30 millions de Polonais sont appelés aujourd’hui aux urnes, pour la quatrième fois en un an et demi, période au cours de laquelle leurs votes ont bouleversé les équilibres politiques et donné un ascendant aux tendances libérales, sans toutefois minimiser le poids du PiS et de sa coalition, Droite unie, dans l’électorat.

  • Les principaux candidats sont Rafał Trzaskowski, vice-président de la Plateforme civique et actuel maire de Varsovie, qui a perdu de peu face au président Duda en 2020, et Karol Nawrocki, indépendant soutenu par le PiS.
  • Trzaskowski recueille actuellement 31 % des intentions de vote en moyenne dans les sondages, devant Nawrocki (25 %), mais il a constamment perdu du terrain face à son principal opposant ces dernières semaines.
  • Le candidat d’extrême droite Sławomir Mentzen, soutenu par le parti Confédération, s’impose comme un concurrent inattendu dans la course. Il recueille actuellement 13 % des intentions de vote, contre 19 % en mars.
  • Toutes les enquêtes d’opinion indiquent que le candidat de la Plateforme civique l’emporterait au second tour.

L’élection aura un impact significatif sur le reste du mandat de Tusk, qui doit prendre fin à l’automne 2027. Depuis son retour au pouvoir en décembre 2023, les vetos du président Duda — utilisés sur des lois emblématiques, essentiellement progressistes comme la pilule du lendemain, la fécondation in vitro ou les unions civiles entre couples de même sexe, qui étaient des mesures symboliques de la campagne de Tusk en 2023 mais aussi pour les projets de réforme de la justice — ont considérablement entravé sa capacité à gouverner.

  • Si c’est globalement le Premier ministre — donc Donald Tusk — qui représente le pays dans les diverses instances internationales, le président de la République polonaise est le chef de l’État et le commandant en chef des armées.
  • C’est un sujet central pour la Pologne, qui devrait dépenser près de 5 % de son PIB dans la défense cette année, et qui dispose désormais de plus de militaires que la France.
  • Le président ne décide pas des budgets militaires, mais peut refuser les lois de finances proposées par le gouvernement et les renvoyer au Tribunal constitutionnel. Durant la campagne, Trzaskowski comme Nawrocki se sont exprimés en faveur de la hausse des dépenses de défense et du maintien de l’assistance militaire à l’Ukraine.

L’élection sera également un test pour mesurer si les candidats d’extrême droite en Europe peuvent bénéficier de leur alignement avec le mouvement MAGA, comme cela semble être le cas en Roumanie.

  • Alors que le PiS espérait bénéficier de ses liens étroits avec Donald Trump — le président actuel, Duda, affiche une relation privilégiée avec son homologue qu’il a rencontré en avril 2024 à New York avant son élection, puis une nouvelle fois en février 2025 lors de la CPAC à Washington —, les déclarations du président américain remettant en question les engagements en matière de sécurité et son soutien à l’Ukraine rendent ce positionnement plus difficile.
  • Dans notre sondage Eurobazooka, 46 % des Polonais estimaient que l’élection de Donald Trump rend le monde moins sûr, et seulement 19 % considéraient que le président américain est un ami de l’Europe.
  • Nawrocki a rencontré Trump le 2 mai à la Maison-Blanche.