Points clefs
  • Le rejet de « l’accord » commercial de Turnberry est général en France : 65 % des répondants disent en ressentir de « l’humiliation ».
  • La Commission européenne et sa présidente Ursula von der Leyen sont jugées responsables : en France, 87 % des sondés estiment qu’elle a « mal défendu les intérêts européens ». Ce chiffre est bien supérieur à ceux établis pour les autres pays de l’Union. 
  • Une majorité de Français se déclarent prêts à passer à l’action pour dénoncer le déséquilibre qu’un tel accord imposerait. Les formes de réplique — du boycott de certains produits américains à une taxe sur les GAFAM — varient beaucoup en fonction des préférences politiques. 
  • Après cette séquence, 30 % des sondés souhaitent que la France sorte de l’Union européenne. Cette proportion monte à 60 % chez les électeurs du Rassemblement national mais ne dépasse pas 2 % pour les partis centraux.
  • De même, malgré un été jugé humiliant, Trump n’est pas un adversaire si consensuel : une courte majorité de 51 % des sondés français le jugent un « ennemi » de l’Europe.

1 — Les Français sont les plus critiques du « deal » entre l’Union et les États-Unis

La séquence de la guerre commerciale de l’été 2025 a suscité un niveau d’attention exceptionnel pour un dossier de ce type.

Habituellement, les sujets relatifs au commerce international passent relativement inaperçus. Cette fois-ci, ils ont déclenché des réactions inhabituelles par leur intensité, tout particulièrement en France.

Sans doute cela s’explique-t-il par le fait que cet « accord » vient conclure une longue séquence de provocations et d’ingérences dans les affaires européennes de l’administration Trump. Celles-ci n’avaient pourtant pas suscité jusqu’ici de réaction aussi forte de la part des Européens.

Comme le révèle l’enquête Eurobazooka réalisée par Cluster 17 pour le Grand Continent, l’opinion française se distingue comme la plus critique parmi les cinq pays étudiés (France, Allemagne, Espagne, Italie, Pologne). En France, 65 % des répondants déclarent ainsi ressentir de « l’humiliation » face à l’accord, un chiffre supérieur à la moyenne européenne. Ce sentiment est majoritaire dans la plupart des familles politiques. Il est exprimé aussi bien chez les électeurs de l’espace central (Renaissance 69 %, PS/Place Publique 71 %), parmi les plus attachés à l’intégration européenne, que chez ceux des droites identitaires et conservatrices (RN 67 %, Reconquête 74 %), traditionnellement parmi les plus critiques à l’égard de l’Union.

Cette convergence est particulièrement notable : des électorats qui se situent aux antipodes sur la plupart des grands clivages politiques se retrouvent ici dans une même perception négative de l’accord.

L’« humiliation » apparaît ainsi comme un dénominateur commun, capable de réunir dans une même réponse des segments habituellement opposés — voire antagonistes — de la vie politique française.

Cette émotion avait d’ailleurs été relayée par certains responsables politiques, comme le Premier ministre de l’époque François Bayrou, qui avait réagi dès la publication de l’accord 

Mais cette prise de position n’avait été suivie d’aucune action visible et concrète. Aucun acte fort, aucune opposition organisée n’était venue donner suite à cette indignation. Dans les faits, l’absence de réaction politique significative a sans doute contribué à laisser s’installer un sentiment d’impuissance face à l’accord.

L’« humiliation » apparaît comme un dénominateur commun capable de réunir dans une même réponse des segments habituellement opposés — voire antagonistes — de la vie politique française.

Jean-Yves Dormagen

2 — Un accord perçu comme profitant exclusivement aux États-Unis

Les Français ont peu de doute quant aux bénéficiaires du « deal » : près de neuf répondants sur dix (89 %) considèrent qu’il « profite surtout à l’économie américaine ». 

À l’inverse, seuls 3 % des sondés le perçoivent comme « un compromis profitant de manière équitable à l’économie américaine et à l’économie européenne ».

