Points clefs
- Le conclave a pris fin aujourd’hui, 8 mai, 1 jour et 23 minutes après son début.
- 133 cardinaux en âge de voter ont élu à bulletins secrets aux deux tiers des voix le successeur de François, le cardinal américain Robert Francis Prevost lors du 4ème tour de scrutin, Léon XIV sera le 267e pape de l’Église.
- Trois papes consécutifs ont désormais été élus lors du deuxième jour du conclave.
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Le conclive est fini, allez-en paix ou abonnez-vous
Après plus de 500 pages soigneusement écrites, plusieurs centaines de milliers de points de données analysés (ici ou ici ou ici), des outils innovants (vous souvenez-vous du papomètre ?) un nombre presque illimité d’heures passé à scruter les méandres de la géopolitique vaticane et à étudier la vie des cardinaux, avec la clôture du conclave, ce direct se referme.
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Quelle est la semaine type d’un pape ?
Le pape alterne entre prière personnelle et liturgique, fonctions de représentation et réalités de ses actes de gouvernement. Comme tout prêtre, il est tenu à la récitation quotidienne du bréviaire (un abrégé des psaumes des offices monastiques) et célèbre la messe chaque jour, habituellement le matin, dans la chapelle privée du 3e étage du Palais apostolique, au Vatican (que le pape François a délaissée pour celle, plus petite, de la résidence Sainte-Marthe). Il peut réciter aussi son chapelet, comme acte de dévotion privée, souvent en se promenant dans les jardins du Vatican. En tant qu’archevêque de Rome, il préside bien sûr de nombreuses autres messes solennelles à l’occasion des grandes fêtes liturgiques de l’année (Noël, Pâques…), qui ont lieu dans les grandes basiliques romaines, et au premier chef, bien sûr, la basilique Saint-Pierre. À cette occasion, il peut ordonner lui-même des prêtres et consacrer des évêques.
Le pape a également des fonctions de représentation.
- Il tient régulièrement des audiences publiques dans la grande salle Paul VI du Vatican, lors desquelles il prononce de fréquents discours et salue l’assistance. Il reçoit aussi au cours d’audiences privées dans le Palais Apostolique, les chefs d’État ou toute autre personnalité qui se voit agréée. Comme chef d’Etat, il reçoit encore les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège. Le dimanche, il bénit la foule à l’issue de la prière de l’Angélus, place Saint-Pierre. À Noël et à Pâques, cette bénédiction revêt la forme plus solennelle dite Urbi et Orbi, à la Ville et au monde, comme pour manifester le lien intrinsèque entre Rome et l’universalité de l’Eglise catholique.
- Au quotidien, le pape gouverne aussi l’Église à travers de très fréquentes réunions avec ses collaborateurs immédiats : au premier chef son « Premier ministre », le cardinal secrétaire d’État du Saint-Siège, et les autres cardinaux ou évêques chefs de Dicastères (l’équivalent des ministères) de son administration, la Curie romaine. Il doit signer tous les actes importants, et toutes les nominations d’évêques. Il préside les consistoires (réunions des cardinaux), et doit recevoir tous les évêques périodiquement en visite ad limina à Rome, au cours desquelles il est tenu informé de la situation de l’Église.
- Les repas des papes peuvent être des reflets de leur personnalité : Jean-Paul II tenait table ouverte à ses hôtes, et faisait de ses repas des moments de travail ; Benoît XVI avait plutôt coutume de les prendre seul, avant de regarder parfois le journal télévisé italien ; François les prenait au milieu des autres convives de l’hôtellerie Sainte-Marthe, discutait avec les simples employés du Vatican, et faisait lui-même la queue avec son plateau repas.
La routine du Saint-Siège est aussi rompue par les voyages apostoliques, fréquents depuis le pontificat de Paul VI (1963-1978). Le pape François a effectué 47 voyages hors d’Italie, davantage que Benoît XVI (25), mais sans égaler le record de Jean-Paul II (104). François a privilégié aux vieilles et grandes nations catholiques les « périphéries » de l’Église, où les catholiques sont numériquement faibles (la Mongolie, l’Asie centrale), ou sujets à des situations de grande détresse (le Soudan du Sud).
Un pape plus jeune
Élu à 69 ans, Léon XIV est plus jeune que ses deux prédécesseurs, François étant âgé de 76 ans lors de son élection et Benoît XIV de 78 ans. Il est cependant légèrement plus âgé que la moyenne des souverains pontifes des XXe et XIXe siècles (de Pie X à François), qui se trouve à 67 ans.
Que signifie ce nom ?
Le pape a choisi le nom de Léon XIV pour renouer avec le pape Léon XIII (1878-1903), pape de la doctrine sociale de l’Eglise et d’une relative ouverture au monde, tout en maintenant la rigueur de la théologie thomiste remise au goût du jour dans les études ecclésiastiques. Léon XIII, également grand pape diplomate, avait fait un geste inédit en invitant les catholiques français, majoritairement de tradition monarchiste, au ralliement à la IIIe République. En revanche, sur la question romaine, il était resté sur la ligne intransigeante de son prédécesseur Pie IX, refusant de reconnaître l’unité italienne autour de la Maison de Savoie.
Qui est Robert Francis Prevost ?
Né d’un père d’origine française et italienne et d’une mère d’origine espagnole, il étudie au petit séminaire des religieux de Saint-Augustin, ordre auquel il restera attaché, et dans lequel il entre le 1er septembre 1977, prononce ses vœux l’année suivante, et fait sa profession solennelle en 1981.
