L’opposition démocrate aux actions de l’administration Trump a été largement inaudible depuis l’investiture du président américain, le 20 janvier dernier. Sans majorité au Congrès ni de figure de ralliement faisant l’unanimité parmi l’électorat, le Parti fait depuis plusieurs semaines l’objet de luttes intestines entre une arrière-garde se présentant comme modérée, désireuse de travailler avec le GOP sur certains sujets, et une nouvelle génération aspirant à une posture plus combative.

Le premier grand mouvement d’opposition à Trump, « Hands Off ! », qui organise aujourd’hui plus de 1 100 rallys et événements à travers les États-Unis, espère rassembler certaines de ces figures montantes — d’Alexandria Ocasio-Cortez à Pete Buttigieg — pour mobiliser la base démocrate, un an et demi avant les élections de mi-mandat.

  • Le mouvement dénonce la « prise de pouvoir la plus éhontée de l’histoire moderne » américaine ainsi qu’un « assaut total contre notre gouvernement, notre économie et nos droits fondamentaux » orchestré par Trump, Elon Musk « et leurs acolytes milliardaires avec l’aide du Congrès ».
  • En moins de trois mois, plus de 120 000 fonctionnaires fédéraux ont été licenciés sous l’impulsion du DOGE dirigé par Musk et Trump a ouvertement défié l’autorité du Congrès en décidant de retenir le déboursement de fonds alloués par la branche législative à certains programmes et agences — ce qui est contraire à la loi.
  • Les nombreuses actions entreprises par l’administration républicaine depuis le 20 janvier, parmi lesquelles beaucoup sont a minima perçues comme controversées, ont fait l’objet au 4 avril de 166 recours devant les tribunaux — soit plus de 2 par jour depuis l’investiture.

Les organisateurs du mouvement Hands Off ! revendiquaient le 3 avril être en mesure de rassembler 400 000 personnes dans les 50 États du pays 1. À Washington D.C., l’annonce d’une manifestation a contraint la première dame, Melania Trump, à reporter des visites des jardins de la Maison-Blanche initialement prévues le 5 avril 2. Si le président n’a pour l’heure pas communiqué sur le mouvement, celui-ci avait envisagé lors de son premier mandat de faire appel à l’armée pour réprimer des manifestations.

  • L’Insurrection Act de 1807 permet au président américain de déployer la garde nationale ou les forces armées contre la population américaine en cas de « troubles civils ». La loi a été invoquée pour la dernière fois en 1992 afin de réprimer les émeutes de Los Angeles.
  • Le premier jour de son mandat, Trump a ordonné aux secrétaires à la Défense et à la Sécurité nationale, Pete Hegseth et Kristi Noem, de remettre sous 90 jours un rapport contenant des recommandations sur « les mesures supplémentaires qui pourraient être nécessaires pour obtenir le contrôle opérationnel complet de la frontière sud, y compris la question de savoir s’il convient d’invoquer l’Insurrection Act de 1807 » 3.
  • Si Trump n’a, depuis le 20 janvier, pas évoqué l’utilisation de cette loi pour réprimer des manifestations, il avait dirigé son Procureur général, son secrétaire à la Défense et son chef d’état-major des armées de déployer des milliers de soldats dans les rues de la capitale lors de son premier mandat, en juin 2020, suite aux manifestations demandant justice pour George Floyd, tué par un policier un mois plus tôt 4.

Si les organisateurs de Hands Off ! revendiquent vouloir mener des actions non-violentes, le dédain par Trump pour toute forme de contre-pouvoir pourrait l’inciter à chercher à étouffer toute contestation s’il venait à percevoir ces mouvements d’opposition comme une menace. Dans l’entourage de Trump, plusieurs voix — notamment Elon Musk ou Charlie Kirk — cherchent à présenter le Parti démocrate comme le camp de « la violence et de la haine ».

Sources
  1. Publication d’Indivisible Guide, Facebook, 3 avril 2025.
  2. April Rubin, « Protests force rescheduling of Saturday White House tours », Axios, 3 avril 2025.
  3. DECLARING A NATIONAL EMERGENCY AT THE SOUTHERN BORDER OF THE UNITED STATES, Maison-Blanche, 20 janvier 2025.
  4. Michael S. Schmidt et Maggie Haberman, « Trump Aides Prepared Insurrection Act Order During Debate Over Protests », The New York Times, 25 juin 2021.