Tandis que Volodymyr Zelensky, accompagné de six dirigeants européens ainsi que du secrétaire général de l’OTAN, s’apprête à s’entretenir aujourd’hui, lundi 18 août, avec Donald Trump à Washington suite à la rencontre du président américain avec Poutine en Alaska vendredi 15, la question des sanctions — et de leur éventuelle levée, partielle ou totale — devrait faire partie des discussions.
- Depuis 2022, la Russie est devenue le pays le plus sanctionné au monde, dépassant l’Iran et la Corée du Nord.
- Selon Castellum.AI, au 15 août, plus de 25 000 mesures restrictives visaient des individus ainsi que des entités russes (majoritairement des entreprises).
- Ces sanctions sont imposées par les États-Unis, l’Australie, la Suisse, et par les pays membres du G7 et de l’Union. La France a également imposé unilatéralement plus de 2 500 mesures.
Si la Russie continue d’investir massivement dans son armée et ses capacités militaires, son économie a été largement fragilisée par l’exclusion de ses banques de SWIFT, le plafonnement à 60 dollars du baril de pétrole ou bien la suspension de la quasi-totalité des importations de produits énergétiques par les pays européens.
Selon plusieurs sources au fait des discussions, Poutine aurait cherché à obtenir un allègement des sanctions dans le cadre de tout accord conclu avec Trump à Anchorage 1.
- Cette condition fait partie de la liste de souhaits officielle exprimée par le régime russe depuis plusieurs mois.
- En mars, le Kremlin avait exigé dans un communiqué, publié après la conclusion d’un supposé cessez-le-feu partiel, la levée des sanctions imposées sur Rosselkhozbank ainsi que la reconnection des banques russes à SWIFT.
- Selon une analyse de la société russe de services financiers Finam (Финам), la levée des sanctions sectorielles, notamment dans le secteur financier, « serait la mesure la plus significative pour l’économie » 2.
- À Anchorage, la délégation russe a dû payer en espèces pour le ravitaillement de ses avions en raison de son exclusion des systèmes bancaires occidentaux 3.
Si l’impact quantitatif d’une levée — même partielle — des sanctions est difficile à estimer sans connaître précisément les mesures concernées, l’Académie russe de l’économie nationale et du service public auprès du président (РАНХиГС), une institution publique d’enseignement supérieur, estime que celui-ci pourrait se traduire par une hausse de la croissance du PIB russe de 0,5 à 1 point de pourcentage 4.
- Pour Moscou, la priorité est de retrouver un accès aux flux financiers internationaux, notamment via la reconnexion à SWIFT, afin de faciliter les mouvements de devises de réserve et de réduire les coûts de transaction.
- Poutine chercherait également à obtenir une levée des restrictions pesant sur les exportations de pétrole en exigeant que la flotte fantôme russe ne soit plus visée par des sanctions et en s’assurant que des mesures secondaires ne seront pas imposées sur les importateurs d’énergie russe — Inde, Chine et Turquie notamment.
- D’autres objectifs comme la réouverture de Nord Stream 1 et 2, la levée des restrictions pesant sur ses exportations d’engrais et de produits agricoles et des contrôles à l’exportation pour les technologies de pointe (comme les semi-conducteurs) auraient également un effet bénéfique pour l’économie russe 5.
- Lors d’un entretien publié dans nos pages le mois dernier, l’envoyé spécial de l’Union pour les sanctions, David O’Sullivan, estimait que sans les mesures européennes, « la Russie aurait disposé de 450 milliards d’euros supplémentaires pour financer sa guerre ».
Sources
- « Exposing the Cracks at the Heart of Putin’s War Economy », Bloomberg, 13 août 2025.
- Ксения Котченко, « Экономисты оценили перспективы экономики России в случае смягчения санкций », Ведомости, 5 mars 2025.
- Secretary of State Marco Rubio with Kristen Welker of NBC Meet the Press, Département d’État américain, 17 août 2025.
- Ксения Котченко, op. cit.
- Sam Greene, Alexander Kolyandr, Benjamin Schmitt et David Kagan, Sanctions Crunch Time : Russia’s Wish List vs. Transatlantic Resolve, Center for European Policy Analysis (CEPA), 14 juillet 2025.