Léon est désormais le quatrième nom le plus choisi par les papes
Les réactions internationales
La question centrale a été résolue
Le protodiacre a utilisé le cas accusatif — comme pour François –, pour annoncer le nom du nouveau pape.
Signes de rupture
Lors de son élection, François avait décidé d’apparaître dans un habit ordinaire, une soutane blanche, sans changer de chaussures et sans porter de croix en or — en révolutionnant la tradition qui veut que le pape apparaisse à la Loggia en rouge, en portant à la fois une mozzetta (une petite chape de couleur rouge), une stola (un vêtement liturgique long et étroit) et des mocassins de peau rouge.
Léon XIV est revenu à cette tradition.
Donald Trump s’exprime sur Truth Social
« Félicitations au Cardinal Robert Francis Prevost, qui vient d’être nommé Pape. C’est un tel honneur de réaliser qu’il est le premier pape américain. Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays. J’ai hâte de rencontrer le pape Léon XIV. Ce sera un moment très marquant ! »
Léon XIV : le pape américain
Robert Francis Prevost est le nouveau souverain pontife de l’Église catholique.
Le pape a fait un premier geste pour marquer son respect fraternel vis-à-vis du collège
Selon des informations provenant du Vatican, le nouveau pape aurait salué un à un, d’une brève accolade, tous les cardinaux qui viennent de l’élire.
C’est un geste surprenant car il rompt avec la logique strictement hiérarchique qui s’installe dès l’élection : les cardinaux doivent prêter serment d’obéissance au souverain pontife.
Donald Trump vient de déclarer : « J’ai vu la fumée, mais pas le pape »
Devant le mystère du conclave, nous sommes tous égaux.
À la place Saint-Pierre, on scande : « Vive le Pape ! »
« Il faudra encore patienter une trentaine de minutes. »
C’est ce que l’on croit comprendre — un peu plus, un peu moins.
Entretemps les gardes suisses sont arrivés.
Trois papes consécutifs ont désormais été élus lors du deuxième jour du conclave
Conformément aux règles de la constitution apostolique, deux tiers des voix sont nécessaires pour qu’un candidat soit élu. Le quorum requis a donc été atteint lors du deuxième jour de scrutin — pour la quatrième votation.
La question du moment : génitif ou accusatif ?
La question clef du moment n’est pas vraiment de savoir quel sera le nom du pape, mais quel sera le cas que le protodiacre utilisera pour l’annoncer.
Depuis Paul VI, deux cas grammaticaux sont utilisés dans l’annonce Habemus Papam : l’accusatif (Paul VI, François) pour marquer le nom choisi comme objet direct, et le génitif (Jean-Paul Iᵉʳ, Jean-Paul II, Benoît XVI) pour indiquer le nom comme complément de nomen.
Le choix semble varier selon la tradition ou le style du protodiacre.
Quel habit fait le pape ?
Puisque l’identité du pape est inconnue avant son élection, on ignore également sa taille.
Il faut donc l’habiller dans un temps record pour que le pape puisse apparaître devant les fidèles. Pour ce faire, trois soutanes de trois tailles différentes sont déjà prêtes au début du conclave et attendent le pape dans la Stanza delle lacrime : une taille moyenne, une taille large et une taille extra large.
À noter : François avait décidé d’apparaître dans un habit ordinaire, une soutane blanche, sans changer de chaussures et sans porter de croix en or — en révolutionnant la tradition qui veut que le pape apparaisse à la Loggia en rouge, en portant à la fois une mozzetta (une petite chape de couleur rouge), une stola (un vêtement liturgique long et étroit) et des mocassins de peau rouge.
Dans le secret du conclave, le nouveau pape est entré dans la Stanza delle lacrime pour changer d’habit
La « Stanza delle lacrime » (chambre des larmes) est un lieu particulièrement symbolique situé dans la Chapelle Sixtine. C’est là que le pape élu se retire immédiatement après son élection pour changer de vêtements et méditer.
Dans cette petite pièce austère, l’ambiance contraste avec la grandeur des fresques de Michel-Ange, illustrant la relation entre la magnificence de l’art et l’intimité de la prise de conscience du nouveau pape. Monseigneur Agostini, cérémoniaire pontifical, a déclaré à Vatican News : « Le changement de tenue vestimentaire témoigne d’une profonde mutation dans son existence. C’est là qu’il apprend que son office dépasse sa personne ».
La mouette la plus célèbre du monde ?
Fumata bianca ! Les cloches sonnent sur la place Saint-Pierre
À 18:07 la fumée blanche sort de la cheminée de la Chapelle Sixtine.
Dans quelques minutes nous connaîtrons le nom et l’identité du prochain pape.
La prochaine fumée est attendue à 17h30 — seulement si elle est blanche
Nous vous l’expliquions dans ce direct, il y a bien deux tours de votes cet après-midi. Mais si le premier vote est négatif, la fumée noire n’apparaît pas.
Par conséquent, la prochaine fumée apparaîtra à 17h30 mais uniquement si elle est blanche car cela signifiera que les cardinaux se sont mis d’accord au premier vote de l’après-midi.
Si aucune fumée n’apparaît à 17h30, cela signifiera que la prochaine fumée apparaîtra aux alentours — ou à partir — de 19h. Elle pourrait être blanche ou noire. Dans ce dernier cas, cela signifierait qu’aucun nom n’a recueilli les deux tiers des voix au cinquième tour de scrutin ; et le conclave se prolongera demain.