Cet unanimisme réunit l’ensemble des sensibilités idéologiques et des électorats dans un large consensus négatif. Même parmi les clusters les plus pro-européens — sociaux-démocrates, centristes, libéraux —, la perception d’un compromis équitable reste marginale. Ainsi, 85 % de l’électorat Renaissance estime que l’accord « profite surtout à l’économie américaine ».

Bien évidemment, dans les électorats plus critiques et plus défiants à l’égard de l’Union européenne, ce niveau est encore plus élevé : c’est le cas pour 98 % des électeurs de La France insoumise et 93 % de ceux de Reconquête.

3 — Un rejet massif des implications militaires

Le même rejet unanime s’exprime à propos de l’engagement pris par la Commission selon lequel « les pays européens devront augmenter fortement leurs achats d’équipements militaires et de défense aux États-Unis ».

Ici aussi, la France se distingue par un point de vue encore plus critique que ses partenaires européens : 87 % des Français interrogés considèrent que cette obligation aura « des conséquences négatives pour l’Europe », contre 68 % en moyenne dans les cinq pays sondés.

85 % de l’électorat Renaissance estime que l’accord « profite surtout à l’économie américaine ».

Jean-Yves Dormagen

Comme sur les questions précédentes, un tel niveau traduit un consensus qui dépasse les clivages traditionnels. Fédéralistes et souverainistes partagent ce jugement négatif, qu’ils soient électeurs du PS (88 %), de Renaissance (90 %) ou de Reconquête (88 %).

4 — Les entreprises européennes sont vues comme les principales perdantes

Selon les Français, les entreprises européennes seront les plus affectées par le taux de 15 % appliqué par les États-Unis aux importations européennes. Une majorité nette de 54 % identifie ces entreprises comme les principales perdantes de l’accord commercial.

Cette anticipation négative est particulièrement marquée dans les groupes les plus pro-business et les plus libéraux, mais également parmi les plus conservateurs. Les résultats par clusters le montrent bien : 66 % des Centristes, 61 % des Libéraux et 84 % des Conservateurs estiment que les entreprises européennes seront les plus touchées.

En conséquence, sur le plan électoral, ce constat est largement partagé par les électorats de LR, de Renaissance et, dans une moindre mesure, du RN.

5 — La Commission européenne est jugée responsable — et Ursula von der Leyen sévèrement critiquée

Comme les autres Européens sondés — à l’exception des Polonais — les Français désignent très majoritairement la Commission européenne comme responsable de cet accord « humiliant » : 64 % l’identifient comme principale responsable. « La plupart des États membres » sont également désignés par 31 % des répondants.

Très logiquement, le rejet de l’accord et la désignation de la Commission comme principale responsable se répercutent sur les jugements portés sur l’action de sa présidente, Ursula von der Leyen.

Les Français se révèlent encore plus sévères que les autres Européens sondés, pourtant eux-mêmes très critiques. Alors que 75 % des ressortissants des cinq pays jugent qu’elle a « mal défendu les intérêts européens », ce chiffre atteint 87 % en France, dont 54 % qui estiment qu’elle les a « très mal défendus ».

En conséquence, la défiance atteint un niveau particulièrement élevé à l’égard d’Ursula von der Leyen : 87 % des Français déclarent ne « pas lui faire confiance » pour « défendre les intérêts économiques européens », dont 55 % « pas du tout ». Ce chiffre est supérieur à celui mesuré dans les autres pays sondés et reflète, ici aussi, un large consensus traversant les clivages idéologiques et électoraux traditionnels.

Si la défiance est générale, son intensité varie cependant selon les clusters.

