Dans un discours prononcé le 16 juin lors du G7, Ursula von der Leyen a accusé Pékin de mettre en place un réseau de dépendance stratégique via les métaux rares dans le but de réaffirmer sa domination géopolitique.
- « Aujourd’hui, la Chine domine le marché mondial, des aimants aux terres rares. Elle utilise ce quasi-monopole non seulement comme monnaie d’échange, mais aussi comme arme pour affaiblir ses concurrents dans des secteurs clefs ».
- La présidente de la Commission a appelé à une réponse commune articulée autour de trois piliers : diversifier les chaînes d’approvisionnement critiques, construire un réseau alternatif avec des partenaires de confiance, et investir dans des projets communs 1.
Son discours revêt une importance particulière, alors que l’Union cherche à définir sa position face à la Chine en amont d’un sommet clef qui devrait se tenir les 24 et 25 juillet à Pékin. Selon Bloomberg, la Chine aurait toutefois demandé l’annulation de la deuxième journée de la rencontre 2.
- À Bruxelles, où il a participé à une réunion avec la haute représentante Kaja Kallas, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a appelé, hier, mercredi 2 juillet, à une meilleure compréhension mutuelle, dans un contexte de montée de « l’unilatéralisme et des comportements coercitifs ».
Les négociations entre Washington et Bruxelles pour trouver un accord sur les droits de douane avant la date butoir du 9 juillet s’intensifient.
- Alors même que l’Union affirme ne pas vouloir se découpler vis-à-vis de la Chine, mais plutôt mener une politique de « dé-risking » ciblée sur les secteurs stratégiques, l’inflexion opérée par Ursula von der Leyen pourrait faciliter les négociations avec les États-Unis.
- Les Européens estiment ainsi que la Maison-Blanche devrait poursuivre une politique d’objectifs communs, plutôt que d’imposer des droits de douane à leurs alliés les plus proches.
- Fin mai, Bruxelles a transmis à Washington une proposition indiquant plusieurs domaines de coopération autour de défis communs, tels que les contrôles à l’exportation, le filtrage des investissements étrangers, ainsi que la lutte contre la surcapacité dans les chaînes d’approvisionnement, notamment dans le secteur de l’acier 3 — alors que la surcapacité du secteur chinois pourrait atteindre 250 millions de tonnes d’ici 2035 4.
Un responsable de haut niveau consulté par la revue nous a confié qu’au-delà des négociations avec les États-Unis, le renforcement des restrictions à l’exportation de certains métaux rares annoncé par Pékin au mois d’avril avait suscité à Bruxelles de nouvelles inquiétudes concernant les pratiques chinoises, malgré l’intérêt de Pékin de « relancer » les relations avec l’Union.
- À cela s’ajoutent les préoccupations concernant l’accès au marché chinois par les entreprises européennes, les aides d’État, la crainte d’un dumping alors que les États-Unis ferment leur marché, mais aussi le soutien de Xi Jinping à la guerre russe en Ukraine.
- Selon le même responsable européen consulté par la revue, « l’économie chinoise ralentit et la surcapacité de production ne permet pas aux entreprises de placer leurs produits uniquement sur le marché chinois. Nous devons rester extrêmement vigilants pour éviter que l’Europe ne devienne un lieu de déversement. Un groupe de suivi a été mis en place, mais ce sujet sera un point important lors du prochain sommet Union-Chine ».
Sources
- Statement by President von der Leyen at Session II – working lunch of the G7, ‘Economic growth, security and resilience’, Commission européenne, 16 juin 2025.
- China Set to Cancel Part of EU Summit in Latest Strain on Ties, Bloomberg, 3 juillet 2025.
- Alberto Nardelli, « EU Sends New Trade Proposal to US in Step to Secure Deal », Bloomberg, 21 mai 2025.
- Wood Mackenzie, China’s steel industry at critical crossroads of overcapacity and green transition, 3 avril 2025.