Le conclave de 1963 : le choix de la poursuite d’un concile réformateur
Jean XXIII meurt un an après la première session du concile Vatican II, en 1962. Le choix implicite qui s’offre aux 80 cardinaux est donc celui de la poursuite du concile sur son élan réformateur, ou de son édulcoration, voire sa clôture rapide, voulues par la minorité conservatrice. C’est un conclave sans surprise : pour les conservateurs, la candidature de Siri se détache à nouveau, et pour les réformistes, celle du cardinal Montini, libéral mais sur une note plus modérée que l’archevêque de Bologne Lercaro. Montini parvient à surmonter sa minorité de blocage au bout de 6 tours de scrutin. Élu pape sous le nom de Paul VI, il mène à bien les 4 dernières sessions du concile Vatican II jusqu’en 1965, puis applique le programme réformateur tracé par le concile, avant de revenir à des positions plus conservatrices dans les années 1970.
Suite de notre petite histoire des conclaves : 1958, l’élection indécise d’un prétendu « pape de transition »
Le décès de Pie XII en 1958 met fin à un exercice très solitaire du pouvoir (il s’était même passé de secrétaire d’Etat à partir de 1944), ce qui fait que peu de figures d’autorité s’imposent naturellement pour lui succéder. Les 53 cardinaux participants hésitent donc entre l’archevêque de Gênes Siri, conservateur de la jeune garde, mais handicapé par son âge (il n’a que 52 ans, et les cardinaux ne veulent pas élire un “Père éternel”), le patriarche des Arméniens catholiques, Grégoire XV Agagianian, et, côté libéral, regardent même en direction de l’archevêque de Milan, Giovanni Battista Montini, ancien n°3 de la Curie, mais pas encore cardinal. Ce n’est que progressivement, après 11 tours de scrutin, qu’émerge le nom d’Angelo Roncalli, patriarche de Venise et ancien nonce en France, que sa rondeur rend rassurant et bonhomme, et surtout, à 77 ans, pape idéal de transition avant un pontife plus affirmé . C’est pourtant ce nouveau pape Jean XXIII qui, à la surprise générale, convoque le concile oecuménique Vatican II (1962-1965) qui verra l’aggiornamento de l’Eglise, son ouverture au monde.
Le Vatican est le pays avec la plus grande consommation de vin au monde par personne
Selon le Wine Institute, basé en Californie, un habitant du Vatican consomme en moyenne 74 litres de vin par an, un chiffre en hausse depuis plusieurs années — en 2011, il était de 62 litres.
Cela représente environ 98 bouteilles par personne, par an et équivaut au double de la consommation moyenne en Italie.
La population totale du Vatican est d’environ 800 personnes.
Le conclave de 1939 : une élection éphémère par temps de crise internationale
Pour la première fois, le conclave qui fait suite à la mort de Pie XI en février 1939 parvient à réunir l’ensemble des cardinaux en droit d’y participer, soit 62 électeurs. Dans un contexte de montée des tensions internationales et des périls totalitaires, le choix de la continuité s’impose comme l’évidence : Eugenio Pacelli, secrétaire d’État du pape défunt et diplomate expérimenté, ancien nonce à Munich et à Berlin, est élu pape au bout de 3 tours de scrutin seulement (et encore, selon plusieurs témoignages, deux tours seulement se montrent nécessaires pour obtenir la majorité des deux tiers, mais Pacelli exige lui-même un troisième tour de confirmation, à la suite duquel il est élu à la quasi-unanimité), ce qui fait de ce conclave le plus court de l’histoire. Pie XI lui-même avait implicitement marqué sa préférence pour voir son secrétaire d’État lui succéder.
Le conclave de 1922 : le plus difficile du XXe siècle
Après la mort de Benoît XV, le conclave de 1922 voit se réunir 50 des 63 cardinaux électeurs. L’affrontement entre les libéraux, représentés par le secrétaire d’Etat Pietro Gasparri, et les conservateurs, toujours représentés par Merry del Val, l’ex-secrétaire d’Etat de Pie X, aboutit à un blocage net au 3e jour du conclave et après 8 tours de scrutin. Très progressivement, les modérés des deux camps essayent d’autres noms (comme Fontaine, patriarche de Venise), et finissent par tomber d’accord sur Achille Ratti, l’archevêque de Milan au profil intellectuel et indépendant d’esprit, au bout de 14 tours de scrutin et 5 jours de conclave. Décevant les espérances des conservateurs qui s’étaient reportés sur lui, le nouveau pape Pie XI maintiendra Gasparri comme secrétaire d’État.
Le conclave de 1914 : une fumée blanche au son des canons
Le conclave de 1914 se tient dans un contexte dramatique : la Première Guerre mondiale a éclaté quelques jours seulement avant la mort de Pie X, le 20 août 1914.
Le conclave réunit donc à la fois des cardinaux de l’Entente et de la Triple-Alliance, qui se font la guerre au-dehors, et des neutres. L’élection est de ce fait difficile, avec 10 tours de scrutin qui voient s’opposer trois courants : un continuiste ultra-conservateur, représenté par l’ex-secrétaire d’État Merry del Val, puis le bénédictin Serafini ; un libéral représenté par Piero Maffi, l’archevêque de Pise, et un modéré représenté par Giacomo della Chiesa, l’archevêque de Bologne.
C’est ce dernier candidat de compromis qui l’emporte par 38 voix sur 57, et prend le nom de Benoît XV. Il ne ménagera pas ses efforts en faveur de la paix en Europe, mais ses tentatives de médiation en 1917 échoueront.
Après la fumée noire de ce matin, la place Saint-Pierre est dans l’attente jusqu’à la fin d’après-midi
À moins d’une élection au troisième vote de la journée, qui donnerait une fumée blanche en milieu d’après-midi, la prochaine fumée est attendue pour la fin d’après-midi. D’ici là, restez dans ce direct pour un peu d’histoire des conclaves au XXe siècle que nous distilleront dans les prochaines heures.
