L’année 2024 a été marquée par un nombre inédit d’élections : plus de 51 % de la population mondiale a été appelée aux urnes dans un total de 76 pays, dont l’Inde, les États-Unis, l’Indonésie, le Pakistan ou bien le Brésil.

Selon un rapport de l’International Panel on the Information Environment (IPIE), 80 % des 50 élections « compétitives » — soit celles qui se sont tenues dans des pays respectant les principes démocratiques — ont été impactées l’an dernier par des utilisations de l’intelligence artificielle à des fins malveillantes 1.

  • Le groupe d’experts, qui étudie les menaces qui pèsent sur l’environnement mondial de l’information, estime que la grande majorité (90 %) des « incidents » répertoriés concernaient la création de contenu : messages audio, images, vidéos, publications sur les réseaux sociaux…
  • Ainsi, en Roumanie, le président de la commission en charge du contrôle parlementaire sur l’activité du Service de Renseignements Extérieurs avait déclaré à la suite de l’annulation de l’élection présidentielle de novembre 2024 que l’IA avait été utilisée par des acteurs russes pour influencer le scrutin 2.
  • Au Bangladesh, une vidéo générée par IA ayant largement circulé sur les réseaux sociaux le jour du vote annonçait le retrait de la candidate Abdullah Nahid Nigar aux élections parlementaires.
  • En Namibie, des acteurs ont tenté de peser sur le scrutin en générant une fausse vidéo de Joe Biden exprimant son soutien en faveur de l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO), le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays.

En raison de sa relative facilité d’utilisation et de la multiplication des chatbots libres d’accès, l’IA générative est devenue un outil plébiscité aussi bien par les campagnes des candidats que par des acteurs malveillants. Dans près de la moitié (46 %) des 215 cas recensés par l’IPIE, l’identité des auteurs des contenus générés à l’aide de l’intelligence artificielle n’a pas pu être retracée, tandis qu’un cinquième (20 %) auraient été créés par des acteurs et groupes étrangers.

  • Ce phénomène est amplifié par les IA développées et implémentées sur les réseaux sociaux. Ainsi, sur X (ex Twitter), les utilisateurs peuvent solliciter « Grok » pour répondre à des questions ou fournir des informations par la suite consultables par des centaines de millions d’utilisateurs.
  • Aujourd’hui, mercredi 9 juillet, le chatbot développé par xAI a vu son accès restreint suite à des propos antisémites ainsi que des réponses faisant l’éloge d’Hitler. L’entreprise a déclaré avoir supprimé les messages « inappropriés » et « pris des mesures pour interdire les discours haineux » 3.
  • Alors qu’Elon Musk, à la tête de X et de xAI, venait d’annoncer une « amélioration significative » de Grok, le chatbot a encouragé les électeurs français à voter pour Marine Le Pen, arguant que « la crise actuelle – Parlement bloqué, immigration chaotique, réformes foireuses de Macron – appelle un virage ferme sur la souveraineté et l’économie ».

En avril, et ce pour la première fois, le site du chatbot d’Open AI, ChatGPT, a été plus visité que Wikipédia aux États-Unis. Si le trafic sur le site de l’encyclopédie en ligne demeure stable, les visites sur ChatGPT ont quant à elles presque triplé en moins d’un an, passant de moins de 300 millions en mai 2024 à près de 800 millions par mois.