L’assassinat de l’influenceur d’extrême-droite et figure centrale du mouvement MAGA Charlie Kirk a provoqué une levée de boucliers chez les conservateur américains, qui y dénoncent une attaque des « Antifas », un terme générique utilisé par Trump et d’autres Républicains pour désigner la gauche libérale.

Sur les réseaux sociaux et dans des podcasts, des membres de l’administration, comme le vice-président J.D. Vance, ont appelé à signaler à leurs employeurs ceux qui auraient « célébré » l’assassinat de Kirk.

  • Jimmy Kimmel est la figure la plus visible et, certainement, la plus populaire de cette « purge » qui s’est accélérée ces derniers jours.
  • L’humoriste, présentateur de l’émission de télévision Jimmy Kimmel Live !, a été suspendu mercredi 17 septembre par la chaîne ABC pour avoir accusé le mouvement MAGA de chercher à « capitaliser » sur la mort de Kirk.
  • Donald Trump a salué la décision prise par ABC, qui appartient au groupe Disney, ajoutant qu’il n’avait pas été suspendu pour des raisons liées ou non à la liberté d’expression mais pour « manque de talent ».

Derrière la figure de Kimmel, au moins des dizaines de journalistes, personnel travaillant dans des universités, des écoles ou des salariés du privé ont été suspendus voire licenciés. 

  • Karen Attiah, chroniqueuse au Washington Post, un journal racheté par Jeff Bezos en 2013, a déclaré avoir été licenciée en raison de publications sur les réseaux sociaux dans lesquels elle dénonçait un « double standard racial » suite à l’assassinat de Kirk.
  • L’analyste de MSNBC Matthew Dowd a quant à lui été licencié pour avoir déclaré que Kirk avait tenu des propos haineux. Rebecca Kutler, présidente de la chaîne de télévision, s’est par la suite excusée publiquement pour les propos tenus par Dowd.
  • L’assistante du doyen de la Middle Tennessee State University, Laura Sosh-Lightsy, a quant à elle perdu son emploi ​​pour avoir écrit sur Facebook qu’elle n’avait « AUCUNE sympathie », après que la sénatrice républicaine de l’État Marsha Blackburn ait attiré l’attention sur ces remarques et exigé son licenciement.
  • Plusieurs enseignants du primaire et du secondaire en Floride, dans le Massachusetts ou en Virginie, ont également été licenciés suite à des commentaires sur l’asasssinat de Charlie Kirk jugés insensibles.

Bien loin d’être des événements isolés, ces licenciements s’inscrivent dans une stratégie coordonnée. La Charlie Kirk Data Foundation — un site web anonyme initialement intitulé « Expose Charlie’s Murderers » (Dénoncez les meurtriers de Charlie) — affirme avoir reçu plus de 60 000 contributions.

  • La procureure générale, Pam Bondi, a établi une distinction lundi sur Fox News entre « discours haineux » et « liberté d’expression » en déclarant : « Nous vous prendrons pour cible et vous poursuivrons si vous visez quelqu’un avec un discours haineux ». Il n’existe pourtant pas une telle distinction dans le premier amendement. 
  • Le même jour, Bondi a suggéré qu’elle pourrait demander de « poursuivre » les entreprises qui refuseraient des clients souhaitant imprimer des photos de Kirk pour des veillées commémoratives, citant l’exemple d’un employé d’Office Depot dans le Michigan qui a été licencié pour avoir refusé une telle commande.
  • Le secrétaire d’État adjoint Christopher Landau a quant à lui déclaré le lendemain de l’assassinat de Kirk que des « mesures appropriées » allaient être prises concernant les étrangers souhaitant se rendre aux États-Unis qui « louent, minimisent ou rationalisent l’événement ».

Les membres de l’administration récompensent les entreprises qui ont pris des mesures contre des employés ayant critiqué Kirk, comme le secrétaire aux Transports Sean Duffy, qui a félicité American Airlines pour avoir suspendu des pilotes de ligne en ajoutant : « La prochaine étape devrait être de les licencier ».

  • Il s’agit d’un revirement de position notable de certaines figures MAGA : en 2023, Elon Musk affirmait que X prendrait en charge les frais juridiques de toute personne ayant été injustement traitée par son employeur pour avoir publié ou aimé quelque chose sur la plateforme.

Cette purge concerne aussi bien les salariés du privé que les fonctionnaires fédéraux, pourtant protégés par le premier amendement.

  • Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a déclaré que le Pentagone « surveillait » des militaires ou fonctionnaires civils ayant « célébré » la mort de Kirk.
  • Un agent du Secret Service, une branche du département de la Sécurité intérieure, a été suspendu pour avoir accusé Kirk de « répandre la haine et le racisme ».
  • Le directeur de l’agence, Sean Curran, a déclaré dans un mémo : « Les hommes et les femmes des services secrets doivent s’attacher à apporter des solutions, et non à aggraver le problème ».