Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, le président finlandais Alexander Stubb, le premier ministre britannique Keir Starmer,  la présidente de la Commission von der Leyen et le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte accompagneront Zelensky, le 18 août, à Washington, pour des discussions avec Trump.

Si Trump a affirmé que des progrès avaient été réalisés lors de ses discussions avec Poutine, ce que l’on sait avec certitude, c’est que les États-Unis ont abandonné l’approche qui a guidé la diplomatie européenne jusqu’à présent, à savoir obtenir un cessez-le-feu qui gèlerait le front avant le début des discussions en vue d’un accord de paix.

  • Après l’Alaska, Poutine semble avoir obtenu le droit de continuer sa guerre d’agression sans craindre de nouvelles sanctions américaines, tout en continuant à s’engager vaguement et sans faire de compromis dans des négociations de paix.
  • Selon Meduza, les consignes données aux journalistes par le Kremlin après le sommet demandent aux médias russes de présenter la rencontre comme « historique » entre deux superpuissances, et d’insister sur le fait qu’« aucun accord n’a été conclu — et qu’aucun accord n’aurait pu l’être », tout en mettant en avant l’égalité entre Trump et Poutine et la restauration du statut de grande puissance de la Russie grâce aux actions menées depuis 2022 1
  • Si l’on en sait peu sur le contenu des discussions, l’une des demandes les plus constantes des Russes semble être le retrait des forces ukrainiennes de l’oblast de Donetsk, où une ligne défensive stratégique empêche les troupes au sol de progresser.
  • En contrepartie, Poutine aurait proposé un cessez-le-feu limité — sans qu’on sache plus sur la durée — dans les oblasts de Zaporijia et de Kherson, ainsi que l’engagement de ne pas lancer de nouvelles offensives pour conquérir d’autres territoires. 
  • La délégation américaine estimerait également que Poutine serait ouvert à des négociations concernant les oblasts de Soumy et de Kharkiv, où les forces russes mènent actuellement des opérations offensives 2. Notons toutefois que la plupart des sources russes et occidentales évoquant cette rencontre n’ont pas indiqué que Poutine avait mentionné ces deux régions.
  • Selon des sources citées par le Financial Times 3, Poutine serait prêt à faire des compromis sur d’autres questions, y compris territoriales, s’il estime qu’un accord traite des « causes profondes » de la guerre : une expression utilisée par le Kremlin pour désigner l’élargissement de l’OTAN vers l’est, et qui est en réalité un raccourci pour exiger la suspension de la souveraineté ukrainienne et la capitulation totale de Kiev.

Les discussions entre Européens et Américains devraient toutefois porter davantage sur les garanties de sécurité que Kiev pourrait obtenir que sur les questions territoriales. 

  • Trump aurait exprimé son ouverture à ce que les États-Unis offrent des garanties de sécurité aux côtés des Européens, à condition que cela reste en dehors de l’OTAN.
  • Selon le Wall Street Journal, ces garanties pourraient inclure un soutien militaire américain à une force de sécurité dirigée par l’Europe, sans toutefois impliquer le déploiement de troupes américaines. Elles reposeraient également sur des engagements bilatéraux et sur un soutien financier et militaire aux forces armées ukrainiennes assuré par une coalition de pays occidentaux volontaires 4.

Dans une déclaration commune publiée le 16 août, les Européens mettent en avant les points suivants, laissant entendre que Poutine aurait pu demander en Alaska la levée des sanctions, la démilitarisation du pays, la reconnaissance internationale des territoires occupés ainsi que exprimé son véto à l’adhésion du pays à l’Union :  

  • la prochaine étape doit désormais consister en de nouvelles discussions, auxquelles participera le président Zelensky ;  
  • l’Ukraine doit bénéficier de garanties de sécurité solides afin de défendre efficacement sa souveraineté et son intégrité territoriale ; 
  • aucune restriction ne doit être imposée aux forces armées ukrainiennes ni à leur coopération avec des pays tiers ;  
  • la Russie ne peut opposer son veto à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN ; 
  • les frontières internationales ne doivent pas être modifiées par la force ;
  • tant que les tueries se poursuivront en Ukraine, nous sommes prêts à maintenir la pression sur la Russie 5.