À 73 ans, Poutine a dépassé de 7 ans l’espérance de vie moyenne pour les hommes en Russie, selon les chiffres de l’OMS pour 2021. Il fait ainsi partie des dirigeants les plus âgés au monde, dont l’âge médian est de 62 ans, dans un pays où l’on vit de moins en moins longtemps depuis la pandémie 1.

  • La guerre en Ukraine a davantage contribué à la baisse de l’espérance de vie depuis 2022, notamment pour les hommes.
  • L’une des conséquences de cette baisse est l’accroissement de l’écart entre le nombre d’hommes et de femmes en Russie, ces dernières représentant déjà il y a cinq ans 54 % de la population.
  • Au lundi 6 octobre, l’État-major des forces armées ukrainiennes estimait que la Russie avait perdu 1,1 million d’hommes (tués, blessés et disparus) sur le front depuis 2022 — ce qui représente près de 0,8 % de la population totale.

Environ 2 à 3 % de la population masculine totale de la Russie est impliquée dans la guerre contre l’Ukraine. L’âge moyen de ces hommes étant de 35 ans, leur « valeur reproductive » représente néanmoins un chiffre bien plus significatif. La surmortalité des hommes russes était déjà un sujet pris très au sérieux par le Kremlin avant la guerre, 80 % des 150 000 à 200 000 décès annuels liés à l’alcool étant des hommes 2.

  • Les mesures visant à relancer la démographie constituent l’un des trois principaux axes du budget 2026 présenté le 29 septembre par le gouvernement à la Douma, aux côtés du maintien à un niveau élevé des dépenses de défense et du « respect des obligations sociales » de l’État.
  • L’an dernier, Poutine avait déclaré à plusieurs reprises vouloir atteindre un taux de fertilité de 2,3 d’ici 2030 afin d’éviter « l’extinction » du peuple russe. L’OMS prévoit que le pays devrait perdre 8 millions d’habitants d’ici 2050.
  • Le président russe lui-même avait évoqué lors d’une conversation avec Xi Jinping son rêve de vivre indéfiniment. Il déclarait : « Avec le développement des biotechnologies, les organes humains peuvent être continûment transplantés. Les gens peuvent vivre de plus en plus vieux et même atteindre l’immortalité ».

Faute de vouloir agir contre les causes de la crise démographique dans laquelle se trouve la Russie — investissant massivement dans la défense et l’armée plutôt que la santé —, le Kremlin a suspendu ces dernières années la publication de plusieurs séries de données démographiques : nombre de naissances, de décès, de mariages, de divorces, ainsi que leur ventilation par région.

Depuis l’an dernier, toutes les statistiques sur les causes de décès ont été complètement supprimées.

  • La disparition progressive des données économiques, démographiques et judiciaires russes est antérieure à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine de 2022, bien qu’elle ait accéléré depuis.
  • En limitant l’accès à l’information, le Kremlin espère ainsi réduire la capacité des chercheurs et des médias à évaluer l’impact de la guerre sur la mortalité et la société russe.
  • Selon le démographe russe Alexeï Rakcha, « depuis mars 2025, il n’y a pratiquement plus de statistiques démographiques publiques en Russie » 3.