Ce matin, mardi 23 septembre, le Conseil de l’Atlantique Nord s’est réuni pour la deuxième fois en moins de deux semaines suite à l’activation par l’Estonie de l’Article 4 du Traité de l’OTAN en réaction à la violation de son espace aérien par trois avions russes MiG-31 armés, vendredi 19 septembre.

Neuf jours plus tôt, les alliés de l’OTAN s’étaient déjà réunis suite à la violation de l’espace aérien polonais par une vingtaine de drones russes.

  • Dans son communiqué, le Conseil de l’Atlantique Nord a dénoncé mardi 23 un « comportement de plus en plus irresponsable de la Russie ».
  • L’OTAN affirme que Moscou porte « l’entière responsabilité de ces agissements, qui sont de nature à conduire à une escalade, risquent de donner lieu à une erreur d’appréciation et mettent des vies en danger » 1.

Depuis le lancement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en février 2022, la Russie a violé à au moins 20 reprises les frontières de pays membres de l’OTAN, principalement ceux de la Roumanie et de la Pologne, mais également de la Lettonie, de l’Estonie ou de la Suède, en juin 2024. Ces violations s’accompagnent de plusieurs centaines de perturbations des systèmes de navigation par satellite, principalement en Baltique ainsi qu’en Roumanie et en Bulgarie.

Tout comme dans le cadre de la guerre hybride qu’elle mène contre l’Europe depuis 2022 — incendies, opérations de sabotage, tentatives d’assassinat… —, la Russie de Poutine cherche à tester les réponses des membres de l’OTAN.

  • Si l’organisation condamne fermement ces incursions, contre lesquelles elle menace d’employer « tous les outils militaires et non-militaires » jugés nécessaires, la principale puissance militaire de l’alliance, les États-Unis, a apporté une réponse pour le moins modérée.
  • Tandis que le secrétaire d’État américain Marco Rubio s’est engagé à travailler avec les membres de l’Alliance pour « défendre chaque centimètre carré du territoire de l’OTAN », Donald Trump s’était contenté de déclarer sur son réseau Truth Social : « Que se passe-t-il avec la Russie qui viole l’espace aérien polonais avec des drones ? C’est parti. »
  • Les États-Unis n’ont participé à aucune opération lors des incursions russes : les F-35 néerlandais et les F-16 polonais ont abattu plusieurs drones russes en Pologne ; pour la Roumanie, ce sont deux F-16 roumains qui ont suivi le drone russe ayant violé l’espace aérien du pays ; pour l’Estonie, ce sont des F-35 italiens qui ont décollé en urgence. 

L’OTAN serait également en train de débattre de la manière de répondre à ces incursions. 

  • Selon plusieurs sources, les États-Unis s’opposeraient à l’idée d’abattre les avions russes entrant dans l’espace aérien des membres de l’OTAN.
  • Hier, lundi 22 septembre, le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré que Varsovie « prendra la décision d’abattre les objets volants lorsqu’ils violeront notre territoire et survoleront la Pologne. Il n’y a absolument aucune discussion à ce sujet ».
  • Marco Rubio a répondu dans un entretien sur CBS News : « Je ne pense pas que quelqu’un ait parlé d’abattre des avions russes, sauf s’ils attaquent » 2.
  • Donald Trump a toutefois déclaré aujourd’hui, mardi 23 septembre, qu’il estimait que les pays membres de l’OTAN devraient abattre les avions russes s’ils violaient leur espace aérien.
  • Il ne s’est cependant pas prononcé sur la participation des États-Unis à une telle opération : « Cela dépend des circonstances […] Mais vous savez, nous sommes très favorables à l’OTAN ».

Le président ukrainien a également accusé Moscou d’avoir violé l’espace aérien danois hier, lundi 22, lorsque des drones provenant de plusieurs directions ont été aperçus dans le ciel du pays, contraignant les autorités à suspendre tous les vols de l’aéroport de Copenhague, le plus fréquenté de Scandinavie. La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, s’est pour l’heure contentée de déclarer qu’elle ne « pouvait pas nier qu’il s’agit de la Russie » 3.

Face à une menace russe qui se fait de plus en plus prononcée, l’Alliance a annoncé le lancement le 12 septembre d’Eastern Sentry, qui vise à renforcer son flanc Est.

  • Plusieurs moyens supplémentaires seront déployés dans le cadre de l’opération, parmi lesquels des F-16 danois, des Rafale français, des Eurofighter allemands ainsi qu’une frégate antiaérienne de Copenhague.
  • Alors que l’Italie, l’Espagne, la Suède, la Tchéquie et le Royaume-Uni ont eux aussi annoncé contribuer à Eastern Sentry, ce n’est pas le cas des États-Unis.
  • Le commandant suprême américain des forces alliées en Europe, Alexus Grynkewich, a déclaré le 12 septembre, sur le ton de la plaisanterie : « En ce qui concerne les ressources militaires américaines… Je suis ici, et je suis impliqué ».
  • Au début du mois, les États-Unis ont notifié aux Européens leur intention de réduire le financement des programmes destinés à aider à former et à équiper les armées des pays européens limitrophes de la Russie 4.

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU portant sur les incursions russes qui s’est tenue hier, lundi 22 septembre, le représentant russe adjoint, Dmitry Polyanskiy, a cité le discours de JD Vance à Munich pour tenter de présenter les accusations de l’OTAN comme relevant d’une « russophobie » : « La menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est pas la Russie, ce n’est pas la Chine, ce n’est aucun autre acteur extérieur. Ce qui m’inquiète, c’est la menace de l’intérieur : le recul de l’Europe sur certaines de ses valeurs les plus fondamentales » 5.

Sources
  1. Statement by the North Atlantic Council on recent airspace violations by Russia, OTAN, 23 septembre 2025.
  2. Secretary of State Marco Rubio with Tony Dokoupil of CBS Mornings, US Department of State, 23 septembre 2025.
  3.  Agnete Finnemann Scheel, « Ekspert peger på russerne : ‘Hvem skulle det ellers være ?’ », DR, 23 septembre 2025.
  4. Natalia Drozdiak, « US Set to Cut Security Funds for Allies Along Russia Border », Bloomberg, 4 septembre 2025.
  5. Sergey Radchenko, You have been warned, Substack, 23 septembre 2025.