Première fumée noire de la journée
Une fumée noire s’est échappée de la cheminée vers 11h50, signifiant qu’au deuxième jour et après trois scrutins les cardinaux ne se sont toujours pas mis d’accord sur un nom. Cet horaire indique toutefois que les votations de ce matin ont été relativement rapides par rapport à la première hier.
Le doyen du Collège cardinalice vient de parler : « j’espère que d’ici ce soir, de retour à Rome, je verrai la fumée blanche. »
Le cardinal Re, qui ne participe pas au conclave en raison de son âge, se trouvait à Pompéi dans la matinée.
Il a pris la parole pour indiquer comment, selon lui, le prochain pape « devra avant tout chercher à renforcer la foi en Dieu dans notre monde, marqué par le progrès technologique, mais où nous avons observé une certaine tendance à ‘oublier Dieu’ sur le plan spirituel ». Il ajoute qu’« il y a un besoin d’un réveil ».
Que lire pendant le conclave ?
Depuis des siècles, l’élection papale nourrit tous les fantasmes.
Pour vous tenir en haleine pendant que les cardinaux délibèrent dans le plus grand secret, nous vous avons proposé une petite sélection non exhaustive en quinze ouvrages de référence — au cas où le conclave venait à se prolonger, l’un d’eux fait 16 tomes.
Le ciel s’éclaircit
Il fait actuellement 18 degrés à Rome. Au-dessus de la ville éternelle, de sombres nuages sont passés ce matin, faisant craindre une pluie — mais le ciel au-dessus de Saint-Pierre semble se dégager.
Les cardinaux vont bientôt se mettre au vote pour le premier scrutin de la matinée.
De quel cardinal êtes-vous le plus proche ?
Le « papomètre » — en bon latin “habeo papam” — est le premier questionnaire qui vous permet de définir en moins de 3 minutes lequel parmi les papabiles et grands électeurs correspond le plus à vos positionnements
Quand verra-t-on la première fumata aujourd’hui ?
Bien que quatre scrutins soient prévus aujourd’hui (deux le matin et deux l’après-midi), seulement deux fumées seront émises depuis la Chapelle Sixtine, l’une aux alentours de midi, l’autre en début de soirée, vers 19 heures.
Évidemment, en cas d’élection du nouveau pape, la fumée blanche pourrait apparaître plus tôt dans la matinée ou dans l’après-midi.
Connaîtra-t-on le nom du pape aujourd’hui ?
Depuis Pie XII, parmi les sept derniers pontifes, quatre ont été élus dès le deuxième jour de conclave :
- Pier XII, le 12 mars 1939, au troisième tour de scrutin
- Jean‑Paul I, le 26 août 1978, au quatrième tour de scrutin
- Benoît XVI, le 19 avril 2005, également au quatrième scrutin
- François, le 13 mars 2013, au cinquième scrutin
Les pronostics de Marie Malzac : Parolin, Aveline ou Prevost
Au moment de l’entrée en conclave, Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, apparaît comme le candidat naturel à la succession de François. Selon certains observateurs, les cardinaux italiens, soutenus par certains cardinaux de la curie, se seraient alignés pour donner une grande partie des votes au numéro deux du Vatican depuis 2013, afin de garantir à la fois une continuité dans les chantiers initiés par le pape argentin, notamment sur la synodalité de l’Église, et arrondir les angles après un pontificat qui a aussi exacerbé certaines tensions au sein du plus petit État du monde.
Inconnu du grand public, le nom du cardinal américain, Robert Francis Prevost, au profil résolument international, est monté au fil des congrégations générales. Né à Chicago d’un père français et d’une mère italienne, il a été nommé en 2023 préfet du Dicastère pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. Si ce profil est revenu à maintes reprises dans la bouche des cardinaux ayant discuté de façon informelle avec les nombreux journalistes réunis à Rome, c’est parce qu’il a su faire le lien, avec adresse, entre la curie et le synode cher au pape François. Considéré comme centriste, il pourrait être une figure de consensus, tout en ayant à cœur de poursuivre le travail engagé par son prédécesseur.
Le voyage du pape François à Marseille en septembre 2023 a révélé au monde — et aux vaticanistes — une figure aux forts accents bergogliens : Jean-Marc Aveline, archevêque de la Cité phocéenne depuis 2019, créé cardinal par François en 2022, discret mais doté d’un réel sens du contact, est aussi un théologien reconnu, réputé pour sa bonne connaissance de l’islam. Il peut être un candidat outsider en l’absence d’un consensus clair autour d’un nom plus connu, car il incarne une posture proche du peuple que beaucoup semblent appeler de leurs vœux pour le successeur de François. Selon certaines indiscrétions vaticanes, son nom est aussi soutenu par un cardinal de poids.C’est le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, qui a confié cela aux journalistes en se rendant à une congrégation générale. Qui seraient ces cardinaux ? Si ce cardinal ne s’est pas avancé, certains noms sont beaucoup revenus dans la presse, comme celui du cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, un homme à la stature reconnue par ses paires, ou encore celui du cardinal Pablo Virgilio David, président de la conférence épiscopale des Philippines et considéré comme un outsider dans cette entrée en conclave.
Aveline, Erdö, Parolin
Qui sont les cardinaux pourraient avoir reçu le plus de votes hier soir ?
Que se passera-t-il dans la matinée ?
Le conclave a commencé depuis un peu plus de 14 heures (vous pouvez découvrir notre minuteur ici.)
Les 133 cardinaux électeurs se sont réveillés à la Résidence Sainte-Marthe. Après les Laudes et un petit-déjeuner, ils prendront un bus pour se rendre à la Chapelle Sixtine, située juste à côté.
