Le salon de l’automobile de Shanghai, qui se tient tous les deux ans, est le principal événement du marché automobile asiatique. Si des constructeurs du monde entier y présenteront leurs nouveaux modèles, toute l’attention sera portée sur les marques chinoises.
- C’est notamment en 2019 que le constructeur XPeng, basé à Guangzhou, a dévoilé à Shanghai pour la première fois son modèle P7, une berline électrique dont la dernière version lancée en novembre dernier est présentée comme le « premier véhicule défini par l’IA au monde ».
- Selon XPeng, la P7+ est la première voiture intégrant un système d’aide à la conduite (ADAS) alimenté par l’IA — et ce sans frais supplémentaires, contrairement aux voitures de Tesla notamment.
Les constructeurs chinois considèrent la conduite autonome comme la prochaine grande frontière de l’automobile. En l’attente de l’autorisation pour la mise en circulation de voitures dépassant le « niveau 2 » de l’ADAS — à savoir la possibilité pour le conducteur de ne plus avoir les mains sur le volant et les yeux sur la route — les marques continuent d’innover.
- Ainsi, le SUV hybride U8 de la marque Yangwang, une filiale de BYD, propose une fonctionnalité permettant à la voiture de pivoter sur place jusqu’à 360° et également la possibilité de flotter sur l’eau « en cas d’urgence ».
- En mars, le géant BYD a annoncé une nouvelle gamme de voitures capables d’effectuer une charge complète en seulement 5 minutes pour 400 km d’autonomie, avec un prix d’entrée affiché à seulement 37 000 $ — soit une vitesse 4,5 fois plus rapide que celle proposée par Tesla.
- Lundi 21 avril, CATL, le plus grand fabricant mondial de batteries pour véhicules électriques, est allé encore plus loin en dévoilant une nouvelle batterie (Shenxing) capable d’obtenir une autonomie de 520 km au cours de la même durée (près de 6 fois plus rapide que Tesla).
- Renversement important de dynamique, les entreprises européennes qui dominent encore une part importante du marché global de l’automobile (Volkswagen, Mercedes, BMW, Stellantis…) signent aujourd’hui des accords avec des marques chinoises afin de bénéficier d’un transfert d’expertise et technologie 1.
- Dans un « plan d’action » pour l’industrie automobile publié le 5 mars, la Commission considère d’ailleurs que l’accès aux entreprises étrangères au marché européen pourrait être conditionné à la mise en place de joint-ventures avec des entreprises européennes, ou des transferts de technologie et de propriété intellectuelle 2.
Alors que la demande de véhicules stagne en Europe, les constructeurs européens perdent des parts de marché en Chine, à cause notamment du retard dans le développement de l’électrique (et de l’intégration digitale) mais aussi de l’absence d’un modèle d’intégration verticale, qui permet aux géants chinois comme BYD de produire à moindres coûts.
L’Allemagne, dont la réussite économique de ces dernières décennies repose en partie sur ses exportations automobiles vers le marché chinois, envoie désormais des centaines d’ingénieurs par an dans les usines chinoises afin qu’ils bénéficient de l’expertise de leurs homologues. En juillet 2023, Volkswagen a acquis une participation de 5 % dans le capital du constructeur Xpeng pour un montant de 700 millions de dollars.
Sources
- Kana Inagaki, Edward White et Patricia Nilsson, « Europe helped teach China to make cars. Now the tables are turning », Financial Times, 16 avril 2025.
- Industrial Action Plan for the European automotive sector,Commission européenne, 5 mars 2025.