’un clivage entre le « camp de la paix » — qui compterait notamment les États-Unis et la Russie — et le « camp de la guerre » —, dont feraient partie les pays européens et les soutiens de l’Ukraine.
- Le mois dernier, lors du sommet de la Communauté politique européenne à Copenhague, le Premier ministre hongrois avait accusé les dirigeants européens de préparer des « plans de guerre » contre la Russie.
- Il avait ainsi fait part de son intention de « lancer une campagne de signatures en Hongrie contre les plans de guerre de l’Union, car nous avons besoin de toutes nos forces pour rester en dehors de cette guerre ».
- Sur les sites et réseaux sociaux de médias locaux détenus par la Fondation pour la presse et les médias d’Europe centrale (KESMA, un conglomérat pro-Orban), des images générées par IA diffusées ces dernières semaines présentent Péter Magyar comme un « chien enchaîné des dirigeants de l’Union » 2.
Orban, qui rencontre Trump pour la première fois en tête-à-tête depuis le 20 janvier, semble déterminé à exploiter son alignement et son soutien sans faille au président américain. Il espère notamment obtenir le renouvellement de la perspective d’une rencontre entre Trump et Poutine à Budapest, ainsi qu’une exemption des sanctions énergétiques américaines.
- Fin octobre, Donald Trump avait confirmé qu’Orbán avait personnellement demandé une exemption aux sanctions, déclarant : « Il a demandé une exemption, mais nous ne la lui avons pas accordée, pas une seule. C’est mon ami, certes, mais il a demandé une exemption ».
- Malgré les sanctions européennes, la Hongrie a augmenté sa dépendance au pétrole brut russe, passant de 61 % avant l’invasion de l’Ukraine à 86 % en 2024 3.
Une enquête du Pew Research Center réalisée en juin montre que la Hongrie est le pays européen où la confiance en Trump est la plus élevée 4.
- Selon l’enquête, 53 % des Hongrois déclarent ainsi avoir confiance dans la capacité du président américain à « prendre les bonnes décisions en matière d’affaires internationales ».
- La Hongrie est également le deuxième pays européen où la confiance en Vladimir Poutine est la plus forte (32 %, soit une hausse de 14 points par rapport au printemps 2022), derrière la Grèce (40 %).
Sources
- Anita Vorák, « Nem állunk jól. Nem állunk jól – mondta Orbán Viktor a harcosainak, majd részletezte, mit vár tőlük a kampányban », Telex, 20 octobre 2025.
- Veronika Munk, « 171 days Until the Elections : Mass rallies in Budapest by Fidesz and Tisza mark Hungary’s national holiday », 23 octobre 2025.
- Martin Vladimirov, Tsvetomir Nikolov, Isaac Levi, Luke Wickenden, The Last Mile Phasing Out Russian Oil and Gas in Central Europe, CREA, 15 mai 2025.
- Richard Wike, Jacob Poushter, Laura Silver et Janell Fetterolf, « U.S. Image Declines in Many Nations Amid Low Confidence in Trump », Pew Research Center, 11 juin 2025.