Après la première — tardive — « fumée noire » d’hier soir, ils vont revoter à partir de 10h30 ce matin.
Une fumée devrait être visible par les fidèles présents sur place, vers midi.
Nous sommes de retour dans ce direct
Bonjour !
Il fait 13 degrés ce matin à Rome, la journée est ensoleillée, avec quelques nuages passants — il n’y a absolument personne place Saint Pierre pour le moment.
C’est la fin de ce direct pour aujourd’hui
Nous publierons demain matin la suite de nos pronostics avant le premier vote de la journée des cardinaux, à 10h30.
Restez avec nous pour suivre le conclave : pour vous mettre à jour, vous pouvez consulter l’immense mine de données de notre Observatoire et vous abonner à la revue pour ne rien rater de notre couverture de ce conclave historique
Les pronostics de Jean-Louis de la Vaissière : Parolin, Pizzaballa ou Tagle
S’il est très difficile, étant donné la forte proportion de nouveaux cardinaux dont on connaît mal les priorités, d’avancer des pronostics sûrs, il me semble que l’on peut exclure l’élection d’un très conservateur comme le cardinal guinéen Robert Sarah et le cardinal hongrois Peter Erdö, tout comme on peut exclure aussi l’élection d’un très progressiste tel le cardinal du Luxembourg, Jean-Claude Hollerich. Ce sont des personnalités trop clivantes alors que l’Eglise cherche à apparaître unie face aux défis gigantesques qui se dressent devant elle. Dans un Sacré collège très divisé, ils ne pourraient rassembler les 89 voix nécessaires sur 133.
Une des priorités de la majorité resterait, me semble-t-il, en premier lieu un profil pastoral de proximité qui s’intéresse aux périphéries. C’est l’héritage du pape François. Or, une bonne partie des nouveaux cardinaux viennent du sud global et sont sensibles à ce qu’un pontificat ne soit pas trop européo-centré et qu’il comprenne leurs défis spécifiques.
Un certain nombre de cardinaux pourraient ainsi porter leurs voix sur le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, pasteur, ferme sur la doctrine et aussi sur la question des abus, engagé pour les exclus et les migrants, bon connaisseur du Vatican et personnalité assez charismatique.
Une autre priorité est de privilégier un candidat plus « soft » que François, qui sache mieux dialoguer avec des camps différents, à droite et à gauche, et qui consulte plus, tout en restant globalement fidèle à ses priorités : le cardinal Pietro Parolin, ni véritablement progressiste ni conservateur, est ainsi le candidat le plus susceptible de rassembler des voix. Il est apprécié, sérieux, attentif et fin. Il a aussi l’avantage de connaître tout ce que le monde compte de dirigeants politiquement importants. Or, et c’est une autre priorité, il est important que le Saint-Siège fasse entendre sa voix — une voix de sagesse, de justice et de pondération — à une époque où les conflits ne cessent de s’aggraver à une vitesse folle. L’Église a donc besoin d’un pape plus politique, plus diplomate que ne l’était François — un peu à la manière Wojtyla.
Dans le contexte international, un homme assez jeune, d’une grande rigueur et d’un grand courage, est le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa. Son élection pourrait être comme un message de paix de l’Église globale, dans la mesure où cet Italien a su notamment garder contacts avec les juifs et les musulmans depuis le 7 octobre.
On ne peut exclure que le cardinal de Marseille, Jean-Marc Aveline, soit la bonne surprise pour nous Français. Personnalité fine et chaleureuse, c’est un grand connaisseur du dialogue interreligieux, un des défis majeurs du temps. Peut-être serait-il considéré comme un trop proche de François, mais on ne sait jamais.
Quant au cheval de Troie de l’administration Trump qui tenterait de s’imposer, il existe certainement à travers une poignée de cardinaux — mais j’ai du mal à croire à ses chances réelles de succès.
Une fumée qui ne pollue pas
Depuis 2005, les additifs artisanaux de goudron (pour la fumée noire) et paille humide (pour la fumée blanche), peu écologiques, voire présentant des risques sérieux d’enfumage, sont remplacés par des fumigènes colorants activés par un dispositif électronique : aux 50 nuances de gris qui plongeaient souvent la foule de la place Saint-Pierre dans une perplexité considérable, se substituent deux couleurs clairement identifiables. Et pour dissiper toute hésitation restante, la fumée blanche s’accompagne désormais du tintement à toute volée des cloches de Saint-Pierre.
Comme attendu, la première fumée est noire, très noire
Lors du seul vote de ce premier jour de conclave, les cardinaux électeurs ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur un nom à une majorité des deux tiers : c’était attendu.
Mais les noms qui sont ressortis de ce premier tour — et dont nous ne connaîtrons évidemment pas la teneur — leur ont déjà permis d’écarter certaines hypothèses et de distribuer les chances entre les papabili — qu’ils aient été identifiés ou non par les vaticanistes.
Le prochain tour de vote aura lieu demain à 10h30.
Le temps se refroidit alors qu’on attend toujours la première fumée
Il fait actuellement 16 degrés à Rome où plus de 30 000 personnes — même 45 000 selon Vatican News — attendent sur la place Saint Pierre. Les cardinaux sont en conclave depuis un peu plus de 3h.
Les températures devraient baisser alors que la nuit commence lentement à tomber sur Rome.
Iconique cheminée
Les télévisions en continu sont rivées sur la petite cheminée de laquelle devrait bientôt s’échapper la première fumée…
Combien de temps ont duré les derniers conclaves ?