Elle reste de moindre ampleur chez les plus modérés et pro-européens : 18 % de « pas du tout confiance » chez les Sociaux-Démocrates, 20 % chez les Modérés et les Centristes, 28 % chez les Libéraux. À l’inverse, elle atteint des niveaux extrêmes dans les clusters les plus eurosceptiques, avec 96 % chez les Identitaires et même 98 % chez les Sociaux-Patriotes, traduisant un rejet particulièrement fort et ancré des élites bruxelloises au sein de ces clusters — qui combinent attitudes antisystèmes et ultra-conservatisme.

La défiance atteint un niveau particulièrement élevé à l’égard d’Ursula von der Leyen : 87 % des Français déclarent ne « pas lui faire confiance » pour « défendre les intérêts économiques européens », dont 55 % « pas du tout ».

Jean-Yves Dormagen

6 — Une large majorité de Français est favorable à la démission d’Ursula von der Leyen

Dans ce contexte de désillusion et de rejet, une très large majorité de Français (70 %) se déclare favorable à la démission de la présidente de la Commission européenne.

Ce point de vue fait consensus au sein des électorats les plus antisystèmes : 85 % des électeurs de La France insoumise, 87 % de ceux du Rassemblement national et 96 % de ceux de Reconquête y sont favorables.

Mais même parmi les électeurs de Renaissance — traditionnellement peu enclins au dégagisme et très pro-européens — l’adhésion à Ursula von der Leyen apparaît fragile : seuls 37 % se déclarent opposés à sa démission, tandis que 21 % se disent indécis sur la question.

7 — Une disponibilité à s’opposer à l’accord et à ses conséquences

Plusieurs questions permettent d’identifier qu’il existe une disponibilité dans la société française à s’opposer à cet accord et à ses conséquences.

Lorsqu’on précise que « dans le cadre de l’accord, l’administration américaine demande aux entreprises européennes d’investir 600 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis. Elle demande aussi aux États membres d’acheter de l’énergie américaine (pétrole, gaz et produits nucléaires) pour un total de 750 milliards d’ici 2028 », 81 % des sondés répondent qu’il faut s’y opposer.

De même, 83 % des Français se déclarent disposés à boycotter des produits américains. Une proportion identique (82 %) se dit favorable à l’imposition d’une taxe spécifique sur les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).

Ces positions sont largement majoritaires dans tous les électorats et dans tous les segments idéologiques de la société française.

Elles apparaissent toutefois plus fortes dans les groupes progressistes que dans les groupes conservateurs : 97 % chez les Multiculturalistes, 99 % chez les Solidaires et 91 % chez les Sociaux-Démocrates se disent favorables à la taxe sur les GAFAM, contre « seulement » 68 % chez les Sociaux-Patriotes, 67 % chez les Autoritaires et 59 % chez les Identitaires. Ces groupes, nettement moins hostiles à l’administration Trump mais aussi moins favorables aux taxes, se distinguent ainsi du reste de la société.

83 % des Français se déclarent disposés à boycotter des produits américains. Une proportion identique (82 %) se dit favorable à l’imposition d’une taxe sur les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).

Jean-Yves Dormagen

La taxation des GAFAM fait donc moins consensus dans les électorats des droites : LR, RN et Reconquête se révèlent plus divisés, traduisant une culture davantage anti-taxe et libertarienne. Celle-ci tend de plus en plus à unifier ces électorats.

8 — Donald Trump est perçu comme un « ennemi de l’Europe » par une majorité de Français

Le rapport des Français aux États-Unis de Donald Trump est particulièrement intéressant à observer.

L’une des implications de l’analyse est d’essayer de pouvoir détecter un « espace trumpiste » au sein de la société française — autrement dit une sympathie pour ce que représente le trumpisme, en particulier dans l’électorat des droites françaises.

La question a aussi une dimension stratégique : le rapport à Trump peut être une source de tensions et de divisions dans cet espace politique. On se souvient par exemple que Sarah Knafo et Éric Zemmour s’étaient rendus aux États-Unis pour célébrer son élection — qu’ils revendiquent comme une source d’inspiration — alors que Marine Le Pen s’était prudemment tenue à distance — comme elle l’avait déjà fait sur d’autres sujets jugés potentiellement clivants pour sa base électorale, notamment à l’époque du mariage pour tous.

