Économie russe : le déficit budgétaire de Moscou a doublé par rapport à 2023

Selon les chiffres du ministère des Finances russe, le déficit budgétaire fédéral s’élève à 4 200 milliards de roubles sur la période janvier-août (45 milliards d’euros). Ce montant est considérablement supérieur à 2024, lorsque le déficit était inférieur à 30 milliards de roubles sur cette même période, et représente le double de l’année 2023 (2 100 milliards, ou 22,5 milliards d’euros).

En plus d’une augmentation des dépenses provoquée par la guerre, les recettes générées par les ventes de pétrole et de gaz continuent de baisser.

• Sur la période janvier-octobre, celles-ci ont généré 7 500 milliards de roubles, soit un chiffre en baisse de 21,5 % par rapport à la même période l’an dernier ¹.
• Si les recettes demeurent relativement stables lorsqu’on les compare à 2023, le ministère des Finances prévoyait initialement 11 milliards de roubles de revenus cette année.
• Ce chiffre a finalement été revu à la baisse à 8 650 milliards en raison de la chute des prix du pétrole ainsi que du renforcement du rouble ².

Après une première révision en juin, la Douma d’État a approuvé le mois dernier une deuxième révision du budget fédéral pour 2025 face à une dégradation des perspectives économiques. Initialement estimé à 0,5 % du PIB, le déficit devrait finalement atteindre jusqu’à 2,6 % du PIB russe (5 700 milliards de roubles) cette année, soit une multiplication par cinq sur un an par rapport aux premières prévisions ³.

• Après plus de trois ans de guerre à haute intensité, l’économie russe est fortement déséquilibrée en raison de l’augmentation des dépenses militaires (qui ont doublé entre 2015 et 2024), de la réorientation de l’ensemble de l’appareil productif vers l’effort de guerre et des sanctions occidentales.
• La nécessité de revoir aussi fréquemment les paramètres clefs du budget fédéral témoigne d’une incapacité du pouvoir à délivrer l’atterrissage en douceur (soft landing) de l’économie mis en avant par la Banque centrale.

Le 24 octobre, l’institution a procédé à une baisse de son taux directeur de 0,5 point, marquant la quatrième diminution consécutive depuis juin. Il s’établit désormais à 16,5 %, soit un chiffre inférieur au pic de 21 % atteint entre octobre 2024 et juin 2025, mais supérieur aux niveaux d’avant l’invasion de l’Ukraine.