Lors du dernier conclave, qui a vu l’élection de François en 2013, cinq votations avaient été requises pour parvenir à une majorité des deux tiers. Le conclave avait alors duré un peu plus de 24 heures, et s’était terminé le lendemain de son ouverture, à 17h50 (Rome).
L’élection récente ayant nécessité le moins de tours de scrutin est le conclave de 1939, au cours duquel Pie XII a été élu. Un consensus avait alors été trouvé au bout de seulement trois tours en faveur du cardinal Eugenio Pacelli, secrétaire d’Etat de Pie XI, qui à plusieurs reprises avait implicitement désigné Pacelli comme son successeur attendu. La rapidité de la décision vient aussi du contexte dramatique de crise internationale, quelques mois seulement avant la Seconde Guerre mondiale.
L’élection suivante, celle de Jean XXIII en 1958, avait quant à elle nécessité 11 tours, pour s’achever au bout du quatrième jour. Son principal compétiteur aurait été le patriarche des Arméniens catholiques, Grégoire-Pierre XV Agagianian (1895-1971), qui deviendra une des grandes voix du concile Vatican II. Lors de ce conclave, aurait également été papabile sans même être cardinal l’archevêque de Milan Montini, futur Paul VI, et ancien numéro 3 du Saint-Siège sous Pie XII. Depuis, aucun conclave n’a duré plus de 3 jours.
Les portes de la Chapelle Sixtine sont-elles vraiment impénétrables ?
Un brouilleur de communications a été installé au-dessus de la Chapelle.
En effet, le secret est constitutif du conclave : il se décèle dans l’étymologie même de cette assemblée, cum clave signifiant « sous clef ». Chaque cardinal doit prêter serment sur les Évangiles de le respecter absolument pour le vote et les délibérations, sous peine d’excommunication automatique (latae sententiae), la plus lourde peine canonique possible. Il se manifeste au moment où le prélat maître des cérémonies ferme à clef les portes de la chapelle Sixtine, une fois les cardinaux entrés, en prononçant les mots « Extra omnes ! » (« Tout le monde dehors ! »).
Certains assistants des cardinaux au cours du conclave (hôteliers de la Maison Sainte-Marthe, le secrétaire du Collège cardinalice qui est aussi ex officio le secrétaire du conclave, le maître des cérémonies lui-même, etc.) y sont également tenus, quoique non cardinaux-électeurs.
Si les modalités pratiques du conclave ont donc été quelque peu modernisées depuis l’emmurement fondateur du premier conclave de 1274, à Viterbe, l’obligation impérieuse du secret absolu demeure : il a été consacré dans la constitution apostolique Universi Dominici Gregis promulguée par Jean-Paul II en 1996, qui régit encore aujourd’hui le déroulement de l’élection.
Extra omnes !
Diego Giovanni Ravelli, le prélat maître des cérémonies vient de prononcer les mots « Extra omnes ! » (« Tout le monde dehors »).
Les clefs de la chapelle Sixtine ont été fermées.
Le conclave commence.
Une curiosité pour les initiés : le livret du Conclave
Nous partageons avec nos lecteurs le livret qui a accompagné la prière et qui servira de base textuelle pour les derniers moments de la cérémonie d’ouverture du conclave.
Du tango dans la chapelle Sixtine
Les 133 cardinaux électeurs sont en train de prêter serment en prononçant chacun une formule :
Et ego N., Cardinalis N., spondeo, voveo ac iuro (Et manus imponentes super Evangelium, adiungent) Sic me Deus adiuvet et haec Sancta Dei Evangelia, quae manu mea tango.
Ce « tango » n’est donc pas un dernier hommage au pape argentin, mais la première personne du verbe tango (je touche).
« Et moi, N. Cardinal N., je promets, je m’engage et je jure… [en posant la main sur les évangiles] que Dieu me vienne en aide, sur ces saints évangiles que je touche de ma main »
Le conclave est sur le point de commencer dans la Chapelle Sixtine alors que Pietro Parolin, qui préside le conclave, entonne le Veni Creator
Le cardinal Parolin entre en dernier
Les cardinaux font leur entrée dans la chapelle Sixtine
La procession est en ordre inversé : c’est le plus digne ou le plus ancien qui sera le dernier.
De ingressu in conclave et de iure iurando
Les cardinaux sont en train de se rendre en procession à la chapelle Pauline, puis à la chapelle Sixtine, en chantant la litanie des saints et l’hymne du Veni Creator Spiritus.
Sur X aussi, le community manager du Vatican attend la fumée blanche
C’est en décembre 2012 que le souverain pontife publie pour la première fois sur le réseau social Twitter via le compte @pontifex — décliné dans les différentes langues.
À l’époque, Benoît XVI y répond aux questions des internautes qui le sollicitent par le hashtag #askpontifex avant que son successeur ne le reprenne.
Depuis la mort de François, le compte a été renommé Apostolica Sedes Vacans dans l’attente du prochain pape.
Donald Trump et J. D. Vance cherchent à peser sur le conclave
Dans une pièce de doctrine qui a fait le tour du monde — avec une partie du pic de visites localisée au Vatican — l’historien et subtil observateur de l’Église, Alberto Melloni a révélé l’ingérence de la Maison-Blanche dans l’élection du prochain souverain pontife.
« Cette option carolingienne pourrait se définir sous la forme d’un deal : la Maison-Blanche offrira au pontificat une protection — y compris contre ses propres attaques —, un droit de tribune et une amplification, trois choses que le pape François estimait sans intérêt, mais qui pourraient susciter quelque tentation au sein du Collège des cardinaux ».
