Après Pokrovsk, la chute de Koupiansk ?

Il y a bientôt un an, à la fin du mois de novembre 2024, l’armée russe était parvenue à franchir l’Oskil, une rivière qui agissait auparavant comme un rempart naturel entre les forces ukrainiennes et russes dans le nord-est de l’Ukraine. Depuis, Moscou a intensifié sa campagne visant à capturer la ville de Koupiansk.

• Les forces russes mènent des assauts depuis le nord, après avoir traversé l’Oskil au niveau de Dvorichna, et depuis l’est, notamment le long de la route H26, qui relie Koupiansk à Svatove, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est.
• C’est à la mi-septembre que l’armée russe est véritablement parvenue à pénétrer dans la ville en utilisant des petits groupes de combattants à pied et de saboteurs — une méthode désormais largement utilisée à l’échelle du front.
• Ces dernières semaines, la présence russe s’est renforcée et Moscou revendique aujourd’hui le contrôle de près des deux-tiers (63 %) de la surface de la ville.

La progression russe dans et en-dehors de Koupiansk a été accompagnée d’une intense guerre informationnelle du Kremlin. Le chef d’État-major russe, Valéry Guérassimov, a en effet affirmé à Poutine lors d’un point de presse retransmis à la télévision que des milliers de combattants ukrainiens étaient encerclés à Koupiansk et sur d’autres secteurs du front.

Sur Telegram, les bloggers proches du régime russe ont contesté ces affirmations.

• La chaîne Военный Осведомитель (Informateur Militaire) a émis l’hypothèse que ces propos avaient des allures de prophéties : « Il est possible que Guérassimov, avec ses rapports optimistes, prenne une fois de plus les devants en espérant que la situation réelle sur le terrain rattrapera bientôt ses compte-rendus » ¹.
• Certains observateurs russes et ukrainiens ont également noté que ces déclarations, qui ont eu lieu le 26 octobre, soit seulement quatre jours avant la rencontre entre Xi et Trump, pouvaient avoir une dimension géopolitique.
• Poutine aurait ainsi voulu projeter une image de force et de contrôle de la situation sur le front, tandis que Trump a déclaré avoir « longuement » parlé de la guerre en Ukraine durant son entretien avec le dirigeant chinois ².

Tout comme à Pokrovsk, qui fait désormais l’objet de combats urbains, la situation à Koupiansk pourrait s’enliser durant plusieurs semaines voire plusieurs mois avant que l’armée russe ne prenne le contrôle de la ville. La progression russe menace cependant la poche ukrainienne qui subsiste à l’est de l’Oskil autour de Koupiansk-Vouzlovyï, cinq kilomètres plus au sud.