Avec les Espagnols, les Français sont parmi les plus enclins à considérer Donald Trump comme « un ennemi de l’Europe » : 51 % contre 54 % en Espagne. Si en Allemagne ou en Italie ce jugement radical a eu tendance à reculer depuis la vague du Baromètre Cluster 17 – Le Grand Continent de décembre 2024, il est intéressant de constater qu’en France ce point de vue reste stable et connaît même une légère hausse.

Au-delà de ce niveau élevé de rejet par rapport à d’autres pays européens, c’est surtout le caractère clivant de ce positionnement qui mérite d’être souligné.

Ce rejet fait consensus dans les groupes progressistes : Multiculturalistes (83 %), Solidaires (77 %) et Sociaux-Démocrates (80 %). À un degré moindre, Trump est aussi fréquemment désigné comme un « ennemi » dans les groupes modérés du centre et du centre-droit : 66 % des Centristes et 62 % des Libéraux.

En revanche, au sein de l’espace conservateur, le rejet est nettement moins affirmé. Seuls 15 % des Traditionalistes et 10 % des Identitaires désignent Trump comme « un ennemi de l’Europe ». Dans ces segments, une petite minorité va jusqu’à le qualifier d’« ami de l’Europe » (27 % des Identitaires, 6 % des Traditionalistes).

Cette divergence est nette au plan électoral : seuls 29 % des électeurs LR, 21 % des électeurs RN et 18 % des électeurs Reconquête considèrent Trump comme un « ennemi », contre 80 % des électeurs PS/Place Publique, 83 % des électeurs LFI et 85 % des électeurs écologistes.

De ces résultats, il ressort que le rapport à Donald Trump et l’évaluation de son impact sur l’Europe sont largement déterminés par la sensibilité idéologique et électorale. Le dirigeant américain bénéficie d’une forme de clémence voire d’adhésion au sein de l’électorat des droites françaises, alors qu’il est massivement rejeté dans les segments progressistes et pro-européens. Le rapport à Trump constitue ainsi un bon révélateur des clivages qui traversent la société française et des recompositions politiques en cours en ce qu’il donne à voir la proximité des électorats LR, RN et Reconquête.

9 — Trump et les principes démocratiques

Il est intéressant de constater que, pour la quasi-totalité des Français, Donald Trump est considéré comme ne respectant pas les principes démocratiques : 85 % contre seulement 12 % (et 3 % qui ne savent pas).

Cette opinion fait pleinement consensus au sein de tous les groupes progressistes et de tous les groupes modérés — où on ne trouve presque personne pour considérer Trump comme un leader respectant les principes de la démocratie.

Au sein des sept clusters qui composent l’espace conservateur, les positions sont sur ce sujet moins tranchées : environ un quart des répondants considère en effet que Trump se comporte en démocrate — jusqu’à 30 % chez les Sociaux-Patriotes, 36 % chez les Traditionalistes et 53 % chez les Identitaires.

Le rapport à Trump constitue ainsi un bon révélateur des clivages qui traversent la société française et des recompositions politiques en cours en ce qu’il donne à voir la proximité des électorats LR, RN et Reconquête.

Jean-Yves Dormagen

Quant aux autres, ils le considèrent bien plus fréquemment comme ayant des tendances autoritaires que comme quelqu’un se comportant en dictateur — sans que l’on sache d’ailleurs déterminer si, au sein de ces groupes, l’autoritarisme est perçu comme une qualité ou comme un défaut, nombre d’études ayant montré qu’un désir  d’autorité et d’un fort leadership se retrouvait particulièrement dans ces segments de la population.

10 — L’attachement des Français à l’Union et la tentation du Frexit

Enfin, il est intéressant de mesurer le niveau d’attachement des Français à l’Union européenne et, plus particulièrement, la proportion de ceux qui se déclarent favorables à une sortie de l’Union (Frexit).