Ce discret soutien au papabile italien Parolin : le cardinal Re rattrapé par la VAR
Pendant la paix du Christ de la messe pro eligendo papam, le doyen du collège cardinalice, le cardinal Re, a été surpris — même si son micro était coupé à ce moment-là — en train de souhaiter au cardinal Parolin, l’un des favoris pour ce conclave : « auguri… e doppi » (« meilleurs vœux… doublement ! »).
Les sept lieux clefs du conclave
Le conclave est un moment secret qui se déroule entre la Chapelle Sixtine et la Résidence Sainte-Marthe.
- Palais apostolique – Résidence officielle du pape (où François n’a toutefois pas logé, en préférant la sobriété de la Résidence Sainte-Marthe).
- Chapelle Sixtine – Lieu central du conclave, c’est ici qu’ont lieu les votations secrètes et c’est depuis la Chapelle Sixtine que l’on brûle les bulletins en produisant les fumate bianca ou nera.
- Résidence Sainte-Marthe – Logement temporaire des cardinaux durant le conclave, lieu discret mais central dans le processus électoral — pour la plupart du temps les cardinaux effectuent l’itinéraire entre la Chapelle Sixtine et la Résidence Sainte-Marthe en bus.
- Basilique Saint-Pierre – c’est ici que vient d’avoir lieu la Messe pro eligendo papam.
- Place Saint-Pierre – son architecture construit une scène mondiale, le théâtre d’une Église qui s’ouvre et contient le monde.
- Loggia des Bénédictions – c’est depuis cette Loggia de la Basilique que sera annoncé son nom pour la première puis qu’apparaîtra le nouveau pape, dans un moment fort de visibilité planétaire.
- Basilique Sainte-Marie-Majeure – Lieu choisi par François pour sa sépulture, ancrant sa papauté dans une continuité symbolique : c’est ici que le pape avait fait son premier déplacement en 2013 pour honorer la Vierge.
Qu’est-ce qui sera au menu pour le déjeuner des cardinaux ?
Lors du conclave, même la nourriture est réglementée : les cuisiniers et les religieuses préposées au service de la maison Sainte-Marthe sont eux aussi soumis au secret du conclave.
Le régime est tout de même moins sévère que lors du premier conclave, en 1274, lorsque les cardinaux avaient été soumis au pain sec et à l’eau par les habitants de Viterbe, qui voulaient les forcer à se décider, la vacance durant alors plus de deux ans…
Par la suite, la limite d’un seul repas par jour au bout de trois jours de conclave a été fixée, de même qu’un retour au pain et à l’eau si aucun pape n’est élu après huit jours, une règle longtemps en vigueur.
Au XIVe siècle, Clément VI a assoupli ce régime, en permettant aux cardinaux un repas complet (entrée, plat et dessert), mais frugal.
L’idée est de fournir à ces hommes âgés une nourriture roborative sans être pesante : légumes cuits à l’eau, spécialités d’Italie centrale comme les spaghetti ou les arrosticini (brochettes d’agneau), etc. Historiquement, on évitait les tourtes ou les raviolis, de crainte d’avoir des messages cachés dans la nourriture… De l’avis de plusieurs cardinaux d’expérience, on ne tient pas un conclave pour ses qualités gastronomiques.
C’est la première fois depuis 179 ans (1846) que l’archevêque de Paris ne participera pas au conclave
Parmi les papabili, on trouve néanmoins un Français, le cardinal Aveline — en bonne position, sa carrière essentiellement ancrée à Marseille pourrait constituer une limite à sa candidature. Découvrez ici son portrait et son positionnement politique par rapport aux autres cardinaux électeurs
Se tromper de pape : la bévue des félicitations à Scola en 2013
La Conférence épiscopale italienne (CEI) a commis un impair mémorable à la fin du conclave de 2013 : alors que le cardinal Tauran avait déjà annoncé que Jorge Mario Bergoglio avait été élu pape, elle a envoyé officiellement un télégramme de félicitations… au cardinal italien Angelo Scola, archevêque de Milan et alors l’un des principaux papabiles conservateurs !
Il est vrai que Scola, grand théologien et pasteur du deuxième diocèse le plus important au monde, faisait figure d’héritier intellectuel de Benoît XVI, et que nombre de vaticanistes l’imaginaient déjà sur la chaire de saint Pierre. Selon toute vraisemblance, les voix des cardinaux conservateurs se sont en fait divisées entre Angelo Scola et le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, peu ou prou de la même sensibilité ; c’est cette division qui aurait permis l’élection de l’outsider du camp progressiste — et principal compétiteur de Ratzinger en 2005 — Bergoglio. Les relations de ce dernier avec les évêques italiens ont d’ailleurs été émaillées de quelques tensions… Les deux précédents présidents de la CEI, les cardinaux Ruini et Bagnasco, étaient sur une ligne conservatrice très peu bergoglienne. La CEI est aujourd’hui présidée par un papabile, le très bergoglien cardinal Zuppi, proche de la communauté Sant’Egidio. C’est la seule conférence épiscopale au monde dont le pape, en tant que primat d’Italie, choisit directement le président, même si François a en 2017 restreint ce choix à l’un des trois noms arrivés en tête lors d’un scrutin préparatoire préalable.
Le cardinal Re demande aux cardinaux électeurs de « Maintenir l’unité de l’Église »
Pendant la messe Pro Eligendo Papam, le doyen du Collège cardinalice — qui, à 91 ans, ne participera pas au Conclave — a rappelé « les devoirs de chaque successeur de Pierre », en insistant sur la nécessité pour le prochain pape de « maintenir l’unité de l’Église ».
Quand verra-t-on la première fumée (à moins d’énorme surprise noire) ?
