Les Australiens votent aujourd’hui, samedi 3 mai, pour élire 150 députés et 40 sénateurs, soit la totalité de la chambre basse et un peu plus de la moitié de la chambre haute du parlement. Les sondages donnent une légère avance au Parti travailliste de l’actuel Premier ministre Anthony Albanese, avec environ 34 % des voix contre 32 % pour la Coalition libérale-nationale de Peter Dutton.
- Le système électoral pour les élections à la Chambre des représentants (appelé « vote alternatif ») est peu utilisé en-dehors de l’Australie : chaque électeur doit classer tous les candidats, et le scrutin donne lieu à un second tour instantané en éliminant progressivement les derniers classés jusqu’à atteindre une majorité absolue par circonscription.
- De ce fait, même si les deux partis en tête sont très proches en intentions de voix, les sondages actuels pour le second tour instantané donnent environ 54 % des députés de la Chambre aux Travaillistes.
- En ce qui concerne le Sénat, le scrutin est également très spécifique, mais proportionnel, ce qui aboutit généralement à une chambre parlementaire sans majorité.
Jusqu’au début de l’année, la Coalition libérale-nationale était donnée gagnante, caracolant à plus de 40 % des intentions de voix et captant le mécontentement populaire face à la hausse des prix, notamment des logements, et la faible croissance. Son leader, Peter Dutton, n’est pas très apprécié pour autant, considéré comme peu charismatique et accusé d’avoir sévèrement réprimé des manifestations lorsque son parti était au pouvoir ainsi que de tenir des propos climatosceptiques.
- En face, le leadership d’Albanese face à Trump semble avoir payé : le Premier ministre australien a déclaré « défendre les intérêts nationaux » de son pays contre les droits de douane, et n’a pas hésité à entamer un rapprochement avec ses partenaires asiatiques ces derniers mois tout en ralliant les Occidentaux dans le soutien à l’Ukraine.
- Selon un sondage du Lowy Institute, 41 % des Australiens considèrent qu’Albanese serait plus compétent pour gérer la politique étrangère de Canberra, contre 29 % pour Dutton.
- La part d’Australiens déclarant faire confiance aux États-Unis pour « agir de manière responsable dans le monde » a quant à elle chuté de 20 points entre 2024 et 2025, passant de 56 à 36 % 1.
- L’inversion de la tendance électorale à l’œuvre en Australie en faveur des Travaillistes est similaire à la situation politique canadienne, où les menaces d’annexion répétées de Trump depuis le 20 janvier ont conduit à un ralliement des électeurs autour du Parti libéral et de Mark Carney.
- Si l’Australie a été relativement épargnée par les menaces de Trump, le retour du président républicain à la Maison-Blanche ainsi que son rejet des alliances ont renforcé le rôle — traditionnellement secondaire — que joue la politique étrangère lors des élections.
En saluant Trump comme étant un « grand penseur » ainsi qu’un « dealmaker », tandis que son alliée Jacinta Price a déclaré vouloir « Make Australia Great Again » (Rendre l’Australie Grande à Nouveau), Dutton s’est aliéné une partie de l’électorat susceptible de voter pour son parti. Mercredi 30 avril, le média d’investigation Centre for Climate Reporting a révélé que la campagne de Dutton avait été conseillée par Chris LaCivita, co-directeur de la campagne de Trump de 2024 2.
Sources
- Ryan Neelam, Lowy Institute Poll 2025 Preview, 16 avril 2025.
- Louis Wilson et Lawrence Carter, « Trump’s campaign chief claimed he secretly advised Australian Liberal Party ahead of general election », Centre for Climate Reporting, 30 avril 2025.