Sur cette question, une majorité de Français (61 %) déclarent vouloir que la France reste membre de l’Union.

Les Frexiters représentent, quant à eux, 30 % des répondants — tandis que 9 % déclarent « ne pas savoir », traduisant sans doute une indécision marquée sur ce sujet. Bien que minoritaire, cette proportion de Frexiters est loin d’être négligeable : parmi les cinq pays sondés dans le cadre de cette étude, la France est celui qui compte le plus d’eurosceptiques. Leur proportion a d’ailleurs légèrement progressé (+4 points) depuis notre baromètre réalisé en décembre 2024.

Afin de mieux évaluer la solidité de cet attachement à l’Union — et, inversement, la disponibilité à envisager une sortie — nous avons posé une seconde question, formulée ainsi :

« Si l’Union européenne ne parvenait pas à protéger efficacement les citoyens face aux menaces géopolitiques et politiques, pensez-vous qu’il faudrait envisager une sortie de l’Union européenne ? »

Posée de cette manière, volontairement orientée, cette formulation contribue mécaniquement à faire progresser la proportion des répondants favorables à une sortie de l’Union.

Mais il est intéressant de constater que, dans des pays comme l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne, leur proportion reste malgré tout nettement minoritaire, confirmant l’attachement fort de ces populations à l’Union.

En France, comme en Pologne, les pro-sortie deviennent en revanche légèrement plus nombreux que les pro-Union.

Que retenir des réponses à ces deux questions ?

Que la France compte un nombre élevé de citoyens eurosceptiques et que l’attachement à l’Union apparaît fragile, voire ambivalent dans une large fraction de la population. Une partie importante pourrait évoluer vers une position pro-Frexit si l’image de l’Union et sa capacité à protéger efficacement les citoyens venaient à se détériorer.

Parmi les cinq pays sondés dans le cadre de cette étude, la France est celui qui compte le plus d’eurosceptiques.

Jean-Yves Dormagen

Sur ce sujet comme sur bien d’autres — la société française est très fracturée et polarisée. Les partisans de la sortie se concentrent principalement chez les plus antisystèmes et les plus conservateurs. Dès lors, les clusters qui cumulent ces deux caractéristiques apparaissent massivement acquis à la cause du Frexit : ainsi, 88 % des Sociaux-Patriotes et 82 % des Identitaires se déclarent favorables à quitter l’Union.

Ces tendances trouvent évidemment une traduction électorale.

60 % des électeurs du Rassemblement national se disent favorables à une sortie de l’Union européenne — contre 33 % qui souhaitent y rester. Du côté de Reconquête, 53 % des électeurs sont favorables à une sortie, ce qui correspond à un profil très conservateur mais un peu moins antisystème en moyenne que celui des électeurs RN. À l’opposé, les électorats écologistes, PS/Place publique et Renaissance expriment un attachement quasi unanime au maintien de la France dans l’Union.

La France insoumise constitue un cas particulier : si une majorité de ses électeurs souhaite rester dans l’Union, une fraction minoritaire mais significative (31 %) se déclare favorable à une sortie. L’ambivalence est encore plus forte lorsque l’on observe les réponses à la seconde formulation de la question : une majorité des électeurs de la France insoumise bascule alors du côté du Frexit. Dans ce cas, la proportion atteint 76 % parmi les électeurs du RN et 69 % chez ceux de Reconquête.

Ces résultats montrent que le rapport des Français à l’Union reste fragile. 

L’adhésion majoritaire que l’on mesure encore aujourd’hui pourrait évoluer vers davantage de scepticisme, voire de rejet, sous l’effet de deux dynamiques structurantes :

  • la progression du dégagisme et des positions antisystèmes ;
  • la montée des valeurs conservatrices, associées au repli nationaliste et au rejet d’un projet, dont le fondement repose précisément sur la volonté de transcender les frontières et les identités nationales.