Après huit années de réparations à quai rythmées par plusieurs incidents, le porte-avion Amiral Kouznetsov — le seul dont dispose la marine russe — pourrait finalement être désarmé puis coulé, faute de fonds suffisants pour le réparer. Les travaux de réparation de modernisation auraient ainsi déjà été suspendus, en amont d’une décision définitive qui devrait être prise au cours des prochains mois 1.

  • L’Amiral Kouznetsov est un bâtiment de plus de 300 mètres de long entré en service dans la marine russe en 1995. Il est capable de transporter simultanément jusqu’à 50 avions et hélicoptères.
  • Celui-ci a subi plusieurs incidents et dysfonctionnements au cours de sa période d’activité, relativement courte : deux de ses appareils (un MiG et un Su-33) se sont écrasés en mer, ses moteurs peu fiables le contraignaient à être escorté par un remorqueur, et il relâchait une épaisse fumée noire, plus ou moins maîtrisée.

En 2017, alors qu’il rentre d’un déploiement au large de la Syrie, l’Amiral Kouznetsov entame une révision qui doit durer cinq ans. Entre 2018 et 2022, le bâtiment subit toutefois deux incendies à trois ans d’intervalle et l’effondrement de la cale sèche flottante où le navire était en réparation laisse un trou de plusieurs mètres de large au-dessus de sa ligne de flottaison. Le ministère de la Défense, resté longtemps silencieux quant à l’avenir du porte-avion, devrait bientôt être contraint d’annoncer ce qu’il compte faire du bâtiment.

La possible démolition de l’Amiral Kouznetsov fait l’objet de débats au sein de l’armée russe.

  • Seulement 8 pays dans le monde opèrent des porte-avions. Ces bâtiments permettent aux armées de projeter des forces aériennes à plusieurs milliers de kilomètres de leurs frontières et de réaliser des missions en quasi-autonomie.
  • Le coût associé à la construction puis à l’entretien des porte-avions est toutefois perçu comme un fardeau. L’ancien commandant de la flotte russe du Pacifique, Sergei Avakyants, dénonce ainsi « une arme navale très coûteuse et inefficace » qui est, de plus, très vulnérable face à de nouveaux systèmes d’armes 2.
  • D’autres experts considèrent que ces bâtiments sont essentiels pour assurer un soutien aérien à la flotte russe, particulièrement lorsque celle-ci se trouve loin de ses côtes.
  • Plus qu’un réel outil fiable de la marine, l’Amiral Kouznetsov était un symbole du rang mondial de la Russie.
  • Aucun projet sérieux de remplacement n’est actuellement étudié par le ministère de la Défense. En renonçant à son porte-avion actuel, Moscou pourrait ainsi passer les prochaines décennies sans bâtiment capable de remplir ces missions.
  • Dans le même temps, l’Inde et la Chine continuent de développer leurs propres flottes. La France devrait elle aussi entamer la construction de son porte-avion de nouvelle génération (PANG) en 2026.

La guerre russe en Ukraine mobilise la plupart des ressources de l’État russe, dont une part importante est désormais consacrée à la production d’obus, de drones et de véhicules blindés ainsi qu’aux soldes des soldats. Cette année, Moscou devrait allouer près d’un tiers de son budget à la défense, soit 13 500 milliards de roubles (environ 149 milliards d’euros).

Sources
  1. « Флагман российского флота могут распилить на металлолом », Холод, 14 juillet 2025.
  2. Максим Манаев, Тимофей Волков et Федор Горбунов, « Бремя ремонта : крейсер « Адмирал Кузнецов » могут сдать на металлолом », Известия, 11 juillet 2025.