Faute de pression américaine suffisante, la Russie continue de frapper des cibles civiles en Ukraine

Au cours du week-end, la Russie a frappé à plusieurs reprises des infrastructures civiles avec des missiles et drones longue portée, provoquant la mort de plusieurs dizaines de personnes. 

• Vendredi 4 avril, dans la soirée, un missile balistique Iskander-M s’écrasait sur un terrain de jeu pour enfants dans une zone résidentielle de Kryvyï Rih, à une centaine de kilomètres du front, tuant 19 personnes dont plusieurs enfants et provoquant plus de 70 blessés.
• Hier, dimanche 7 avril, des tirs de barrages de drones et de missiles ont tué une personne à Kiev et blessé sept. Des incendies ont été signalés dans au moins trois quartiers de la capitale.
• Interrogé sur les frappes contre Kryvyï Rih, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré aujourd’hui, lundi 7 avril, que l’armée russe « a frappé exclusivement des cibles militaires et quasi-militaires », ajoutant « qu’aucune frappe n’est effectuée sur des cibles civiles, sur des infrastructures civiles » ¹.

Depuis le début de l’année 2025, la Russie tire environ 120 missiles et drones par jour sur l’Ukraine. Si la plupart sont lancés depuis le territoire russe (oblasts de Briansk, Saratov, Koursk, Rostov…), Moscou a également envoyé dimanche 6 avril plusieurs missiles depuis une frégate et un sous-marin positionnés en mer Noire. La Russie avait vraisemblablement accepté en principe le mois dernier une proposition américaine de cessez-le-feu en mer avant d’exiger, pour acter sa mise en œuvre, une levée de sanctions occidentales pesant sur des institutions financières russes.

Depuis, l’administration Trump n’a pas annoncé d’avancées sur les négociations de cessez-le-feu.

• Hier, Donald Trump a déclaré : « Nous sommes en discussion avec la Russie, nous aimerions qu’ils arrêtent, je n’aime pas les bombardements ». Si le secrétaire d’État Marco Rubio a signalé que Washington perdait patience avec les « discussions sur les discussions », l’administration Trump n’a pas signalé être prête à exercer davantage de pression directe sur la Russie.
• La semaine dernière, le président américain a exclu la Russie de la liste des pays visés par des tarifs réciproques, la porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt ayant déclaré que Moscou n’était pas concerné par ces nouveaux tarifs car les sanctions américaines « empêchent déjà tout commerce significatif ».
• Le Kremlin continue de jouer la montre en faisant miroiter à l’administration Trump des progrès dans les négociations. C’est notamment le rôle de Kirill Dmitriev, le négociateur de Poutine qui a déclaré dimanche 6 que de nouveaux contacts entre Américains et Russes étaient attendus dès cette semaine.

Bien que les infrastructures civiles ne soient pas comprises dans la « liste » des cibles considérées comme hors d’atteinte dans le cadre du cessez-le-feu du 25 mars, Washington espérait que cet accord partiel sur les infrastructures énergétiques permette de déboucher sur un arrêt total des combats. Alors que les missiles russes continuent de s’abattre quotidiennement sur l’Ukraine, la perspective d’un cessez-le-feu total d’ici le 20 avril — souhaité par Trump — semble inatteignable.