Un seul vote aura lieu aujourd’hui, dans l’après-midi. La première fumée — qui, à moins d’une immense surprise, ne sera pas blanche — est attendue pour 19h.
La première votation du conclave est surtout l’occasion de peser les différentes candidatures — une élection dès le premier vote paraît largement impossible, les conditions d’une majorité des deux tiers pour un candidat ne semblent pas réunies. Après ce premier scrutin, si l’on se fie aux estimations des conclaves précédents, une dizaine de noms sont capables d’agréger plus de deux voix. Les cardinaux seront bien sûr orientés par le choix de leurs collègues, et verront qui est en tête. Des désistements — parfois même de papabiles médiatiques — pourraient avoir lieu dès ce premier scrutin, qui pourrait ainsi dégonfler certaines baudruches.
Pourtant, le cardinal Filoni, figure clef de grand électeur qui pourrait faire partie des papabili, a déclaré à la presse italienne qui lui posait la question de savoir si le nom du pape aurait été trouvé avant le 7 mai : « Ce la faremo » (« Nous parviendrons à savoir quel sera le nom. »)
Une source vaticane nous conseille de lire cette déclaration étonnante comme suit : « Il y a aujourd’hui trois camps : Erdo, Aveline et Parolin. Il semble que les soutiens d’Erdo soient prêts à converger, contrairement à ceux d’Aveline et de Parolin. Cette première votation permettra de comprendre si ces deux candidatures sont réellement soutenues par le Collège ». La décision sera donc remise au lendemain, en fonction de la force des différentes candidatures : « Dans l’après-midi du 8, il faudra prendre une décision : soit se rendre, soit camper sur ses positions. Et le 9, se posera de nouveau ce choix : céder ou s’entêter ».
La durée du conclave : un indice pour deviner le prochain pape ?
Au siècle dernier, la durée du conclave a eu une tendance nette à raccourcir par rapport aux époques précédentes.
D’environ 3 mois au XVIIIe siècle, et encore 24 jours au XIXe, les conclaves n’ont plus duré que 4 jours en moyenne au XXe siècle, avec, là encore, une durée plus courte au fil du temps : encore 4 jours pour élire Jean XXIII en 1958, mais seulement 3 pour Paul VI en 1963 et Jean-Paul II en 1978, alors que l’élection de ce dernier pape avait été considérée comme difficile, avec un blocage entre progressistes et conservateurs.
Au XXIe siècle, Benoît XVI en 2005 et François en 2013 n’ont été élus qu’après 2 jours — Benoît XVI en un scrutin de moins que François — ce qui a installé l’idée d’une nouvelle norme : si, vendredi soir prochain, la fumée qui sort de la cheminée de la Chapelle Sixtine est toujours noire, cela signifiera que le futur pape est plus mal élu que ses deux prédécesseurs, ce qui pourrait occasionner des contestations futures.
De l’avis de nombre d’observateurs, les cardinaux ont ainsi intérêt à ne pas voir le conclave s’éterniser, sous peine de saper, nolens volens, la légitimité de celui qu’ils choisiront. En même temps, un conclave court est une gageure, car les cardinaux se connaissent très peu et sont plus que jamais émiettés. C’est ce qui rend l’issue de ce conclave bien plus incertaine que lors des précédents.
Qu’est-ce que la messe pro eligendo papam ?
Elle a lieu ce matin, jour d’ouverture du conclave, dans la basilique Saint-Pierre, présidée par le cardinal-doyen Giovanni Battista Re et concélébrée par tous les cardinaux : cérémonie liturgique — une messe votive du Saint-Esprit, aux ornements liturgiques rouges — elle rappelle la forte dimension sacrale de l’élection du pape ; les cardinaux y invoquent l’Esprit Saint pour qu’il descende sur eux et éclaire leur choix, et prient pour l’Église.
Après la messe, les cardinaux électeurs se rendent en procession à la chapelle Pauline du Palais Apostolique (chapelle privée du souverain pontife, fermée au public), puis à la chapelle Sixtine, en chantant la litanie des saints et l’hymne du Veni Creator Spiritus, hymne grégorienne du IXe siècle.
Tous les conclaves se sont déroulés dans la chapelle Sixtine depuis 1878. Auparavant, les premiers conclaves du XIXe siècle ont eu lieu dans la chapelle Pauline du Palais du Quirinal, alors résidence d’été du pape, monarque des États de l’Église, et depuis 1946 résidence officielle du président de la République italienne. Depuis la constitution Universi Dominici Gregis de Jean-Paul II, le conclave doit obligatoirement se tenir dans la chapelle Sixtine.
Quel est le programme de la journée ?
133 cardinaux électeurs sont réunis à Saint-Pierre depuis environ une heure pour la messe pro eligendo papam.
Après la messe, les cardinaux électeurs se rendent en procession à la chapelle Pauline, puis à la chapelle Sixtine, en chantant la litanie des saints et l’hymne du Veni Creator.
Vers 16h30, les cardinaux prêteront serment sur les Évangiles et le maître des célébrations, Mgr Diego Ravelli, prononcera le fameux « Extra omnes » (« Tout le monde dehors ! »).
Dans le secret de la chapelle Sixtine commencera le conclave.
La surveillance de son bon déroulement sera assurée sous la supervision du Camerlingue, le cardinal Kevin Farrell, assisté de trois cardinaux assistants pro tempore.
Pour comprendre les sept étapes qui conduiront à l’Habemus Papam, retrouvez la page dédiée sur notre Observatoire du conclave.
Bonjour et bienvenue dans ce direct — nous avons résisté à la tentation persistante de l’appeler conclive
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